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Liberté - Page 1521

  • Simone Weil, cendre et lumière

    Il y a les livres qui vous informent, ceux qui vous forment, ceux qui vous façonnent, et ceux, tellement plus rares, dont la braise, au-dedans de vous, demeure. Pour ma part, de nombreux poètes, à commencer par Rimbaud. En une dame, une petite dame toute frêle emportée à 34 ans par la tuberculose, Simone Weil.

     

    Chaleur, lumière, vigilance au profond de l’obscur, état de veille, verticale tension de l’esprit, je crois qu’on peut dire tétanisation. Et ce livre, donc, parmi les autres mais au-delà des autres, « La Pesanteur et la Grâce ». A lire, à dévorer, à caresser des yeux et de l’esprit, à embrasser de joie. A s’y agripper, parfois, aussi, de désespérance, tant le doute s’y mêle à la foi, le présent à l’absence, le vide à la plénitude. Un livre sur Dieu ou sur l’absence de Dieu, je n’ai jamais su.

     

    Bachelière à 15 ans, agrégée de philosophie à 22, ouvrière volontaire en usine, née juive pour mourir chrétienne, sauvage rétive à l’institution ecclésiale, Simone Weil aurait eu cent ans aujourd’hui. A ceux qui ne l’ont pas lue, je dis : « Lisez la Pesanteur et la Grâce », j’ai presque envie d’ajouter : « S’il vous plaît ».

     

    Philosophe ? Oui, bien sûr. Mais allégée du poids de la démonstration. Poète ? Par l’éclat de certaines formules, le choc des contraires. Philosophe et poète, au fond, à l’image des présocratiques. « De même, écrit-elle justement dans la Pesanteur et la Grâce, il faut aimer beaucoup la vie pour aimer encore davantage la mort ».

     

    Simone Weil, vous êtes là. Vous nous accompagnez.

     

     

    Pascal Décaillet

     

  • Terras, semper Terras !

    Catholique, attaché à mon Eglise et à son unité, c’est avec nausée que j’accueille les propos de M. Williamson sur les chambres à gaz, je l’ai écrit, je le répète. L’antisémitisme est quelque chose d’insupportable, il n’y rien d’autre à dire.

     

    Cela posé, juste un mot sur la désespérance de certains carnets d’adresses. On leur dit Rome, ils pointent Terras. On leur dit Pape, ils ciblent Terras. Automatisme des Temps modernes, le génie de Charlot en moins. Terras, ou alors Hans Küng, toujours les mêmes, semper eadem !

     

    Rédacteur en chef de la revue « Golias », Christian Terras n’est pas en cause. Il a bien raison de répondre, si on l’appelle. Mais ceux qui le sollicitent, lui, toujours lui (ou alors Hans Küng), dès que Rome s’offre aux ressentiments ! Schéma sagittal de maths moderne, A a pour image B, donc Pape = Terras, et les méninges, faute de les creuser, on les ménage, bien pépères, dans les lobes et les limbes.

     

    Alors, va pour Terras, va pour Hans Küng, va pour les flèches du schéma. Quand la curiosité se dissout dans la géométrie descriptive, il nous restera toujours, pour réinventer le monde, la mer de Valéry. Toujours recommencée.

     

    Pascal Décaillet

  • Un calendrier électoral n’est pas un bilboquet

    Décision unique dans l’histoire de la Suisse moderne, le Conseil fédéral vient de reporter au 27 septembre la votation sur la hausse de la TVA pour financer l’AI, qui devait se dérouler le 17 mai.

     

    Les raisons données pour expliquer ce report (laisser au Parlement la possibilité de modifier le projet) ne tiennent tout simplement pas la route. Il y a d’autres motifs, de nature beaucoup plus politicienne, et qui pourraient être liés au destin personnel du conseiller fédéral chargé du dossier.

     

    Surtout, du côté de Genève, le corps électoral peut légitimement commencer à trouver qu’on joue avec ses nerfs. Report, sur décision judiciaire, cet automne, d’un vote important sur l’avenir du Cycle d’Orientation. Tentative (échouée, cette fois) de report du scrutin sur le vote électronique. Et là, au niveau fédéral, report, pour pures raisons de convenance, d’une votation capitale sur l’avenir de nos assurances sociales.

     

    Un calendrier électoral, ça n’est pas un bilboquet avec qui tout le monde peut jouer. C’est un pacte républicain, un grand rendez-vous fixé largement à l’avance, pour permettre le temps du débat, celui de la cristallisation des idées, de la maturation d’une décision par tout un peuple. Un tel calendrier, on ne peut le modifier qu’en cas de raison majeure. Tout autre cas de figure constitue une légèreté avec le souverain, donc un déni de démocratie.

     

    Pascal Décaillet