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T’es Latin, coco ?

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Série "Dis Papa, c'est encore loin, le 16 septembre?" - Dimanche 21.06.09 - 09.15h

Ils n’ont plus que ce mot-là : « Latin ». Ils ne disent pas « Romand », mais « Latin ». Ils pourraient ajouter « noiraud », « sémillant », « conduisant vite, à l’instinct », « adepte du tango », « amant jaloux ». Tout cela, condensé en un mot : « Latin ».

Voilà donc, l’espace d’une vacance, la Suisse coupée en deux : les Teutons et les Latins. On voudrait la belgiciser (avec l’éclatant succès qu’on sait), on ne s’y prendrait pas autrement. Le procès qu’on vient d’intenter au Singinois Schwaller, procès en non-latinité, n’est pas loin de rappeler les très riches heures de l’Inquisition contre les sorcières, voire certaines quêtes de « certificat » des années noires.

À lire la presse orangée dominicale, ce matin, c’est le délire. Ils montent tous au créneau, le poignard ethnique entre les dents. Oh, que les deux meilleurs candidats se trouvent être des Latins, je n’en disconviens pas, ayant déjà esquissé le vivifiant intérêt d’une finale de chefs, en septembre, la finale de rêve entre Fulvio Pelli et Christophe Darbellay. Mais enfin, ça n’est en aucun cas parce qu’ils sont Latins. J’évite, en principe, de pratiquer la prise de sang avant de délivrer une appréciation sur la valeur d’un politique.

Dès lors, lorsque tous les cadres d’un groupe de presse romand en viennent à plaider à l’unisson, et avec quelle fureur, pour qu’un fils de la Louve, et nul autre, ethniquement attesté, remplace aux affaires l’Imperator d’Octodure, on viendrait presque à se demander si le rachat récent de leur groupe par les Zurichois n’aurait pas provoqué en eux comme un surmoi d’urticaire. Mais cette question, nous ne la poserons pas. Nous la laisserons juste flotter, au fil de l’eau. Comme portée par une voile latine. Dans la douceur de sa dérive.

Pascal Décaillet

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