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Liberté - Page 1503

  • Elections à Neuchâtel : le temps des cerises

    Sur le vif - Dimanche 26.04.09 - 18.30h

    Fulvio Pelli, le président du parti libéral-radical suisse, est, depuis cet après-midi, un homme heureux. Avec trois membres de ce parti, sur cinq élus au Conseil d’Etat neuchâtelois, revoilà, ne serait-ce que l’espace d’un printemps, le mirage des belles années, celles où le grand vieux parti régnait en maître sur le pays. Après les années difficiles, après la mauvaise performance aux élections fédérales d’octobre 2007, le temps des cerises serait-il de retour ? Franchement, malgré l’éclat des apparences, il serait bien prématuré de l’affirmer.

    Les faits, d’abord. Aujourd'hui à Neuchâtel, la droite a reconquis la majorité au gouvernement. Il devra vive en cohabitation avec un parlement de gauche. Sont élus deux socialistes : Jean Studer (33.279 voix), ancien candidat au Conseil fédéral et véritable homme fort du canton, et Gisèle Ory (32.819), conseillère aux Etats. Puis, trois libéraux-radicaux : Frédéric Hainard (29.546), Claude Nicati (28.701), et Philippe Gnaegi (28.440). Un vrai gouvernement radical-socialiste, « radsoc », digne des très riches heures de la Troisième République française ! Une authentique composition de la belle époque, celle où l’UDC mangeait les pâquerettes et où les Verts, faute d’annoncer l’Apocalypse, n’avaient pas encore vécu leur Genèse.

    Les Verts : parlons-en ! Il doit l’être, Ueli Leuenberger, le très climatique président national du parti, conquistador en herbe du premier siège, un jour, au Conseil fédéral. Oui, il doit être, cet homme aussi aimable qu’avide d’expansion, vert de rage. Contre Fernand Cuche, conseiller d’Etat sortant de son parti, ex-icône de « la politique autrement », la politique plus douce, la politique par homéopathie, la politique à temps partiel. « La pluie est toujours bonne, vient de déclarer, non sans humour, cet homme affable et sympathique, parce qu’elle participe à la vie ». Belle prise de congé, d’un être attachant, mais qui ne parviendra pas à masquer l’ampleur d’un échec. Celui des Verts, pourtant bien placés au parlement. Mais surtout celui de l’homme. Qui déclare, désormais, vouloir retourner, au sens propre, sur ses terres.

    Au gouvernement, donc, des libéraux-radicaux, des socialistes. Punkt, Schluss. Les deux grandes forces, au fond, qui ont fait ce canton, lui ont donné ses plus grands hommes, un grand nombre de conseiller fédéraux. Comme si Neuchâtel s’en retournait à quelques fondamentaux historiques et philosophiques. A l’axe antagoniste, dialectique, qui a construit sa pensée et sa pratique politiques. Reste à voir comment ce Conseil d’Etat de droite vivra avec un parlement de gauche. A l’heure de la crise économique où des décisions fort douloureuses, hélas, ne manqueront pas d’être prises.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Adieu, les hommes

    Tribune de Genève - Jeudi 23.04.09

     

    Vous êtes un homme ? Vous caressez l’intime espoir, un jour, de laisser votre nom à une école ? Alors, une seule recette : foncez vers la clinique la plus proche. Et changez de sexe. Juste un petit moment un peu douloureux. Vous y perdrez quelques attributs. Vous y gagnerez une épithète. Tout là-haut. Sur le frontispice.

    Oh, je sais, ces quelques lignes feront pleurer Amelia Christinat : que de larmes l’ignominie de mes syllabes n’a-t-elle pas fait rouler, en tant d’années, sur la noble candeur de ses joues. Alors, d’emblée, pardon ! Pardon, Ella Maillart, pardon Emilie Gourd, pardon Alice Rivaz. Pardon aussi, ma bonne Germaine, fille de Necker. Pardon de m’en prendre à vous, filles du vent, filles du sable, icônes du temps.

    Car non seulement le DIP ne donne plus qu’à des femmes les noms de ses écoles, mais il s’en fait une religion. Dans un communiqué, hier, il déclare appliquer, en bon soldat, « la volonté du Conseil d’Etat de donner aux femmes pionnières une visibilité accrue ».

    Alors, va pour le temps, va pour le monde. Adieu cochons, couvées, adieu mon Charles-Albert, adieu poètes, artistes, nés sous le ciel genevois, ayant promené vos âmes dans la beauté du monde. Mais charriant à jamais la pire des malédictions, noire comme la terre vengeresse : celle d’être un homme.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Suisse-Iran : l’Histoire jugera

    Hier soir, à l’Intercontinental de Genève, le président de la Confédération, Hans-Rudolf Merz, un homme qui incarne beaucoup des valeurs de notre pays (la mesure, la compétence, la force de la raison en politique, la tolérance) a donc rencontré le numéro un iranien, Mahmoud Ahmadinejad, l’homme qui veut détruire Israël et qui nie la Shoah.

    Dans cette rencontre, on a parlé énergie. C’est vrai, quand on est un tout petit pays, faut vivre, comme chantait Mouloudji. Ben oui, faut vivre, faut bien vivre, faut bien aller chercher l’énergie là où elle est. A cela, rien à dire.

    Soucieux de ne pas passer pour un simple commis-voyageur des intérêts économiques, Monsieur Merz précise, dans le communiqué, que la question des droits de l’homme en Iran a été abordée. Peines corporelles, lapidations, exécutions de mineurs. On en prend acte avec intérêt.

    Mais j’ai beau chercher, lire et relire le communiqué, il y a quelque chose qui manque. Rien sur les propos de M. Ahmadinejad concernant la destruction de l’Etat d’Israël. Rien sur la négation de la Shoah. En clair, rien sur le pire du pire, rien sur l’essentiel. En plus clair encore, il y a des choses que le premier des Suisses n’a tout simplement pas osé aborder.

    Vivre, bien sûr, vivre. Tenter de survivre. La Suisse, dans son Histoire, n’a jamais rien fait d’autre. Fallait-il, hier soir, privilégier cette option au détriment de l’honneur ? Monsieur Merz a choisi. L’Histoire jugera.

     

    Pascal Décaillet