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Liberté - Page 1502

  • Habeas Corpus

    Tribune de Genève - Lundi 04.05.09


    Vous avez dit « fazyste » ? Ah, bon, j’avais cru comprendre autre chose. Un truc tout proche, à l’oreille. Faut dire qu’ils nous y poussent pas mal, ces temps, les radicaux genevois, dans le registre de la boussole hallucinée comme cigale en extase, de la pâture en herbes grasses dans le pré du voisin. Qui s’appelle l’UDC.

    D’ailleurs, faites un test. Prenez leur dernier texte, aux radicaux, sur la détention administrative, sans jugement, pouvant aller jusqu’à 24 mois. Vous découpez l’en-tête, vous mettez UDC, ou MCG, ou Lega. Sûr, là, que les alliés de l’Entente, qu’ils soient de sacristie latine ou du Temple libéral, hurleront au loup.

    Mais là, ils se taisent, ou même abondent. Aux orties l’Habeas Corpus. Au caniveau, les grands principes. L’UDC, pas question d’alliance, Monsieur, vous n’y pensez pas. Mais proposer leur politique, et même au-delà, dès que se profile le très électoral enjeu sécuritaire, alors là, oui, pour un coup. Un coup seulement, of course.

    Cette manœuvre, qui la dirige ? Un homme de main, ou l’ombre orgueilleuse d’un Prince ? Gagner, cet automne, sans l’UDC. Mais pas sans une partie de son programme. Pas fou, quand même. De jour, on fait l’agneau, en bêlantes contrées. La nuit, on se noircit jusqu’à la déraison. Allez. Ces gens-là, il faudrait inscrire « fazyste » sur leur passeport. Au stylo bille. Indélébile. Juste pour la route.

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

     

     

  • La voie lactée

    Tribune de Genève - Jeudi 30.04.09

     

    Il est magnifique, le Conseil d’Etat genevois. Lorsqu’il s’agit de se coltiner le président iranien, dans la minuscule immensité d’un tarmac de province, c’est le sortant Laurent Moutinot qu’on envoie. J’allais dire au casse-pipe. Mais, pour revêtir l’habit de lumière et annoncer de somptueuses comètes fiscales pour les familles, les ministres soumis à réélection, cet automne, se pressent dans la voie lactée. A la notable exception de celui qui n’est pourtant pas le moins méritant : François Longchamp.

    Alors, hier, avec le solide David Hiler, le vertical Mark Muller et le revenant Pierre-François Unger, ce ne furent qu’aurores de braise, résurrection, avenir aux doigts de rose pour enfants et familles. 300 millions par an pour réduire les impôts, ce dont franchement personne ne se plaindra, d’autant que la fourchette est généreuse : tout ménage entre 40.000 et 400.000 de revenu en bénéficiera !

    Electoral ? Oui, bien sûr. Mais une bonne mesure tout de même. A Genève comme sur l’ensemble de la Suisse, les familles payent trop d’impôts, il fallait s’y attaquer. On notera juste, au passage, que lorsqu’un programme d’inspiration libérale est repris par un gouvernement de gauche, cela s’appelle des mesures « anticycliques ». Ca en jette. Ca donne l’impression qu’on va tirer sur des vélos. Ca fait sérieux. Et, pour les élections, c’est salé comme un apéritif de printemps.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Macha, la voix des voix

    Une voix.

    Juste une voix. Quelque part dans la nuit. Entre minuit et deux heures du matin. Rauque, fumeuse, corsée de vécu, patinée de la douleur des temps, c’était une voix-cicatrice.

    Dans l’encre de la nuit, elle vous parlait. A l’autre bout du fil, des types cassés, des nanas disjonctées, toutes les saloperies de la vie qui vous remontaient. Et toi, au volant ou dans ton lit, tu écoutais. Elle parlait à l’autre évidemment, l’arraché du bout des ondes, mais, au fond, elle te parlait à toi, aussi. C’était là sa puissance. Là, le miracle.

    Macha Béranger, qui nous a quittés hier à l’âge de 67 ans, des suites d’une longue maladie, était une très grande dame de la radio. Justement parce qu’elle n’était pas une dame. Mais juste une voix, furtive et profonde comme l’âme de la nuit. Pendant trente ans, sur France Inter, qui n’a pas été foutue de la garder, il y a trois ans, elle a été l’honneur de ce métier, l’honneur de la chaîne.

    En hommage, ce mot de Léo Ferré, dans un poème qui s’appelle « Richard » : « Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles, à certaines heures pâles de la nuit, près d’une machine à sous. Avec leurs problèmes d’hommes. Simplement des problèmes de mélancolie ».

     

    Pascal Décaillet