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Liberté - Page 1104

  • François Dal Bousquet : entretien exclusif

     

    Vendredi 11.10.13 - 14.06h

     

    * François Dal Bousquet, bonjour ! Vous êtes candidat de l’Entente au Conseil d’Etat. Comment avez-vous vécu la journée du 6 octobre ?

     

    * (FDB) – Ce dimanche fut pour nous un triomphe. Le peuple a su reconnaître que nous étions le parti de la sagesse, du consensus et des solutions.

     

    * Un triomphe ? Mais enfin, l’Entente a perdu sept sièges, et réalise son plus mauvais score historique !

     

    * (FDB) – Je vous invite, M. Décaillet, à ne pas lire une élection avec la seule clef de lecture des chiffres. Le peuple nous fait confiance, parce que nous sommes le parti des solutions.

     

    * Oui mais enfin, la réalité est là : votre groupe parlementaire rétrécit, celui de vos concurrents est en pleine expansion.

     

    * (FDB) – De grâce, ne vous laissez pas impressionner par ces vétilles quantitatives. Les populistes hurleurs, quelles solutions proposent-ils ?

     

    * Ils en proposent, François Dal Bousquet, mais vous ne les écoutez pas.

     

    * (FDB) – Parce qu’elles ne sont pas sérieuses, leurs solutions ! Les nôtres, élaborées dans le consensus, sont de vraies solutions. Parce que nous sommes le parti de l’action et des solutions.

     

    * M. Dal Bousquet, Genève est asphyxiée par les bouchons, notre taux de chômage (5,5%) atteint presque le double de la moyenne suisse (3%), de nombreux jeunes sont sans formation et sans emploi, nous payons les primes maladie les plus chères du pays, le tableau n’est pas très réjouissant !

     

    * (FDB) - C’est bien pour cela, M. Décaillet, qu’il faut trouver des solutions. Nous ne sommes pas le parti des aboyeurs, mais celui du consensus permettant de parvenir à des solutions.

     

    * Admettons. Mais avec quelle majorité ? L’Entente n’a plus que 35 députés. Dans quel campa ira-t-elle chercher les 16 qui manquent pour s’imposer au Parlement ? Avec la gauche ? Ou avec ceux que vous appelez les populistes ?

     

    * (FDB) – Ce sont là de basses questions politiciennes, qui ne m’intéressent que très lointainement. Je vous invite, Cher Ami, à une lecture moins directement prosaïque de la politique. Pour ma part, avec mes futurs collègues de l’Entente, j’entends mettre les problèmes sur la table, afin d’aboutir à une solution.

     

    * François Dal Bousquet, on vous dit grand bétonneur. Vous voulez couvrir le canton de chantiers, asphyxier la campagne ?

     

    * (FDB) – En aucun cas. Je milite, comme d’ailleurs mon futur collègue Serge Lonchusco, pour une vaste concertation avec les communes, les urbanistes, les architectes, les fondations, en vue d’une application du Plan directeur 2095 visant à offrir à ce canton de véritables solutions en la matière.

     

    * François Dal Bousquet, grand merci. C’est toujours un plaisir de vous accueillir.  Est-il vrai que vous vous dopez pour tenir le coup pendant la campagne ?

     

    * (FDB) – Ragots de populistes ! Il est vrai que j’ai demandé à mon pharmacien de me concocter un produit miracle, mais il n’a toujours pas trouvé la solution.

     

     **" A l'issue de l'entretien, François Dal Bousquet m'invite à son club, pour un drink: deux doigts de whisky dans une solution de vodka.


     

  • Genève : la révolution du 6 octobre

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 11.10.13


     
    Que s’est-il passé, ce dimanche 6 octobre à Genève ? Un formidable message du peuple. Contre les élites, contre l’immense majorité de la classe politique, contre les associations patronales qui avaient tout misé sur les notables sortants, contre la diabolisation, contre l’abus du mot « populiste », contre 95% des journalistes, le corps électoral a accordé, pour un tiers, sa confiance à un bloc jusque-là rejeté, marginalisé, ostracisé : le MCG et l’UDC. La politique genevoise, comme celle de bien des cantons suisses, et d’ailleurs comme la politique fédérale, est désormais divisée en trois blocs : la gauche, l’Entente (PDC-PLR), et puis cette nouvelle force, à la fois populaire et conservatrice, sociale et patriote, et surtout joyeuse, tellement loin des salons ou des technocrates.


     
    J’ai suivi toute la campagne. Dans mon émission TV quotidienne, Genève à chaud, j’ai reçu une centaine de candidats. Nous avons traité tous les sujets, en mettant l’accent sur la formation, l’apprentissage, les jeunes en rupture, le chômage, l’encouragement aux PME, la mobilité, le logement. Ce fut une belle campagne, respectueuse, avec de magnifiques nouveaux partis, par exemple les Verts libéraux, qui ont certes échoué dimanche au quorum (7% pour entrer au Grand Conseil), mais sont arrivés avec des idées concrètes et nouvelles, ont pris date pour les prochaines échéances, les municipales du printemps 2015.


     
    Ce dimanche 6 octobre, c’est l’effondrement du PLR. La fusion n’a pas si bien pris, les tensions internes sont sensibles, la coexistence entre les héritiers, populaires et cassoulet, de James Fazy (le magnifique révolutionnaire de 1846) et les ultimes reliquats de leurs rivaux patriciens, se passe mal. Surtout, le parti a fait une mauvaise campagne, ne cessant de rappeler qu’il était « gouvernemental », était fait pour « l’action », excellait dans la recherche de « solutions », Pour peu on se serait cru à un concours de chimie, ou d’arithmétique. A leurs côtés, un PDC qui se maintient fort bien, et sauve même la mise de l’Entente. Face à eux, le réveil populaire de ceux qu’on ne veut, depuis tant d’années, ni voir ni surtout entendre. Ils nous parlent frontière, priorité à l’emploi pour les résidents (Genève à un taux de chômage de 5,5%, contre une moyenne suisse de 3%), préférence cantonale, mais aussi aide sociale, attention aux souffrances des gens. On n’a rien voulu entendre. Dimanche, la sanction est tombée. Ils sont pourtant très différents, ces deux partis : l’UDC est dans les normes du parti suisse ; le MCG ratisse beaucoup plus large, sur la droite comme sur la gauche à l’image de la Lega au Tessin. Bien sûr, un tiers, ça n’est pas le pouvoir, loin de là, et leurs adversaires vont tout faire pour qu’ils n’aient pas de conseiller d’Etat le 10 novembre. Mais un tiers, c’est une masse, la puissance d’un signal. Oui, à Genève, quelque chose est en train de bouger.


    Pascal Décaillet

     

  • Rapport Ziegler : ça sent le fusible

     

    Sur le vif - Mercredi 09.10.13 - 16.42h

     

    La conférence de presse que viennent de donner les conseillers d’Etat Beer, Maudet et Unger, en compagnie de Bernard Ziegler, auteur de l’enquête administrative mandatée par le gouvernement, est un exemple à étudier dans les écoles de communication. Quatre Messieurs à une table, accompagnés de la Chancelière, des airs graves, un langage très juridique, pour finalement accabler – c’est ce qui ressort en priorité – une haut fonctionnaire, la cheffe du SAPEM (Service d’application des peines et mesures), sur laquelle on focalise tous les manquements. Mais de responsabilité politique, celle du Département de tutelle, néant. Nada. La coupable, c’est la cheffe du service, pour le reste, circulez, y a rien à voir. Cela sent le fusible. Les explications données ne suffisent pas.

     

    M. Ziegler, assurément, a très bien enquêté, il a décortiqué les déficiences d’un système, indiqué les manquements, souligné les responsabilités. Clairement, l’échelon SAPEM apparaît comme n’ayant pas été à la hauteur de la situation, soit. Dès lors, Pierre Maudet annonce dix mesures, prenant bien soin de placer en tout premier une procédure administrative contre la directrice de ce service. Deux ou trois minutes plus tard, on apprend d’ailleurs que depuis aujourd’hui midi, elle n’est plus à son bureau. C’est fou, avec M. Maudet, à quel point tout s’agence à merveille, il n’y a plus qu’à crier haro sur le SAPEM, apparaître (une nouvelle fois) comme le nettoyeur des Ecuries d’Augias, et le tour est joué.

     

    Pas un mot sur le rôle de la cheffe de l’Office de la détention (est-elle exonérée de tout reproche, Madame Favre ?). Pas un mot, surtout, sur l’absence de contrôle politique de la part des deux derniers ministres de tutelle de ce service, ces quatre dernière années : Isabel Rochat, Pierre Maudet. Car si ce service était à ce point porté sur les dysfonctionnements, l’autorité politique dont il dépend aurait pu s’en rendre compte. Dans une démocratie, le vrai chef, donc le vrai responsable in fine, c’est le ministre, élu du peuple, et non le fonctionnaire intermédiaire.

     

    Dans cette affaire comme dans celle du rapport de l’Inspection cantonale des finances (ICF) sur le Service des contraventions, comme sur d’autres, nous notons une propension récurrente du ministre à très vite faire oublier la responsabilité politique, annoncer des audits, des enquêtes administratives. Le responsable est toujours un fonctionnaire, jamais le magistrat. Nous ne sommes pas dupes de ce fonctionnement.

     

    Pascal Décaillet