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Liberté - Page 1026

  • Le glas des bobos

     

    Chronique publiée dans Lausanne Cités - 19.02.14
     
     
    Les lignes de fracture du 9 février ne se réduisent ni à l’antagonisme droite-gauche, ni à un conflit ethnique entre Romands et Alémaniques. Elles sont d’un autre ordre. Régions favorisées, contrées délaissées. Villes, campagne. Plaine, montagne. La droite protectionniste l’a emporté sur la droite libérale et libertaire, celle qui nous prônait depuis deux décennies l’abolition de toute frontière, le recul de l’Etat, pour mieux pouvoir commercer et s’enrichir sans entraves. Ce renversement de forces laissera des traces et déterminera nos prochaines années politiques, en Suisse.


     
    Mais il serait fou d’oublier ce qui s’est passé à gauche. Christian Levrat est un homme intelligent : derrière ses rodomontades de l’après-9-février, il ne s’exonérera pas d’une autocritique. Et se rendra compte à quel point la non-campagne de la gauche, ou pire l’alignement de cette dernière sur les thèses du grand patronat auront des conséquences dévastatrices pour sa famille politique. Ne parlons pas ici des Verts, dont l’illisibilité est désormais totale dans le pays : personne ne sait plus qui ils sont, ni où ils vont.


     
    À gauche, c’est le glas des bobos. Ceux des villes, douillets, qui n’ont rien vu venir, et se sont fait voler l’électorat ouvrier, populaire et défavorisé par l’UDC. Et cela pourrait bien sonner le retour d’une gauche de la gauche qui, elle, ne n’en est jamais laissé conter. Parce qu’elle n’a, elle, jamais perdu contact avec le réel.


     
    Pascal Décaillet
     

  • La Suisse a parlé à l'Europe

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 21.02.14


    Le dimanche 9 février, le peuple et les cantons de notre pays n’ont pas répondu à un sondage : ils ont pris souverainement une décision. Celle d’accepter l’initiative de l’UDC sur l’immigration de masse. Majorité serrée (mais bien réelle) pour le peuple, nette pour les cantons. La moitié d’entre nous s’en est félicitée, l’autre l’a regretté, il convient dans les deux sens de se respecter : les gagnants doivent comprendre la tristesse des perdants ; ces derniers, de leur côté, doivent prendre acte du verdict. Et bien comprendre que la décision doit être appliquée. Avec des modalités qui restent à définir, peut-être des différences en fonction des cantons, tout ce qu’on voudra. Mais appliquée, elle doit être. Sinon, à quoi bon consulter le souverain ?


     
    Or, à quoi assiste-t-on depuis le 9 février au soir ? A une polyphonie de lamentations. Le chœur des pleureuses. Le peuple n’aurait rien compris (alors que la brochure était parfaitement claire), il aurait été trompé, le Ciel européen serait sur le point de s’abattre sur notre tête par un déluge de « rétorsions » de Bruxelles. Il faudrait, nous les Suisses, que nous nous fassions tout petits, rasions les murs, filions nous enterrer dans un abri PC en attendant que se calme la colère atomique européenne. Nous devrions, nous dont la démocratie a simplement fonctionné, nous sentir coupables.


     
    Mais enfin, coupables de quoi ? Au cœur du continent européen, un tout petit pays, fragile, a pris démocratiquement la décision de reprendre le contrôle de ses flux migratoires. Ça froisse qui ? Les élites autoproclamées ou cooptées de la machinerie de l’UE. Et ça fait, au contraire, diablement envie à qui ? Aux peuples de ces pays voisins, qui aimeraient tant, eux aussi, pouvoir se prononcer sur leur destin. Ce 9 février, que les mauvais perdants veulent absolument nous faire passer pour un jour de deuil, pourrait bien s’avérer, au contraire, le signal historique donné par le peuple suisse à ses voisins. D’ailleurs, la bureaucratie de Bruxelles, combien de temps lui reste-t-il à vivre ? Premiers éléments de réponse au mois de mai, avec les élections européennes. En France et ailleurs, il n’est pas sûr que les hystériques de la supranationalité bureaucratique en sortent vainqueurs.


     
    Pascal Décaillet

     

  • L'étouffante politique éditoriale du Temps

     

    Sur le vif - Mercredi 19.02.14 - 10.47h

     

    "La faillite du modèle suisse": ahurissant papier de François Cherix dans le Temps. La Suisse, Monsieur le Mage aux douze Étoiles, se porte fort bien, et sa démocratie directe, le dimanche 9 février, a tout simplement fonctionné. Un système de consultation du peuple que tous nos voisins nous envient, tant ils en sont, eux, privés. On apprécie ou non le résultat, pour ma part je respecte votre tristesse, mais de quel droit venez-vous nous parler de faillite d'un modèle ? Il ne s'est jamais aussi bien porté, le modèle, et les peuples qui nous entourent aimeraient tant s'en rapprocher un peu. Les peuples, M. Cherix, pas les technocrates cooptés de Bruxelles !



    Je vous propose, M. Cherix, de nous donner rendez-vous aux élections européennes de mai prochain. Nous verrons, ce dimanche-là, quelle construction technocratique a échoué, quel "modèle" est en faillite, quels résultats feront les euro-turbos, par rapport aux partis qui veulent rendre la parole aux peuples des différentes nations de l'UE. Oui, ce dimanche de mai, rétrospectivement, le vote de la Suisse, trois mois plutôt, pourrait bien apparaître, non comme l'insularité bizarroïde que vous voulez nous faire croire, mais comme le signal prémonitoire d'un petit peuple à ses voisins. Le signal d'un printemps démocratique, en Europe.



    Vous parlez de "faillite du modèle" pour la seule raison que vous avez perdu. Vous eussiez gagné, même de très peu, vous eussiez immédiatement titré sur "la sagesse d'un peuple qui ne s'en laisse pas conter".



    Depuis le 9 février, le Temps multiplie les textes de pleurnicheries et d'annonces d'Apocalypse. Il convoque tout le ban et l'arrière-ban des opposants à l'initiative, qui n'arrivent pas prendre acte - oui, simplement prendre acte - de la décision du 9 février. Ce jour-là, avec une bonne participation, le peuple et les cantons, sur la base d'une brochure parfaitement claire, ont pris leur décision en totale connaissance de cause. Ils veulent une régulation (pas un arrêt, une RE-GU-LA-TION !) des flux migratoires. Il s'agit maintenant de l'appliquer.



    Quant à la politique éditoriale du Temps, caricaturale, elle confirme l'impérieuse nécessité de l'avènement, en Suisse romande, d'un espace médiatique - journal papier, site internet, radio, TV, ou plutôt le tout à la fois, cela reste à inventer - capable de porter une autre sensibilité. Parce que là, entre le Temps, la RTS, Ringier et Tamedia, nous sommes sous la dictature d'une pensée unique, étouffante.

     

    Pascal Décaillet