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Commentaires GHI - Page 38

  • L'absolu scandale du Pont d'Arve

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 29.11.23 - Rédigé plusieurs jours avant la décision de réouverture (annoncée hier), mais sur le fond rien ne change : les retards colossaux pris par la Ville doivent faire l'objet d'un audit. Et en matière de mobilité, le Canton doit prendre le pouvoir.

     

    A Genève, on ne roule plus. On macère sa colère, dans les bouchons. Ce fut notre lot sous Mme Künzler, nettement moins sous M. Barthassat, plus que jamais sous M. Dal Busco. Et là, sous M. Maudet, ça recommence ! Certes pas à cause du ministre cantonal, qui pourrait réserver de bonnes surprises. Mais à cause de la Ville ! Ces embarras d’automne, monstrueux, dignes de ceux de Boileau, se résument en un mot : le Pont d’Arve. Il appartiendra, un jour, aux historiens, archives en mains, de décortiquer l’affaire, déterminer comment on a pu, en haut lieu, laisser pourrir à ce point un chantier qu’il fallait, au contraire, accélérer par tous les moyens. On dégagera la part de l’idéologie, celle des Verts, des apôtres de la « mobilité douce » et du « transfert modal », tout ce petit monde puissamment désavoué par le peuple aux dernières élections, mais qui continue de s’enfermer dans sa liturgie, répétant à l’envi les mêmes mots, comme des incantations.

     

    Le boulevard du Pont d’Arve se trouve être un axe de pénétration capital dans le centre-ville de Genève, dans le prolongement de la rue des Acacias. Mais aussi, un axe de transfert majeur de la rive gauche à la rive droite, puisqu’il amène au Pont du Mont-Blanc, via Rive. C’est ainsi. C’est le fruit de l’urbanisme genevois, depuis les décennies ayant suivi la chute des fortifications, sous James-Fazy. Toucher au Pont d’Arve, dans le maillage actuel de Genève, c’est bloquer la ville. On nous dit qu’il y fallait à tout prix des travaux, nous l’entendons. On nous annonce des complications, là encore nous voulons le concevoir. Et puis, on se tait, on laisse pourrir, on retarde la fin des travaux, là commence le scandale. En génie civil, quel que soit le maître d’œuvre, public ou privé, la règle no 1 est le respect des délais. En l’espèce, on la bafoue. On place des dizaines de milliers d’automobilistes quotidiens devant le fait accompli. D’un mot, on se fout du monde.

     

    Dans les deux week-ends qui nous attendent, 3 et 10 décembre, la Ville de Genève accueillera les réjouissances de l’Escalade : la Course, puis le Cortège. Déjà en temps normal, ce sont des périodes d’enfer pour les automobilistes, en pleine époque de courses de Noël. Mais là, avec le Pont d’Arve, la coupe va déborder. Alors, je vous le dis : la plaisanterie a assez duré. Le Pont d’Arve est au moins d’importance cantonale, voire transfrontalière. Le Canton doit intervenir. On ne peut laisser plus longtemps ce chantier aux mains des idéologues de la Ville. On connaît leur couleur politique, leur Croisade contre tout ce qui ressemble à une voiture, leur religion extatique du vélo. Ces gens-là appliquent implacablement la réalisation d’un dessein : éradiquer tout véhicule à moteur privé du centre-ville. Le Canton doit prendre le pouvoir. Mettre au pas les gourous municipaux. Et dans seize mois, au printemps 2025, le peuple souverain de Genève doit les renvoyer dans leurs sectes.

     

    Pascal Décaillet

  • Les Verts : une défaite amplement méritée !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.11.23

     

    Depuis de longues années, dans ce journal et ailleurs, je livre une analyse sévère et sans concessions de l’action politique des Verts. Ce regard critique, je l’ai exercé, sans faillir, du temps de leur splendeur. Nous n’étions pas beaucoup, dans la presse romande, à refuser de nous pâmer devant la vague Verte, refuser de reprendre leurs mots, leurs mantras, leur liturgie, refuser d’encenser leurs grandes figures. Il fallait, partout dans la société suisse, adhérer à la grande secte de ceux qui parlent Vert, pensent Vert, disent « climat » dans chaque phrase, et « transition » toutes les trente secondes. Oui, nous sommes quelques-uns à avoir dit non. Nous nous sommes dérobés à la prière. Nous avons décliné la génuflexion. Nous avons renoncé à l’obédience. A ce parti que tous encensaient, nous disions nos quatre vérités.

     

    Et maintenant ? Au lendemain de la défaite sans précédent qu’ils ont essuyée aux élections fédérales, nous n’enfoncerons par le clou. Le peuple genevois, le peuple suisse, ont tranché. Au niveau fédéral, ce parti n’atteint même pas les 10% sous la Coupole, à Berne : moins d’un votant suisse sur dix a voté pour les Verts ! Nous pourrions en faire un slogan. Nous saurons nous en abstenir. Maintes fois, nous avons soutenu, ici et ailleurs, des positions éditoriales minoritaires dans la caste des journalistes, maintes fois le peuple et les cantons nous ont donné raison, comme ce 9 février 2014, sur l’initiative de l’UDC contre l’immigration de masse. Dont on attend toujours, au passage, un embryon de mise en oeuvre. Alors oui, seul contre tous, nous savons l’être. Les attaques, les pressions, ne nous font pas peur.

     

    Reste l’analyse de la défaite. Les Verts sont des gens intelligents. Il leur appartient de mener le débriefing. Cette catharsis interne est leur affaire, pas la nôtre. Tout au plus, en passant, mentionnerons-nous l’absolue nécessité de s’interroger sur les origines philosophiques de ce parti, passionnantes d’ailleurs, complexes, décentralisées, plus proches de la pensée libertaire (on pourrait remonter à Fourier) que des programmes politique articulés sur l’Etat, comme le sont ceux des radicaux et des socialistes. Au point qu’on peut se demander si les Verts, en Suisse comme ailleurs (ne parlons pas de la France, où le pataquès les rend illisibles) ont vraiment vocation à être un parti politique, au sens traditionnel. On les sent plus proches de l’effervescence associative, des groupements communautaristes. L’Etat n’est guère leur affaire, ils sont sociétaux. C’est une tradition. Elle n’est pas la mienne. Elle n’est pas celle, non plus, de plus 90% de nos compatriotes, au niveau fédéral. Voyez, on peut être minoritaire dans sa profession, dans le milieu des chroniqueurs ou éditorialistes, et parfaitement majoritaire dans le peuple suisse. Laissons donc les Verts tirer, entre eux, les leçons de leur Waterloo électoral. Et tournons-nous vers les authentiques préoccupations de nos concitoyens : la fin du mois, avant la fin du monde.

     

    Pascal Décaillet

  • Rôle de composition

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.11.23

     

    J'ai toujours été contre la collégialité. C'est juste un truc pour faire croire que les gens, au sein d'un gouvernement, s'entendent bien. La vérité, c'est qu'il ne se supportent pas mutuellement, voire se détestent. Un éminent Conseiller d’Etat radical, ayant aussi été Maire de Genève et Conseiller national, me l’avait dit dans le train Berne-Genève, le 4 décembre 2002, au retour de l’élection d’une Conseillère fédérale genevoise.

    La collégialité : un artifice, inventé par la Suisse gentille et prospère de l'après-guerre, pour cimenter d'improbables cabinets de rencontre, où aboutissent des hommes et des femmes n'ayant rien à voir entre eux. Ils sont là sous le seul prétexte de "représenter" une tendance, une langue, un parti, une sensibilité. Alors, entre "représentants", ils feignent une inexistante communauté de valeurs. La Suisse est une grande démocratie, sauf pour la formation de ses exécutifs.

     

    Ils se détestent. Et ne partagent absolument pas les mêmes valeurs. Dès lors, pourquoi le Conseiller fédéral UDC Albert Rösti défend-il sans broncher le tiède projet de son collège, faire baisser la redevance radio-TV à 300 francs (contre 335 aujourd’hui), plutôt que l’initiative de ses propres milieux, qui veut 200 francs, pas un centime de plus ? Ce rôle de composition est dérisoire. Il ne dupe personne. Une rupture de collégialité aurait été mille fois plus claire.

     

    Pascal Décaillet