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Commentaires GHI - Page 230

  • Socialisme et PME : pourquoi pas !

     

    Commentaire publié dans le GHI - Mercredi 19.06.13

     

    Les socialistes s’intéressent au PME ! Ils l’ont fait savoir haut et fort lundi 17 juin, en présence de leur président, Romain de Sainte Marie, et de leurs quatre candidats au Conseil d’Etat. Le signal n’est pas banal : le moins qu’on puisse dire est que le sort des petites et moyennes entreprises n’a pas, jusqu’ici, torréfié de passion le socialisme. Pendant des décennies, on a entretenu la flamme de l’idéologie ouvrière, les grands bassins miniers de Lorraine ou du Nord, le Front populaire ; en Suisse, la Grève générale de 1918, la lente conquête des acquis sociaux. Bref, une magnifique mythologie, mais toujours grégaire, toujours avec une masse de monde, dans les rues si possible, comme chez Zola.

     

    La PME, ou même la TPE (Toute Petite Entreprise), c’est un autre monde, un autre état d’esprit. Tout part de l’entrepreneur. Un homme ou une femme tout seul, au début, qui un jour se lance à l’eau, ose assumer le risque économique, acquiert des locaux, investit dans du matériel, engage des collaborateurs. J’en parle en connaissance de cause : j’ai exactement entamé, il y a sept ans, ce chemin-là. Dire qu’il est parsemé d’embûches relève de l’euphémisme : tout, autour de vous, concourt à ce que vous vous plantiez. Assurances sociales, fiscalité, TVA, paperasseries, comptabilité, toutes choses que vous faites en plus de l’activité naturelle de votre boîte.

     

    Les socialistes, aussi éclairés soient-ils, peuvent-ils vraiment comprendre ce monde-là ? On peut en douter. En même temps, il est stimulant, pour un petit entrepreneur, de voir que d’autres partis que ceux de droite commencent à s’intéresser à son univers, et franchement la démarche socialiste est la bienvenue. Les patrons de PME sont loin d’être tous des rupins qui roulent sur l’or, beaucoup d’entre eux ont une vision et une ambition sociales, et c’est pour cela qu’ils se battent pour l’emploi. Nombre d’entre eux sont farouchement indépendants dans leur prise de décision professionnelle, mais, comme citoyens, reconnaissent la nécessité d’un Etat fort, redistributeur, et pourquoi pas fraternel. En clair, on peut être patron de PME sans nécessairement être tétanisé par le dogme libéral. Cela, les socialistes l’ont compris. Reste à trouver un langage commun entre le leur et celui des petits patrons. L’enjeu est passionnant. Peut-être l’une des clefs de la législature 2013-2018.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pays réel, pays des songes

     

    Commentaire publié dans GHI - 29.05.13


     

    1814, 1815 : il y aura bientôt deux cents ans, Genève devenait canton suisse, et entrait dans la Confédération. Déjà, de partout, ça commence à phosphorer pour marquer l’événement. Très bien. Mais qu’il soit juste permis ici d’élaborer un souhait : que toute cette commémoration soit quelque chose de vivant ! L’occasion d’une réflexion sur notre double identité : celle d’habitants de Genève, et de citoyens suisses. Deux natures qui, loin de se combattre, se complètent et se superposent. C’est le miracle de notre pays : Valaisan de Genève, je suis aussi citoyen suisse. Chacun de nous peut allègrement cumuler trois ou quatre de ces reconnaissances, sans se dédire, ni s’abjurer. Nos amis étrangers, sans être suisses, peuvent à coup sûr s’associer à cette réflexion. Genève est une ville ouverte, un canton d’accueil et de partage.


     
    Je rêve d’une commémoration qui soit autre chose que les gentils défilés confédéraux de 1964, dont je garde un vague souvenir. Il n’y aurait même aucun défilé, ça m’irait très bien. Mais des livres, des émissions, des échanges, des engueulades sur notre degré d’Helvétitude. Je rêve de quelque chose d’à la fois très élitaire et très populaire, ces deux notions se rejoignent d’ailleurs beaucoup plus qu’on ne l’imagine. J’espère vivement qu’on ne joue pas le gentil canton suisse invitant d’autres gentils Suisses dans des gentils pavillons. Mais posons nos différences. Crions-le, ce pays, au lieu de n’en murmurer le désir que dans la tiédeur d’un confessionnal. Si 2014, 2015, pouvaient agir comme une catharsis, une révélation, loin des officialités, des flonflons, des fanfares. Du vrai, du cruel, qui fait mal et qui fait du bien. Le pays réel. C’est à dire celui des songes.


     
    Pascal Décaillet

     

  • Et l'école, bordel !

     

    Commentaire publié dans GHI - 22.05.13
     
     
    Après une décennie de Charles Beer, l’école genevoise aura, dès novembre, un nouveau patron. Qui ? L’un des candidats actuels au Conseil d’Etat ! Eh oui, il existe à Genève un personnage connu de nous tous, de gauche ou de droite, qui, par la force des choses, sera cet automne notre nouveau ministre de l’Instruction publique. Le sait-il lui-même ? Reprendra-t-il le DIP à son corps défendant ? Va-t-on confier ce Département capital à un petit nouveau, sans Histoire et sans culture, sans le frottement de la mémoire, sans une équation personnelle puissante avec le principe même de l’école, la transmission du savoir ?


     
    Ce scénario serait catastrophique. Je crois être le seul, à Genève, en ce printemps de pré-campagne, à thématiser des débats sur le sujet. Les partis, pour l’heure, s’en désintéressent, ne parlant que sécurité, logement, mobilité. Ils ne viennent débattre de l’école, ce qu’ils font poliment, que si on leur en impose le thème. C’est tout de même inouï ! Que transmettre à nos enfants ? Comment organiser l’accès aux connaissances des générations futures. Quelles priorités ? Comment mettre en application la nouvelle norme constitutionnelle qui rend la formation obligatoire jusqu’à 18 ans. Comment valoriser l’apprentissage, rendre sa noblesse à ce magnifique mot, « le métier ». Si ces sujets-là ne sont pas majeurs, alors lesquels ?


     
    En arbitrant à la Pentecôte un débat entre deux hommes intelligents, le socialiste Thierry Apothéloz et le MCG Mauro Poggia, je me suis rendu compte que le legs de Charles Beer n’était, au fond, pas si contesté. Et qu’il s’agissait avant tout, aujourd’hui, d’aller de l’avant. En privilégiant les solutions concrètes sur les grands combats frontaux – comme les notes – d’il y a dix ans. C’est bien. Mais la nouvelle ère, incarnée par une nouvelle personne, aura besoin d’un nouveau souffle. J’ai déjà écrit ici que le DIP gagnerait à être repris par une personnalité radicale, je dis bien radicale. Parce que c’est un parti d’Etat, qui a fait nos institutions, ne se laisse pas enivrer par la puissance de l’argent, organise la répartition autrement qu’en sandales. Mais cela n’engage que moi. Je porterai, jusqu’à cet automne, le débat sur l’avenir de l’école à Genève, j’amènerai les candidats à sortir du bois.


     
    Pascal Décaillet