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  • J'ai aimé la France. Mais là, c'est fini.

     
    Sur le vif - Mardi 11.06.24 - 14.55h
     
     
    En aucun cas, Macron n'a à "lancer la campagne des législatives". Aucun Président de la Cinquième n'a jamais "lancé une campagne de législatives" ! Ca n'est tout simplement pas son rôle.
     
    Les élections législatives ne regardent pas le Président de la République. Elle sont l'affaire des 577 circonscriptions de la République française. Elles envoient au Palais-Bourbon 577 représentants légitimes du peuple français. Ils constituent, en lien avec le Sénat, le pouvoir législatif. Séparé de l'exécutif. Séparé du judiciaire.
     
    Tout cette procédure, venue de la France d'en-bas, n'a strictement rien à voir avec le Président de la République. Il procède, pour sa part, d'un autre élection, que personne ne lui conteste : il a été réélu pour cinq ans, en 2022, personne ne lui demande de démissionner.
     
    Seulement voilà. Dans le camp de Macron, il n'y a plus personne. Nulle tête n'émerge, pour peu qu'aucune n'eût jamais eu l'audace de songer à poindre. Le monarque est seul. Il n'a plus de parti, n'en a d'ailleurs jamais eu d'autre qu'une meute de courtisans, attirés par les appâts du pouvoir.
     
    Le roi est seul. Il veut être partout, tel Richard III dans ses dernières heures. Partout, il s'annonce. Partout, il se montre. Pour sa convenance, il dissout une Assemblée n'ayant rien à voir avec les européennes. Pour sa convenance, il s'invite dans la soirée électorale de dimanche. Pour sa convenance, il annonce une conférence de presse pour aujourd'hui. Pour sa convenance, il la reporte à demain. Et les chaînes françaises, plus serviles encore qu'au temps de M. Peyrefitte, plus serviles que jamais, sont aux ordres. Et il demeure encore des Français pour tolérer tout ce cirque du chef de l'exécutif, toutes ces intrusions, toutes ces entraves.
     
    Je suis fier d'être citoyen suisse. Citoyen actif d'une démocratie vivante, polymorphe, décentralisée. J'ai aimé la France. J'ai aimé de Gaulle, Mitterrand. Mais là, c'est fini. Je ne supporte plus ce spectacle du déclin et du renoncement.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Le Prince-Président qui fait joujou avec la foudre

     
    Sur le vif - Mardi 11.06.24 - 10.16h
     
     
    Dissolution de pure convenance personnelle ! Le Prince-Président renvoie chez eux 577 représentants du peuple, légitimement élus pour cinq ans, en 2022. Ils étaient encore là pour trois ans ! Ils n’avaient strictement rien à voir avec le scrutin européen de dimanche.
     
    C’est une Histoire passionnante que celle de l’Assemblée Nationale française. Elle tire ses origines de la pensée de Montesquieu, mais aussi des États-Généraux d’Ancien Régime, qu’aucun Roi ne songeait jamais à convoquer. Et plus encore, bien sûr, de la Convention révolutionnaire. Lisez absolument « L’Histoire de la Révolution française », de Jules Michelet, qui nous en retrace les grands combats, avec génie.
     
    Le droit de dissolution, réminiscence bonapartiste, abus de pouvoir de la République gaullienne depuis 1958, ne devrait pas exister dans une démocratie moderne. Tout au moins une telle décision devrait-elle provenir du suffrage universel, le même qui élit l'Assemblée, par consultation rapide, dans les cas extrêmement graves, en aucun cas par le caprice du seul chef de l'exécutif, pouvoir séparé, auquel le Parlement ne doit rien.
     
    Pour nous, Suisses, si profondément attachés au chemin démocratique, à la primauté souveraine du peuple, ce droit de dissolution du Prince est tout simplement ahurissant.
     
    Aux européennes, une masse montante du peuple français a demandé le retour à la souveraineté nationale, à la souveraineté économique, et il a exigé une régulation draconienne des flux migratoires. C’est cela qui compte, et cela seulement, ce triptyque, venu du fond du peuple français.
     
    Cette triple exigence est thématique. Elle impliquait assurément un changement radical de politique, mais nullement de prendre en otages les voies démocratiques françaises par un tour de passe-passe. La réponse du Prince-Président est au-dessous de tout.
     
    Cette entourloupe indigne marque la fin d’une belle République, dont j’ai exactement l’âge, étant né au moment du retour au pouvoir de Charles de Gaulle (juin 58), et dont je suis le destin depuis l’enfance. Cette Cinquième République, grâce à la stature exceptionnelle de son fondateur, a permis de grandes choses. Tout comme la période du 26 août 44 au 20 janvier 46, sous la direction du même homme.
     
    Mais aujourd’hui, c’est fini. Le Prince-Président fait joujou personnel avec les instruments forgés par un géant. Il joue avec la foudre. Il joue avec le feu.
     
    La France est une grande nation d’Europe. Elle mérite mieux que ce dévoiement indigne de ses institutions. À elle, en toute souveraineté, de tracer les voies du renouveau. Nous sommes au bord d’un changement de paradigme majeur, historique. Le statu-quo est à bout de souffle.
     
     
    Pascal Décaillet

  • France : autre chose, profondément

     
    Sur le vif - Lundi 10.06.24 - 15.09h
     
     
    Les élections européennes, en France, ne devraient pas concerner le Président de la République. Il s'agit d'appeler les citoyennes et citoyens à envoyer les représentants de leur choix siéger à Strasbourg. Dans un Parlement européen au pouvoir fort limité, à l'exposition médiatique quasi-nulle, tant les politiques concernant vraiment les gens se déroulent à l'intérieur de chacun des vingt-sept pays membres.
     
    Je suis les européennes depuis 1979. Jamais un Président de la République en exercice ne s'est permis de descendre dans l'arène le soir-même. Beaucoup furent pourtant désavoués, comme ils le sont dans les scrutins régionaux, ou municipaux. La vie de la nation ne dépend pas de sa délégation dans cette enceinte diaphane, lointaine, évanescente.
     
    Il ne s'agissait pas, hier, d'une élection présidentielle. Le poste d'Emmanuel Macron, réélu pour cinq ans en 2022, n'est absolument pas en cause. Pas plus que la députation élue dans la foulée, elle aussi jusqu'en 2027. Il n'y avait strictement aucune raison institutionnelle de renvoyer à la maison ces centaines de députés en cours de mandat. L'élection d'hier ne les concernait pas.
     
    Aucune raison institutionnelle. Mais bien sûr, mille raisons politiques. Tenter l'ultime joker contre le RN, compter sur le scrutin majoritaire à deux tours, et sur les alliances entre le 30 juin et le 7 juillet. Bref, un ultime geste pour se maintenir. Personne n'est dupe, tout le monde voit la ficelle, tant elle est énorme.
     
    La vérité, c'est que l'hyper-président ne fait plus confiance à personne, dans son propre camp, tant il a fait le vide, au profit de courtisans ou de valets. Alors, il veut être partout. Il s'invite dans la campagne européenne, il propose un débat à Marine Le Pen, elle le lui refuse. Il multiplie, dans les tout derniers jours, les apparitions hagiographiques sur les plages du Débarquement. Il n'en peut plus de récupérer l'Histoire, la Résistance (comme si elle lui appartenait), les actes d'héroïsme. Il veut incarner le Bien. Face à la Bête immonde.
     
    Ce cirque le sauvera-t-il, le 7 juillet ? Je n'en sais strictement rien. Devrait-il se maintenir que nul ne serait dupe de la manœuvre, et surtout aucune réponse ne serait donnée aux questions fondamentales de ces européennes : quelle France, dans quelle Europe, quel retour à l'échelon de la nation, quelle écoute de la voix des peuples, quelle dimension restituer à la souveraineté nationale ? Quelle régulation drastique des flux migratoires ?
     
    Dans tous les cas, la fin d'un pouvoir. La fin d'une ère. Le crépuscule. Du côté de la masse montante des Français, l'aspiration à autre chose.
     
    Oui, autre chose. Profondément.
     
     
    Pascal Décaillet