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  • Taisons-nous !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.09.23

     

    Il paraît que c’est tabou. On n’aurait pas le droit d’établir une relation entre pression migratoire et infrastructures qui étouffent, en Suisse. S’y aventurer, ce serait sortir du cercle de ce qui est audible, convenable. Très bien. Alors, taisons-nous !

     

    Taisons les chiffres du solde migratoire en Suisse. Ne rappelons pas aux gens l’augmentation hallucinante de la population suisse, depuis des années. Passons sous silence le relief si particulier de notre pays, avec ce Plateau, coincé entre Jura et Alpes, et déjà vermoulu par ce mitage du territoire que Franz Weber, à juste titre, ne cessait de dénoncer.

     

    Taisons notre vote, il y a quelques années, sur Ecopop, cette initiative vilipendée par toute la classe politique : elle se permettait, l’effrontée, de poser le problème de la démographie en Suisse.

     

    Taisons l’état des routes, vieillissantes. Taisons l’engorgement des chemins de fer, les pannes constantes, les retards. Taisons l’extrême difficulté, pour notre jeunesse suisse, à se trouver un logement. A Genève, c’est alarmant. On construit pour qui ? Taisons cette question, qui pourrait laisser entendre qu’on fait venir des gens qui construisent des immeubles pour… se loger eux-mêmes. Déjà en 1970, cet argument surgissait, dans les débats de bistrots, ou de famille, autour de l’initiative Schwarzenbach. Déjà, la droite patronale le balayait. Alors, silence ! Et bonne sieste à tous !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Citoyennes, citoyens, nous sommes les patrons !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 20.09.23

     

     

    La Suisse est une démocratie, la plus belle du monde, au sens grec ça veut dire : le pouvoir au peuple. Par « peuple », il ne faut pas entendre l’ensemble de la population. Au niveau fédéral, par exemple, pour voter, il faut être Suisse, et avoir 18 ans. Il faudrait donc dire « collège électoral » pour être exact, mais cette expression suinte tellement l’ennui que, pour raccourcir, tout le monde dit « le peuple ».

     

    Le peuple qui a le pouvoir, c’est celui-là : celui qui vote. Pour élire des gens, et, bien plus intéressant, pour se déterminer directement sur des thèmes. Une loi acceptée par un Parlement peut être défaite par référendum. Deuxième instrument, mille fois plus génial : l’initiative populaire. Là, on oublie les Parlements : une poignée de citoyennes et citoyens lance une grande idée, si possible défrisante, de celles que les élus n’osent pas trop aborder. Ce comité réunit des signatures. S’il les obtient, et que le texte est validé, alors au niveau fédéral c’est un vaste débat national qui s’amorce, la chambre d’écho est le pays tout entier, on en parle, on s’engueule. Et, un beau dimanche, le peuple et les cantons votent. Si la double majorité est acquise, l’idée citoyenne de départ vient prendre place dans la Constitution fédérale. Et les parlementaires ont l’obligation de rédiger une loi d’application. Ce système est génial, le monde nous l’envie. C’est la victoire du peuple sur la Nomenclature.

     

    Alors, citoyennes, citoyens, utilisons à fond cette primauté qui est nôtre. Un sujet paralysé par l’inertie parlementaire, la démocratie directe peut le débloquer. Elle seule peut provoquer l’électrochoc salutaire. Lançons des initiatives, n’écoutons surtout pas les docteurs de la loi, profs de droit acariâtres, parlementaires jaloux ou revanchards, qui se gavent du mot-valise « populisme » pour tenter de ruiner le crédit d’une voix du peuple qui leur fait directement concurrence. Les patrons, en Suisse, ce ne sont pas les élus, c’est le peuple ! Non le peuple qui rugit dans la rue, mais celui qui lance des idées citoyennes, utiles au pays, allume un vaste débat, et provoque une votation.

     

    Je vais plus loin : ne passons pas notre temps à parler des élus. Mettre constamment tel ministre à la une, cantonal ou fédéral, même pour en dire du mal, c’est déjà lui accorder beaucoup trop d’importance. Avec les élus exécutifs, il faut être impitoyable : ils sont là pour réussir. S’ils y parviennent, c’est bien. S’ils échouent, dehors ! Leur vie privée, leurs qualités de pères ou mères de famille, leurs exploits sportifs, leurs préférences culinaires, n’ont strictement aucun intérêt. Parler d’eux sous cet angle, c’est dévorer la place qui aurait dû être celle du débat d’idées. Quelle Suisse voulons-nous, quelle souveraineté, quelle protection sociale, quelle politique pour la santé, les retraites ? Le reste, c’est du vent. Vive le peuple, quand il intervient directement sur les thèmes, et qu’il force le destin !

     

    Pascal Décaillet

  • Pierre Mauroy, l'anti-bobo

     
    Sur le vif - Mardi 19.09.23 - 09.10h
     
     
    Avec émotion, j'ai revu hier soir le documentaire de Toute l'Histoire sur Pierre Mauroy. Je ne suis pas socialiste, mais je respecte infiniment le socialisme historique, celui qui défend le travail et les travailleurs, lutte pour améliorer leurs conditions, veut l'égalité des chances, et celle des droits.
     
    Ce que je ne supporte pas, c'est l'évolution "sociétale" d'une partie de la gauche, sous l'impulsion de quelques bobos urbains, moutonniers face à la première mode lancée par des "chercheurs en sciences sociales". Insupportable, l'obsession sur les questions de genre, de couleur de la peau. Insupportable, la relecture de l'Histoire à travers les jugements moraux d'aujourd'hui. Insupportable, l'écriture inclusive, pollution permanente, liturgie des ploucs.
     
    J'aime Mauroy, depuis toujours, déjà bien avant le 10 mai 1981. J'aime le socialisme issu du Nord, celui des mines et de la sidérurgie. J'aime la sociale-démocratie allemande surgie de la Ruhr et d'un siècle de luttes, depuis Bismarck, pour la protection sociale.
     
    Le film de Toute l'Histoire nous brosse le portrait d'un éternel combattant, dans l'ombre de Mitterrand dont il n'avait ni le génie, ni le cynisme, ni le machiavélisme, ni la culture. Mais Pierre Mauroy, toute sa vie, s'est battu pour la fin du mois. Il voulait croire en un monde meilleur. Il était habité par une idée du progrès que je ne partage pas, mais respecte. Il pensait que les générations allaient s'améliorant, il avait tort, mais c'était son ressort pour défendre les plus faibles.
     
    Pierre Mauroy, un homme qui sent la mine et les bassins industriels du Nord. Le vrai travail, celui qui épuise. Ces gens-là, il les a défendus. Pierre Mauroy, l'anti-bobo. Hommage à la vertu, au sens romain, du combat de toute sa vie.
     
     
    Pascal Décaillet