Sur le vif - Mardi 05.07.22 - 09.59h
Peu d’Histoires m’ont autant passionné, depuis l’adolescence, que celle de l’Algérie. J’ai commencé, très jeune, par tout lire sur les huit années de guerre, entre le 1er novembre 1954 et le 5 juillet 1962. Et puis, grâce en tout premier à Jean Lacouture (que j’ai eu maintes fois l’honneur d’interviewer), je me suis immergé dans la lente maturation de l’idée de nation algérienne, dès le début de la présence française (1830, avec l’un des hommes les plus exceptionnels de l’Histoire, l'Émir Abdelkader) jusqu’à 1962.
Car c’est pendant les 132 ans de présence de la France que s’est forgée, venue d’innombrables milieux longtemps sans connexions les uns avec les autres, en résistance, l’idée que l’Algérie pourrait un jour, à son tour, devenir une nation indépendante. Ainsi, les sources de ce qu’on appellera beaucoup plus tard le FLN sont multiples, variées, nourries elles-mêmes de mille courants, décentralisées. Il faut se plonger dans toute cette effervescence complexe, en détail, pour comprendre. Ce n’est qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec le massacre de Sétif (8 mai 1945, le jour même de l’Armistice), que commencera à poindre l’idée de fédérer les forces de combat national pour l’Indépendance. En fait, elles ne s’uniront jamais, tant ont toujours été vives les guerres intestines au sein même du FLN, et autres mouvements, avant et APRÈS l’Indépendance.
Au peuple de cette grande et fière nation, qui fête aujourd’hui les soixante ans d’une Indépendance arrachée au prix de tant de sacrifices, j’adresse aujourd’hui mon salut et mon amitié. À eux, et à tous ceux qui, dans le fracas des passions contradictoires, ont aimé la terre et le ciel d’Algérie.
Pascal Décaillet