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  • Vous reprendrez bien un peu de haine ?

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 09.02.22

     

    La haine. C’est leur toute dernière invention. Ils ont déjà ressuscité le mot « race », que nul d’entre nous, ou presque, n’utilisait plus depuis des décennies, peut-être depuis la guerre. Ils nous ont sorti des vieilles citernes le mot « genre », dont ils nous aspergent à toutes les sauces. Et voilà qu’ils nous balancent la « haine ». Pas pour nous parler des personnages de Jean Racine, ni de François Mauriac. Ni des guerres intestines à la famille, dans la tragédie grecque. Mais pour installer ce mot dans le vocabulaire politique. Le principe est simple : dès que vous vous permettez de mettre en cause la puissante novlangue « sociétale », sur les questions de genre ou de couleur de la peau, surgie des campus américains ou des ineffables « chercheurs en sciences sociales de l’Université de Lausanne », ils vous accusent publiquement de produire « un discours de haine ».

     

    Au fond, dès que vous n’êtes pas d’accord avec eux, et que vous avancez une contre-argumentation à leurs propos, principe élémentaire de la liberté d’expression en démocratie, vous devenez à leurs yeux un homme ou une femme « de haine ». Prenez leurs textes, leurs communiqués, courageusement signés d’un « collectif », donc souvent sans le moindre nom propre pour assumer, ils vous inondent de ce grief de « haine ». C’est leur dernier mot, leur ultime argument, leur sentence. Vous, l’opposant à leurs visions, vous êtes un être de « haine », pour la simple raison qu’eux, puissants apôtres sur les thèmes du genre ou de la couleur de la peau, représentent le Bien. Ils sont l’Ange, vous êtes la Bête. Et, comme ils n’ont pas lu Blaise Pascal, ils ne seront jamais sensibles au moindre retournement de l’équation.

     

    Ils nous bombardent le mot « haine », parce que leur seul langage est celui de la morale. Tenez, ils raffolent aussi du mot « honte », par exemple. La haine, la honte : des vocables qui suintent la gravité du confessionnal. Et qui n’ont rien à voir avec les outils lexicaux qui doivent être ceux de l’analyse politique : chercher à comprendre, restituer le mécanisme des causes et des effets, donner la parole à tous, pour mieux restituer l’ensemble. Eux, la parole, ils commencent par vous l’ôter : avec ce mot « haine », appliqué comme un sceau d’infamie, ils vous disqualifient de tout débat possible. Pour un rien, ils invoquent les années trente, vous êtes le fasciste, ils sont le résistant. Vous êtes l’aveugle, qui se laisse envoûter. Ils sont le translucide. Vous êtes le Mal, ils sont le Bien.

     

    Ce cirque, jusqu’à quand ? La réponse est simple : tant que nous ne réagirons pas avec une absolue fermeté, en leur renvoyant le miroir de leur tartufferie, ils continueront. La balle est dans notre camp. Ne rien laisser passer. Les contredire, chaque fois qu’il le faudra. Décrypter calmement leur pitoyable usage de la morale dans le champ politique. Combattre cette mode, impitoyablement. Sans haine, justement. Mais sans relâche. La guerre est culturelle. Ce sera eux, ou nous.

     

    Pascal Décaillet

  • Le temps des atrabilaires

     
    Sur le vif - Mardi 08.02.22 - 15.41h
     
     
    Il est révolu, le temps des superglandus. Éphémères de cocktails. Ectoplasmes. Gluants de mondanité. Finie, l'époque du "réseautage", rien que le mot est à vomir.
     
    Le temps est aux caractères forts. Trempés. Ancrés dans des valeurs. Sales tronches. Cultivés. Solitaires. Sauvages. Bretteurs, bagarreurs, chercheurs d'emmerdes. Aimant le beau et le vrai, la musique, la prosodie. Toujours à en découdre.
     
    Qu'ils aillent se faire voir, les mondains ! Voici venu le tour de piste des atrabilaires. Présentez-leur vos sonnets : ils vous diront ce qu'ils en pensent.
     
     
    Pascal Décaillet

  • La vie sans journalistes ? Mais elle existe déjà !

     
    Sur le vif - Mardi 08.02.22 - 10.03h
     
     
    Les journalistes deviennent malades à l'idée que les gens sont assez grands pour s'informer sans eux.
     
    Assez mûrs pour discerner eux-mêmes la bonne information de la propagande. Celle d'un gouvernement, entre autres exemples.
     
    Assez avisés pour débattre entre eux, commenter eux-mêmes l'actualité, confronter les points de vue.
     
    Le public n'a absolument pas besoin du paternalisme tutélaire de "la presse" pour "se forger une opinion". Nous sommes des hommes et des femmes libres, éduqués, cultivés, dotés de sens critique, capables de révolte face aux doxas dominantes. Nous n'avons nul besoin que des journalistes nous tiennent la main pour nous conduire à leur école, à eux.
     
    Nous lisons des milliers de livres d'Histoire. Nous savons que le réel n'est pas univoque, mais polyphonique. L'une de mes grandes passions : l'Histoire de l'Algérie, entre 1830 et 1962. Pour tenter de se construire une connaissance, il faut tout lire, embrasser toutes les visions : celles des Musulmans, celles des Juifs d'Algérie, celles des colons, celles des résistants, celles des villes, celles du bled lointain, celles des Berbères. C'est la complexité acceptée qui génère la lucidité.
     
    J'ai étudié d'infiniment près l'Histoire du journalisme, de Théophraste Renaudot jusqu'à nous jours. J'ai étudié, comme on sait, l'Affaire Dreyfus, pour une Série historique en 1994. J'ai lu des milliers de journaux de l'époque. On peinerait à faire de moi un ignare des choses de la presse.
     
    Aujourd'hui, je vous le dis, c'est fini. La grande aventure du journalisme, vraiment née au début du 19ème, avec la Révolution industrielle et les Illusions perdues de Balzac, touche à sa fin. Elle aura marqué l'Histoire pendant deux siècles. Encore quelques décennies, que sais-je, on ne meurt pas si facilement.
     
    Mais c'est fini. Le public a besoin d'informations. Besoin de pôles de références, de connaisseurs de tel ou tel sujet. Il a besoin d'esprits cultivés, curieux, ouverts. Besoin de débattre. Besoin du choc des antagonismes. Besoin de donner son point de vue. Tout cela, il peut le faire sans les journalistes. Mieux : il le fait déjà ! Et c'est précisément ce qui transperce les journalistes de jalousie.
     
    Alors, dans une ultime scène de Roi shakespearien tirant sa révérence, ils nous disent : "Nous sommes indispensables à la démocratie".
     
    Ils ne le sont pas.
     
    C'est aussi simple, aussi cruel, que cela.
     
     
    Pascal Décaillet