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  • La pipe, c'est fini !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.02.22

     

    Les jeunes ne s’informent plus ? Totalement faux ! Ils se renseignent, et beaucoup plus qu’on ne l’imagine, mais n’utilisent plus les canaux traditionnels. Ils n’attendent pas, c’est sûr, de se précipiter dans un kiosque pour acheter un journal, rentrer à la maison, et déplier bien sagement le précieux Sésame, sur leurs genoux, une fois assis sur le canapé de leur salon. Ça, c’est fini, et depuis bien longtemps. Le sofa : et pourquoi pas la pipe, tant qu’on y est, et les pantoufles, comme leurs aïeux, quand ils écoutaient la TSF, après leur journée de boulot.

    Que font les jeunes, et d’ailleurs aussi la plupart d’entre nous, beaucoup moins jeunes ? Mais, c’est très simple : nous nous informons principalement sur les réseaux sociaux. Oh, un journaliste de mon âge, soixantaine dépassée, 36 ans d’expérience comme professionnel, devrait vous dire le contraire : noircir les réseaux, les diaboliser. Tout entreprendre pour vous garder sur les médias traditionnels. Eh bien non. Moi, j’aime les réseaux. Je trouve ça génial.

    La nouvelle génération n’a pas besoin que de puissantes équipes rédactionnelles trient à sa place le bon grain de l’ivraie, lui imposent une « hiérarchie » des sujets. Non. Elle aime fureter. Elle est parfaitement capable, sans qu’on lui fasse la leçon, de discerner l’info vérifiée de la fausse nouvelle, l’information de la propagande. Son chemin vers l’info est peut-être saccadé, par rapport à la quiétude du lecteur à la pipe, assis dans son fauteuil. Mais il est actif, lucide, exigeant, critique. Les vieux modèles s’effondrent. Et alors ? La vie est là, qui continue.

     

    Pascal Décaillet

       

     

  • La gauche ne fait plus de politique, mais de la morale

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.02.22

     

    Je ne suis pas un homme de gauche, vous l’avez compris. Pourtant, j’ai toujours respecté la gauche, lorsqu’elle se battait pour l’amélioration des conditions de vie. Combat social, pour la dignité dans le monde du travail, la décence des salaires, le respect des ouvriers, l’accès de tous à l’instruction, aux services de santé, aux sports, aux loisirs. J’ai toujours respecté les socialistes, quand ils s’inscrivaient dans cette démarche-là, et tout autant les communistes : ceux de chez nous, les gens du Parti du Travail, ou les militants du PC français, ou ceux d’Italie. Je n’étais pas d’accord avec ces gens, mais c’était juste une question de curseur : je voulais moins d’Etat qu’eux, moins d’impôts.

     

    Divergences, donc. Mais au fond, nous parlions le même langage. Zola, ça me parle, Jaurès encore plus. La Révolution industrielle, le travail des enfants dans les mines, les combats pour la dignité, les premières conventions collectives (sous Bismarck, déjà !), puis le vingtième, le siècle des assurances sociales : en France, la Sécu, en 45 ; en Suisse, la fantastique aventure de l’AVS (47-48) ; en Grande-Bretagne, les lois travaillistes de l’après-guerre ; en Allemagne, l’immense figure de Willy Brandt, l’homme qui s’est agenouillé, en décembre 1970, devant le Monument du Ghetto de Varsovie. Oui, toute ma vie, j’ai eu, à côté d’autres, des figures de gauche dans mon Panthéon politique. Et le de Gaulle que d’admire est celui des grandes lois sociales de la Libération, de la décolonisation, de l’indépendance algérienne.

     

    Mais tout ça, aujourd’hui, c’est fini. Pourquoi ? Parce que la gauche (à l’exception des communistes, mais combien sont-ils ?) a totalement abandonné le monde ouvrier. Au lieu de faire de la politique, elle fait de la morale. Elle se gargarise de la novlangue des climatistes, ou des ultra-féministes. Elle nous inonde de théorie du genre. Elle se prosterne devant la première mode « sociétale », surgie de tel campus américain, ou des élucubrations de tel « chercheur en sciences sociales à l’Université de Lausanne », catégorie devenue reine sur nos ondes publiques, pour commenter le tout et le rien, le plein et le vide, l’ombre et la lumière.

     

    La gauche d’aujourd’hui guette le moindre de vos propos, toute de jouissance à l’idée de vous prendre en défaut de « dérapage ». A l’idée de vous instruire un procès, sur des questions de genre, de couleur de la peau, d’interprétation de l’Histoire, elle confine à l’extase. Notre gauche morale, sa grande aventure, la plus sensuelle, la plus accomplie, c’est d’organiser des procès en sorcellerie, où elle n’en peut plus de tenir le rôle du Procureur. Ah, déjà le bûcher, déjà la potence, déjà les premières flammes. Les chômeurs ? Les plus précaires d’entre nous ? Les oubliés ? Les travailleurs pauvres ? Elle s’en occupera plus tard ! D’abord, se ruer sur les modes, prendre la posture.

     

    Cette gauche-là, je n’ai rien à lui dire. Juste faire la guerre. Elle est culturelle. Elle sera sans merci.

     

    Pascal Décaillet

  • Ils veulent "trier" à notre place ? Qu'ils s'occupent de nos poubelles !

     
    Sur le vif - Mardi 01.02.22 - 14.51h
     
     
    Notre société a besoin d'informations partagées, de débats, de prises de position assumées. Elle a besoin d'hommes et de femmes courageux, citoyens et citoyennes, de gauche, de droite, d'où vous voulez, qui expriment leurs points de vue. Pour mettre en scène tout cela, elle n'a pas spécialement besoin d'entreprises de presse, avec toute leur machinerie lourdingue.
     
    Elle a encore moins besoin de l'insupportable arrogance de ces apôtres, structurés en "rédactions", qui se prennent pour des Temples de la Bonne Parole. Ils ont l'inimaginable culot de se déclarer eux-mêmes "indispensables à la démocratie", sous prétexte qu'ils "trient" les informations, les "hiérarchisent", à notre place.
     
    Mais nous, les citoyennes et citoyens, nous sommes des hommes et des femmes libres. Nous avons lu des livres, confronté des visions historiques, appris des langues, étudié des métiers, passé nos vies à travailler. Et nous n'avons nul besoin que des "rédactions" constituées, entendez des groupes d'intérêts économiques et corporatistes, "trient", ou "hiérarchisent" à notre place. Nous sommes assez grands, assez mûrs, assez renseignés, assez cultivés, assez rompus à pluralité des idées, pour opérer ce "tri", cette "hiérarchie", nous-mêmes.
     
    C'est cela, l'enjeu du 13 février. Faire comprendre aux apôtres de la Bonne Parole que nous pouvons nous passer d'eux. Ils peuvent continuer à faire tout ce qu'ils voudront, dans leurs "rédactions", nous proposer des prestations payantes (que nous achèterons ou non), éditorialiser dans le sens qu'ils voudront. Nous sommes dans un pays libre.
     
    Mais nous, nous n'avons nul besoin qu'on "trie", ni qu'on "hiérarchise", à notre place.
     
     
    Pascal Décaillet