Commentaire publié dans GHI - Mercredi 02.02.22
Les jeunes ne s’informent plus ? Totalement faux ! Ils se renseignent, et beaucoup plus qu’on ne l’imagine, mais n’utilisent plus les canaux traditionnels. Ils n’attendent pas, c’est sûr, de se précipiter dans un kiosque pour acheter un journal, rentrer à la maison, et déplier bien sagement le précieux Sésame, sur leurs genoux, une fois assis sur le canapé de leur salon. Ça, c’est fini, et depuis bien longtemps. Le sofa : et pourquoi pas la pipe, tant qu’on y est, et les pantoufles, comme leurs aïeux, quand ils écoutaient la TSF, après leur journée de boulot.
Que font les jeunes, et d’ailleurs aussi la plupart d’entre nous, beaucoup moins jeunes ? Mais, c’est très simple : nous nous informons principalement sur les réseaux sociaux. Oh, un journaliste de mon âge, soixantaine dépassée, 36 ans d’expérience comme professionnel, devrait vous dire le contraire : noircir les réseaux, les diaboliser. Tout entreprendre pour vous garder sur les médias traditionnels. Eh bien non. Moi, j’aime les réseaux. Je trouve ça génial.
La nouvelle génération n’a pas besoin que de puissantes équipes rédactionnelles trient à sa place le bon grain de l’ivraie, lui imposent une « hiérarchie » des sujets. Non. Elle aime fureter. Elle est parfaitement capable, sans qu’on lui fasse la leçon, de discerner l’info vérifiée de la fausse nouvelle, l’information de la propagande. Son chemin vers l’info est peut-être saccadé, par rapport à la quiétude du lecteur à la pipe, assis dans son fauteuil. Mais il est actif, lucide, exigeant, critique. Les vieux modèles s’effondrent. Et alors ? La vie est là, qui continue.
Pascal Décaillet