Commentaire publié dans GHI - 05.05.21
Les Verts ? Ils ont maintenant, à Genève, d'innombrables leviers du pouvoir. Au Conseil d'Etat. Au Parlement. Dans une quantité de commissions. Au sein des régies publiques. Ils ont pour eux la presse, en pâmoison. L'air du temps. Le vent des modes. La doxa climatique, irréfutable.
Ils nous imposent leur langage : "urgence climatique", "bilan carbone", "transition énergétique". Et les autres partis, bien penauds, bravaches, reprennent en chœur. Terrorisés par l’idée de déplaire aux Verts.
Les Verts ne sont plus l'opposition, pour peu qu'ils l'aient jamais été. Ils sont le pouvoir. A Genève, ce dernier s'exerce dans la transversalité, l'horizontalité, l'infiltration. Et puis, ils recasent leurs anciens magistrats : quand vous cessez d'être Conseiller d'Etat Vert, vous continuez d'exercer le pouvoir, autrement.
Les Verts sont partout. Fort bien. A nous de les considérer comme le parti du pouvoir à Genève, un peu comparables à ce que furent les bons vieux radicaux vaudois dans les décennies d’après-guerre. Ils détiennent les manettes, tant mieux pour eux. A nous de les toiser, les critiquer, les juger. A nous de nous montrer particulièrement attentifs aux éventuels abus de ce pouvoir, là où il opère. Non parce qu’ils sont les Verts. Mais parce qu’ils sont le pouvoir. Et que tout pouvoir, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, doit nous inspirer lucidité, courage de nous opposer, et viscérale méfiance.
Pascal Décaillet