Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 4

  • Ostpolitik : l'Allemagne choisit son destin

     

    Sur le vif - Samedi 21.12.19

     

    L'Allemagne n'a strictement aucune leçon à recevoir des Américains sur son approvisionnement en énergie. Ni, d'ailleurs, sur quoi que ce soit.

    Trois quarts de siècle d'atlantisme en Europe, particulièrement ravageur sur le destin allemand, ça suffit. Il est temps, largement, que l'Allemagne retrouve le souffle d'un Willy Brandt, celui d'une Ostpolitik des intelligences et des âmes, fondée sur l'Histoire, surtout pas la gloutonnerie vulgaire d'un Kohl, lorsqu'il a avalé d'un coup la DDR, pour lui injecter de force les capitaux de l'Ouest.

    L'Allemagne a raison de regarder vers l'Est pour une partie de ses ressources énergétiques. Et à l'Est, c'est comme ça, il y a un très grand pays, qui s'appelle la Russie. Les nouveaux dominions américains de l'Europe orientale (qui sont dans l'Otan, et n'ont rien à y faire) s'inquiètent de cette collaboration germano-russe. Vieille Histoire, constamment rejouée, sans cesse recommencée. Renseignez-vous sur la Guerre de Sept Ans (1756-1763), vous verrez.

    Les enjeux continentaux sont du ressort des pays du continent européen. Et non d'une grande puissance impérialiste, située au-delà d'un océan, 6000 kilomètres à l'Ouest.

    Et quand on pense que les partisans de l'Union européenne (laquelle, cette fois bien inspirée, condamne l'ingérence américaine) sont les premiers à trouver parfaitement normale l'inféodation de notre continent à l'Oncle Sam !

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le parti de l'étranger

     

    Sur le vif - 19.12.19 - 08.50h

     

    Hallucinant communiqué du PLR suisse qui, face à la montée de l'idée protectionniste en Suisse, parle - c'est même son titre - de "peur irrationnelle de l'étranger".

    Il n'y a ni peur, ni absence de raison. Il y a, au sein du peuple suisse, la prise de conscience, parfaitement argumentée et rationnelle, de l'impérieuse nécessité de protéger d'abord les siens. Protections douanières pour éviter l'invasion de produits concurrentiels pour notre agriculture et notre viticulture. Rééquilibrage du marché intérieur par rapport aux exportations. Priorité aux PME de notre pays. Contrôle des flux migratoires, ce qui ne signifie pas fermeture des frontières.

    À cela s'ajoute le souci de cohésion sociale et de solidarité. Notre petit pays doit s'occuper de lui-même, quitte à se pavaner un peu moins à l'international. Il doit penser aux siens, à son peuple, en priorité. Il doit réinventer ses assurances sociales, baisser les coûts de son système de santé, à commencer par les primes d'assurance maladie. Il doit redéfinir l'impôt, cesser de ponctionner à ce point le travail. Il doit faire baisser la pression sur les classes moyennes.

    Le communiqué du PLR, en parlant de "peur", tente de médicaliser l'adversaire, comme si ce dernier était atteint dans son équilibre mental. J'invite le PLR, parti responsable, à ne pas devenir le parti de l'étranger.

    À ne pas devenir le parti étranger aux souffrances et préoccupations du peuple suisse.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Jeunes militants : la relève est là !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 18.12.19

     

    Je n’ai jamais été un adepte du discours sur les générations : « Les jeunes sont comme ceci, les vieux sont comme cela ». J’avais dix ans en Mai 68, et déjà me méfiais des paroles encensant la jeunesse, tout comme de celles qui la vilipendaient. On me parlait d’un conflit entre classes d’âge, je ne le comprenais pas : ce monde, que mes aînés de dix ou quinze ans rejetaient, convenait parfaitement à l’élève que j’étais. J’aimais la langue française, la grammaire, les exceptions, les hiboux, les joujoux, les poux.

     

    J’aimais passionnément l’Histoire, avec ses guerres et ses traités, et peut-être plus encore la géographie, avec ses fleuves et leurs affluents. Plus que tout, la poésie, apprendre les poèmes, les réciter à haute voix, en étant juste sur la métrique, la prosodie, le souffle, le respect de la ponctuation. Toutes ces valeurs, je voyais bien qu’elles procédaient d’une longue tradition, et n’éprouvais que reconnaissance face aux générations d’avant, qui nous l’avaient transmise. Je ne comprenais pas pourquoi les jeunes de vingt ans la contestaient. Ce fut le début d’un très long malentendu, qui d’ailleurs perdure.

     

    Malgré tout cela, me voilà venant vous dire du bien des jeunes d’aujourd’hui. Pour une raison simple : depuis de longues années, j’ai conçu le projet de donner la parole, tous partis confondus, à la fine fleur de la relève politique. Je m’y emploie, sans relâche. Et suis frappé du rapport que la plupart d’entre eux entretiennent avec le débat politique. Beaucoup plus que nous à leur âge, ils gardent leur calme, argumentent, écoutent l’adversaire, toutes postures qui n’infléchissent en rien leur ligne de combat. Mais à l’ensemble de la bataille, elles donnent un style, un comportement, qui font plaisir à voir et à entendre. Pour tout cela, oui, j’aime infiniment organiser des débats avec des jeunes.

     

    Je note aussi un autre élément : le choc, entre tel jeune militant d’Ensemble à Gauche et tel autre du PLR, ou de l’UDC, est parfois violent, sur le fond, tant les visions du monde divergent. Mais jamais, il ne dérive à l’attaque personnelle, aux coups sous la ceinture, à la démolition de l’autre. Mieux : le tutoiement, aussitôt l’émission terminée, entre ces jeunes adversaires, est enfin de ceux qui sonnent juste. Il ne traduit pas la complicité de barbichette de tant d’aînés, non, il est celui de l’amitié et du respect, au sein d’une génération qui sait l’avenir difficile, notamment dans l’accès à l’emploi. Antagonistes sur les idées, mais solidaires. Il y a là quelque chose de beau.

     

    A l’heure où, dans l’audiovisuel, notamment sur les écrans parisiens, tant de vieux briscards ne se singularisent que pour faire irruption, comme des coqs de combat, voilà, à Genève, une jeune génération qui, sans faire la moindre concession sur le fond, a compris la valeur intrinsèque de l’argument. Et les promesses de qualité d’un débat où l’on s’écoute, plutôt qu’on ne se lacère. Qui s’en plaindra ?

     

    Pascal Décaillet