Dans sa politique au Proche et au Moyen-Orient, la France doit avoir ses options propres, celles d'une longue tradition de dialogue avec le monde arabe ou (en l'occurrence) persan, qui ne doit strictement rendre aucun compte aux États-Unis d'Amérique. Ni à une "communauté internationale" noyautée par Washington.
Perspective intéressante, aussi, pour l'échiquier politique du Proche et du Moyen-Orient. La vieille puissance perse, depuis des siècles, des millénaires, a, tout naturellement, un rôle de premier plan à y jouer. Cela, au-delà du régime qui règne en Iran : les régimes passent, la permanence des intérêts nationaux demeure.
On nous permettra de trouver plus naturelles les tentatives d'arbitrage de Téhéran, dans cette région du monde, que les catastrophiques ingérences armées de Washington, tiens par exemple celle du printemps 2003 contre l'Irak.
On nous permettra, aussi, d'attendre de la France, liée par son Histoire à un monde auquel les États-Unis n'entendent pas grand chose, d'entretenir, avec l'Orient compliqué, des relations choisies par elle-même. Et non dictées par Washington.
La France que nous aimons est celle d'une diplomatie souveraine et non-alignée, nourrie de contacts et de réseaux culturels, renseignée sur l'Histoire et sur les forces en présence. Surtout, défendant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Cela tient en un discours, inoubliable : celui prononcé à Brazzaville, le 30 janvier 1944, en pleine guerre, par un homme seul, sans terre et sans appui : il s'appelait Charles de Gaulle.
Pascal Décaillet