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  • Venus du verbe naître

     

    Sur le vif - Dimanche 19.11.17 - 14.28h

     

    D'ici peu, l'attention obsessionnelle vouée, sous nos latitudes, aux "sujets de société", plus emberlificotés les uns que les autres, et jusqu'à la 767ème reconnaissance du 767ème genre par telle Cour de Poméranie, laissera la place à un retour de quelques fondamentaux, simples et rassembleurs, autour des notions de "Gemeinschaft" et de patrie. La défense d'une communauté humaine, d'un partage de valeurs, au sein de périmètres donnés.

     

    Définis par qui, ces périmètres, ces frontières ? Par le Ciel ? Évidemment que non ! Définis par le long frottement de l'Histoire, les conflits, les guerres, les traités, les accords signés, en fonction du rapport de forces (jamais définitif) d'un moment.

     

    Les contours de nos nations ne doivent pas un seul millimètre au hasard. Ils sont le fruit de chaînes de causes et de conséquences, bref ce que Thucydide (460 - 395 av. JC), dans sa Guerre du Péloponnèse, exprime comme démarche, sans jamais (comme le rappelle le Professeur André Hurst) utiliser le mot "Histoire".

     

    Lorsque le tragique, du Liban ou de Syrie, d'Ukraine ou d'Iran, du Yémen ou de Somalie, revient sonner à nos portes, alors oui - pour une fois j'utilise ce mot - il y a risque de "mondialisation des enjeux". C'est cela que j'entends, lorsque j'écris "Le Proche-Orient, c'est nous".

     

    Mais, paradoxalement, cet élargissement de l'horizon des conflits, jusqu'à nos rivages paisibles, amène les peuples, non à sombrer encore plus dans l'opium d'une appartenance planétaire, mais au contraire, à resserrer les rangs au sein de communautés précises, longuement définies dans l'espace et la durée, tenues par un partage de mémoire, d'émotion, de reconnaissance. C'est cela que, pour ma part, j'appelle la patrie, ou même la nation.

     

    Pas le nationalisme ! La nation, simplement.

     

    Venue d'un verbe latin, qui veut dire naître.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Financer les Pharaons, non merci !

     

    Sur le vif - Samedi 18.11.17 - 09.42h

     

    Thierry Savary, patron de Radio Fribourg, par ailleurs fort agréable à écouter, vient de commettre un autogoal dans l'affaire No Billag, sur la RSR.

     

    Il évoque un très ambitieux projet, très onéreux aussi, de centre multimédias à Fribourg, avec investissement immobilier. Bref, un univers qui relève totalement de l'économie privée, et n'a en aucun cas à être financé par le denier public.

     

    Il en profite pour souligner à quel point ce projet - passablement mégalomane, à première écoute, limite pharaonique - serait en danger, si la redevance disparaissait.

     

    Autogoal ! Si l'opinion publique peut comprendre que la redevance serve à soutenir des programmes, la mise en valeur d'une région, la voix donnée à ses habitants (toutes choses que Radio Fribourg, comme les TV privées régionales, assume fort bien), elle sera beaucoup moins ouverte à apprendre qu'elle doit financer des projets de développement relevant purement de l'investissement privé.

     

    Et c'est tout le drame de No Billag, avec son côté "tout ou rien". La vraie réflexion - je le dis depuis des années - doit porter sur la séparation entre soutien, non à des chaînes entières, mais à des PROGRAMMES, ou prestations journalistiques, jugés d'intérêt public, et, de l'autre côté, la part d'aventure privée des entreprises, qui n'a pas à recevoir un seul centime de subvention.

     

    Idem, lorsque la RTS nous brandit son projet titanesque sur un campus lausannois. On espère que cette aventure sera financée par ses gains publicitaires. La redevance - si elle doit exister - doit soutenir, partout en Suisse, privé ou SSR, la plus-value dans l'ordre du sens (information, débats, reportages, émissions citoyennes ou culturelles, sport de proximité, etc,). Cela, oui. Mais en aucun cas, elle ne doit s'appliquer aux projets d'investissements à risques, ou aux aventures immobilières des uns et des autres.

     

    Elle ne doit pas soutenir, à l'aveugle, des entreprises entières (privées ou SSR, peu importe). Mais, à l'intérieur de chacune de ces entreprises, apporter son appui ciblé à des ACTES JOURNALISTIQUES jugés d'intérêt général.

     

    Une comptabilité rigoureusement séparée, à l'intérieur de chaque entreprise, entre ce qui relèverait de la subvention, et ce qui a trait au risque entrepreneurial dans les investissements, s'impose donc.

     

    Évidemment, nous sommes là dans des considérations un peu plus nuancées, plus professionnelles aussi dans l'approche et l'expérience, que la théologie d'Apocalypse, entre le tout et le néant, le Salut ou la damnation, que nous propose No Billag.

     

    Pascal Décaillet

     

  • L'Orient compliqué

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.11.17

     

    Alors que les Fêtes approchent, un nouveau conflit menace de ravager la région, déjà si meurtrie, du Proche-Orient. Il pourrait, dans le cadre plus large de la rivalité entre Chiites et Sunnites, ces deux grandes familles de l’Islam, avoir comme théâtre d’opérations le Liban. Sur le territoire duquel se trouvent les formations du Hezbollah.

     

    Le Liban ! Ce pays ami, si proche, si cher à nos cœurs. J’ai eu la chance de m’y rendre en 1966, ainsi qu’en Syrie, avant de retourner souvent au Proche-Orient. A cette époque, on comparait le Liban avec la Suisse. Les vallées, la montagne, la mosaïque des peuples, des religions.

     

    La suite, on la connaît : l’intervention d’Israël en 1982, les longues années de guerre civile, le pays déchiré, livré aux factions, l’unité défaite. Sans compter, beaucoup plus récemment, l’accueil d’un nombre impressionnant de réfugiés syriens, suite à la tragédie de ce pays.

     

    Nous, Suisses, devons faire savoir aux Libanais qu’ils sont nos frères, nos semblables. Qu’ils soient musulmans, chrétiens, de telle ou telle tribu, peu importe. Ils sont les enfants d’un pays pluriel. Jamais aussi noir que dans la discorde. Mais jamais aussi beau que dans la rencontre de l’autre.

     

    Nous, Suisses, avons eu la chance, au fil des siècles, de nous construire au-delà de ce qui nous sépare. C’est un petit miracle. C’est cela, là-bas, dans l’Orient compliqué, que nous devons souhaiter à nos amis libanais.

     

    Pascal Décaillet