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  • Genève, ton industrie fout le camp !

    topelement.jpg Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.11.17

     

    Du lundi 6 au jeudi 9 novembre, j’ai consacré quatre éditions successives de Genève à chaud au véritable démantèlement qu’est en train de subir l’industrie genevoise. Je me suis concentré sur l’exemple d’ABB Sécheron, dont on connaît le train de suppressions d’emplois, avec délocalisation d’activités dans la ville polonaise de Lodsz. Mais on peut ajouter Givaudan, fleuron de l’industrie du parfum à Genève. Et tant d’autres exemples ! Au fil des années, que reste-t-il d’un secteur secondaire qui fit, naguère, la fierté de notre canton ? Nos autorités, chargées de l’Economie, ont-elles bien pris la mesure de la gravité des événements ? Se sont-elles montrées anticipatrices ? Ont-elles vu venir les drames sociaux qui menacent certaines entreprises ? Ont-elles, pour l’avenir, la justesse de perspective qui s’impose ?

     

    Il ne s’agit pas de se cramponner à une vision de l’industrie puisée dans l’univers romanesque de Zola, celui des gueules noires, ni d’idéaliser le bleu de travail autour d’une machine de production aux gestes mille fois recommencés. Bien sûr que le monde change ! Pour autant, la métallurgie n’est pas morte. Ni l’extraction de matériau, ni la transformation de ce dernier pour construire des machines, des voitures, des trains, des ascenseurs, des trams, des bus. La preuve : la ville polonaise de Lodsz est jugée digne, elle, de le continuer, ce travail ! Avec, on l’imagine aisément, des salaires et des coûts de productions infiniment moindres que chez nous. Ainsi fonctionnent les multinationales, c’est leur principe, leur logique.

     

    Face à cette conception, planétaire, où le rendement financier l’emporte sur toutes choses, il nous appartient, à Genève comme ailleurs, de réinventer le concept, jugé ringard par une clique de mondialistes, d’économie nationale. Entendez, la production industrielle, ou agricole, au service prioritaire des populations de proximité. Au service des individus, des familles, de la cohésion sociale. Et non au service de l’actionnaire, qui veut optimiser son profit, et peu importerait le lieu de production ! Sécheron, à Genève, c’est notre Histoire, nos émotions d’enfants qui visitaient ces usines, nos proches parfois qui y travaillaient. C’est notre patrimoine, notre mémoire. Au même titre qu’un musée, après tout. Dans les mêmes locaux que j’ai visités au milieu des années soixante comme lieu de production industrielle, j’ai vu, trente ans plus tard, Patrice Chéreau et Pascal Greggory, dans l’inoubliable interprétation de « La Solitude des champs de coton », de Koltès. Sublime grandeur de la friche industrielle, lorsque que la création continue, portée par d’autres énergies, vers d’autres horizons.

     

    C’est cela que Genève doit sauver. L’esprit industriel. Quel que soit le produit fabriqué. Cela passe par des hommes et des femmes, des passions, des risques, de la confiance. Cela, aussi, que nos autorités doivent comprendre : ce capital-là, nourri d’estime et d’inventivité, vaut bien tous les profits du monde, sur toutes les actions, jouées en bourse. Comme on jetterait des perles. A des pourceaux.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Corps célestes

     

    Sur le vif - Lundi 13.11.17 - 09.40h

     

    Pendant que, sous nos braves latitudes apaisées, en Suisse, en France, en Allemagne, on n'en peut plus de débattre de sujets de société, dans l'interminable sillage de Mai 68, avec ses prétendues "libérations", voici que la guerre, la vraie, ne tardera pas à se rappeler à nos bons souvenirs.

     

    La guerre, terrible, avec ses armes, ses cortèges de morts.

     

    Celle qui se prépare au Proche-Orient, avec hélas comme terrain le Liban, sera de nature à retenir nos attentions. Et pourrait exporter ses conséquences, bien au-delà de la région. Le Proche-Orient, c'est nous.

     

    Quant à nous, surtout ne désarmons pas. Le tragique de l'Histoire, toujours, peut revenir, sonner à nos portes. Et réveiller nos consciences gisantes, au milieu de l'errance et de l'amnésie.

     

    Ce jour-là, nos querelles sur le sexe, le genre, la parole inclusive, nous sembleront, d'un coup, si vaines, si périphériques, si luxueuses.

     

    Si célestes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • C'est le jeu, c'est la vie

     

    Sur le vif - Dimanche 12.11.17 - 14.35h

     

    Si tu ambitionnes un acte pamphlétaire, c'est bien, c'est courageux. Mais je te préviens : si c'est un VRAI pamphlet que tu commets, alors tu vas en prendre plein la poire.

     

    Tu veux croquer les puissants, ceux qui abusent de leur pouvoir ? Fort bien. Mais alors, attaque-toi, le plus directement possible, non aux dictateurs qui sévissent à vingt mille kilomètres de chez toi, mais au VRAI pouvoir abusant, chez toi. Dans ton périmètre, ton environnement immédiat. Des gens qui pourront te lire, t'écouter, t'attaquer, te créer des emmerdes, te traîner en justice. Là, oui, tu prends un risque.

     

    Attaque-toi aux pensées dominantes, terrorisantes de consensus, celles qui, chez toi, autour de toi, étouffent tout débat. Là, oui, ton verbe sera au service d'un contre-pouvoir. Mais toi, tu prendras des coups. C'est ainsi que ça fonctionne, c'est le jeu, c'est la vie.

     

    Tu voudrais écrire un pamphlet - ou, beaucoup mieux, le gueuler - dans le microcosme de la Suisse romande ? Très bien. Alors, attaque-toi à ce qui, dans ce creuset-là, bien précis, apparaît dans l'espace public comme inattaquable. Dès lors, il faudra t'attendre, parfois, à défendre ce qui est réputé indéfendable. Et là, plus que jamais, tu prendras des coups.

     

    Tu auras contre toi tes confrères, oui tes pairs, pour avoir commis l'impair. Tu auras contre toi les humoristes, ces grands serviteurs, hélas si souvent, du pouvoir et des convenances, des courants majoritaires, des pressions dominantes. Tu auras contre toi les petits malins des réseaux sociaux, qui n'en peuvent plus de guetter, à l'affût du moindre "dérapage", eh hop, mise au pilori, copie aux Ligues bien pensantes, aux collectifs autoproclamés de défense de toutes les minorités possibles et imaginables.

     

    Tu auras écrit - ou, beaucoup mieux, parlé - et tu auras ligué contre toi ceux-là même dont tu dénonces les collusions. En se ruant sur toi, ils te feront mal. Mais en même temps, ils auront exactement prouvé la justesse de ton propos.

     

    Agiras-tu ? Te tairas-tu ? Tu es libre, totalement libre. Nous sommes tous libres.

     

    Pascal Décaillet