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  • Comète et filiation

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    Sur le vif - Samedi 30.12.17 - 12.04h

     

    Enfant, puis adolescent, j'aimais passionnément les symphonies. A commencer par les neuf de Beethoven, que j'écoutais en boucle. Initié très tôt à Wagner (en Allemagne), j'étais fasciné par l'influence de Beethoven sur les premiers opéras du musicien qui allait jouer, dans ma vie, un rôle si important.

     

    Plus tard, j'ai découvert le lien - le même, si bouleversant - entre Wagner et Richard Strauss. De Buxtehude à Bach, de Mozart au jeune Beethoven, la magie de la transmission. Sur ce thème, qui me travaille, j'aimerais écrire. Tiens, je rêverais de me lancer un jour dans une Histoire des filiations au sein de la musique allemande. À destination du grand public.

     

    Et ce même Beethoven, qui reprend le thème du Judas Maccabée, de Haendel, qu'il désigne (sur son lit de mort) comme "le plus grand des musiciens". Toujours le lien, toujours le legs, la re-connaissance. Vous vous rendez compte : au moment de rendre son dernier souffle, l'homme qui a révolutionné la musique, lui, "la force la plus héroïque de l'art moderne" (Romain Rolland, Vie de Beethoven, 1903), rend hommage... à l'un de ses prédécesseurs ! Comme à un père. Mystère de la filiation. Il ne fait pas table rase du passé : il le sublime, pour le fondre dans l'avenir. Au cœur d'une galaxie de feu.

     

    En vieillissant, j'ai laissé venir à moi le miracle de la musique de chambre. Celle où chaque note, séparément, se perçoit et s'identifie. Aujourd'hui, je ne peux plus m'en passer.

     

    Oh, j'écoute toujours des œuvres pour grands ensembles. Y compris les plus contemporaines. Avec une prédilection pour la toute dernière de Béla Bartók, le Concerto pour orchestre, composée à New York (1943) dans le désespoir et la misère, où la présence de chaque instrument, par elle-même, illumine l'ensemble. Ultime chef d'œuvre d'un géant.

     

    Mais l'attrait des petits ensembles me fascine. Pour le lied, un piano et une voix. Ici un violon, un alto, un violoncelle. Et chaque fois, comme le passage d'une comète, la promesse d'un nouveau monde.

     

    Un jour, quelque part, avec une poignée de passionnés, pour mettre en valeur les jeunes, et placer la musique dans l'ombilic du monde, au coeur du lien de vie, je reconstituerai le Petit Conservatoire.

     

    Pascal Décaillet

     

  • 2018 : une Année qui respire !

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    Sur le vif - Vendredi 29.12.17 - 17.16h

     

    Mes vœux pour 2018 : je nous souhaite à tous une année qui respire.

     

    Une année où il fasse bon vivre. Plaisir à être ensemble. Dessiner des scénarios pour un futur commun. En nous engueulant, parfois. Ca fait du bien. Ca fait partie de la démocratie. Il faut se méfier des eaux trop calmes.

     

    Respirer, au sens de la musique. Et de la poésie, lue à haute voix. Apprendre, dès l'aurore de la vie, ce qu'est une virgule, un point, un point-virgule, une interrogation, une suspension, un "e" muet, celui qu'on compte dans le vers, celui qu'on élide. Apprendre le soupir, la pause, la double croche. Le chemin vers l'oralité, qui est l'une de mes passions, donc celui (par exemple) de la parole radiophonique, se trace doucement, patiemment, dans la mise en succession des syllabes et des silences, des accélérations et ce qu'on retient, du souffle éperdu et de l'immobilité feinte. Ou réelle. La radio est un jeu de vie et de mort.

     

    Notre école, dès le plus jeune âge, a besoin d'organiser le silence et la parole, le "h" qu'on aspire et celui qu'on élide, ou même qu'on élude. Amener l'élève à tenir un discours sur le langage. De mon temps, cela s'appelait la grammaire, et puis l'analyse logique, j'ai toujours trouvé ça génial, en français, en allemand, en latin, en grec. Mais peu importe le nom de ce méta-langage, pourvu qu'il existe. Non pour dominer la langue (quelle illusion, quel étouffement !), mais pour mieux l'embrasser. L'étreindre ? Celui qui prétend à l'oralité doit prendre des risques avec le verbe. Se montrer joueur, avec la mort.

     

    Respirer, dans le regard qu'on porte à l'actualité. Lui donner toute son existence, oui, mais aussi du sens, du champ, de l'arrière-pays. Cela, pour moi, passe par l'Histoire. Mais chacun usera de l'outil qu'il voudra. Pourvu que chaque décrypteur, en plus de nous l'annoncer, cette actualité, nous emmène dans son univers de références à lui. Sa valeur ajoutée. A ce choc de signifiants, personne n'a objectivement raison, encore moins théologiquement, ni mathématiquement. On confronte les subjectivités, on frotte des silex. Peut-être une intelligence collective, entre gens de bonne volonté, triera-t-elle le bon grain et l'ivraie. Je voudrais y croire.

     

    Respirer, chacun d'entre nous, dans son chemin de vie, son rapport à la mort. Respirer face au destin, face à l'inéluctable. Respirer, tant que demeure en nous le moindre souffle qui nous le permette.

     

    Prenez La Fontaine, les Fables, le Héron. Enregistrez-vous. Essayez de le dire juste, ce texte sublime, vous les retrouverez très vite, ces "h" qu'on aspire, ceux qu'on avale, ceux qu'on ignore, ces "h" comme dans "Héron", comme par hasard le titre du poème. Comme par hasard, sur un animal qui a faim. Comme par hasard, un texte où il est question d'avaler, aspirer. Le Héron voudrait manger, il laisse passer ses proies, il ne peut plus. Ne pas manger, à la fin, c'est la mort. Ne pas respirer, aussi. Il faut apprendre à le lire, ce "Héron", de La Fontaine, avec l'exigence absolue de respirer juste, scander juste, donner à chaque virgule, chaque syllabe, l'exactitude de son poids. Enregistrez-vous. Ecoutez-vous, vingt fois, cent fois. Recommencez. Ne boudez ni votre plaisir à l'écoute de votre propre voix, ni votre rage à chaque faiblesse de votre lecture. C'est ainsi que l'on progresse en radio, que l'on avance dans l'ordre de l'oralité.

     

    Oui, je nous souhaite à tous une année de la respiration. Non pour s'extraire du combat. Mais pour donner du corps, du souffle, des poussées de sang et de désir à notre rapport à la vie. Face à la mort.

     

    Excellente Année 2018 à tous !

     

    Pascal Décaillet

     

  • La toute dernière de Billag

     

    Sur le vif - Jeudi 28.12.17 - 15.25h

     

    Toutes les années, je m'acquitte au 1er mai de ma redevance Billag, radio et TV, pour la somme de Fr. 451.10. Là, je l'ai fait, comme toujours, payement effectué le 24 avril 2017, pour la période du 01.01.17 au 31.12.17. Je déteste avoir le moindre retard dans le paiement de mes factures.

     

    Ce matin, dans ma boîte aux lettres, une facture concernant le 2ème semestre 2017 (dûment acquitté le 24 avril, donc), pour la somme de Fr. 225.55.

     

    A l'instant, j'appelle Billag. Je tombe sur un Monsieur très poli. Sous mon nom, avec même adresse de facturation, et autre numéro de client (sorti d'où ?), une fausse date de naissance. Et surtout, une adresse bernoise, que j'ai quittée il y a..... 24 ans et deux mois ! Date à laquelle j'ai cessé d'être correspondant RSR à Berne, pour revenir vivre en Suisse romande !

     

    Bref, un monumental pataquès. Digne de la bureaucratie tsariste à l'époque de Gogol.

     

    Le Monsieur, toujours très poli, me dit de ne surtout pas payer cette facture, qu'il s'agit d'une erreur, qu'il me le confirmera par écrit. Je lui fais confiance, et n'ai rien contre lui.

     

    Mais je me dis quand même que des erreurs aussi colossales doivent, peut-être, exister par centaines. Par milliers ? Il n'y a aucune raison que j'en sois la seule victime.

     

    De là à conclure qu'un certain flottement règne dans cette entreprise...

     

    Cela influencera-t-il mon vote ? La réponse est non. Car je suis un citoyen assez mûr et responsable pour voter sur ce qui m'apparaît comme l'intérêt supérieur du pays, et non sur une anecdote me touchant personnellement.

     

    Mais j'avais quand même furieusement envie de le raconter.

     

    Pascal Décaillet