Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.11.17
J’ai passé mes premières années dans le quartier de Sécheron, il y avait ces usines, qui me fascinaient, elles représentaient pour moi l’avenir, la croissance, et pourquoi pas un emploi futur, que j’imaginais, allez savoir pourquoi, dans l’industrie. Le seul mot « Sécheron », dans ma tête, a toujours été magique, même si le site de production a émigré à Meyrin, la multinationale ABB a englobé tout cela, il demeure un parfum de noblesse, celui de ces années où l’industrie genevoise avait encore des fleurons. De la noblesse, et puis du style.
Aujourd’hui, ce qui se passe sur le site genevois d’ABB Sécheron est une catastrophe. Une centaine d’emplois supprimés, ainsi que 43 postes temporaires, pour cause de délocalisation dans la ville polonaise de Lodsz. D’aucuns se contenteront de hausser les épaules, ils nous diront que c’est la vie, que la bonne vieille industrie de naguère n’a plus sa place à Genève, qu’il faut se reconvertir dans les cleantechs.
Je veux bien. Mais alors, pourquoi la fabrication des mêmes pièces aurait-elle davantage sa place au fin fond de la Pologne ? Parce que la vie y est moins chère ? Les salaires, moins élevés ? Une chose est sûre : le Conseil d’Etat, avec ses deux ministres responsables du dossier, MM Maudet et Poggia, doit entreprendre toutes choses pour trouver une solution. Si la politique économique et sociale d’un canton doit servir à quelque chose, c’est bien sur ce genre d’exemples qu’on en jugera. Les salariés d’ABB méritent au plus haut point qu’on les soutienne. Et l’industrie, y compris lourde, a encore sa place à Genève.
Pascal Décaillet