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  • Oskar écrivain: révélateur et revigorant

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 11.09.13

     

    Une très belle réflexion sur la frontière, le monde fini face aux espaces sans horizons, des citations de Rilke et Nietzsche, un style plus démonstratif et moins baroque que son dernier roman, que j’avais eu le plaisir de préfacer : « De la frontière », d’Oskar Freysinger, qui sort ces jours aux Editions Xenia, est un essai qui vaut le détour. Contrairement à son précédent livre, purement romanesque, on y retrouve, en plus de l’écrivain, un Oskar penseur et un Freysinger homme politique, attaché à une idée de frontière qu'adolescent, il avait voulu abolir, et qu’il a retrouvée, comme pas mal d’entre nous, en prenant de l’âge.

     

    En attaquant ce livre, on a évidemment en tête le chef d’œuvre de Régis Debray, « Eloge des frontières » (Gallimard), dont on retrouve les thèmes. Mais autrement. Avec la plume d’Oskar, son regard à lui, sa fantaisie qui nous trimbale de la sublime « Panthère au Jardin des Plantes » de Rilke, qui scrute le monde de sa cage, à la Cour de Louis XIV, « ce forban qui réussit à convaincre toute une nation que son lever était un acte d’Etat », en passant par les Corneilles de Nietzsche. C’est la grande vertu de cet essai, et c’est toute la trempe d’écriture de cet auteur : le fil du raisonnement, constamment, laisse surgir la puissance de l’image. Procédé évocateur, et capteur d’attention.

     

    La deuxième partie, clairement politique, s’emploie à démolir l’illusion multiculturelle, l’Union européenne, Schengen, se trompe hélas de place du Y dans le mot Libye (pages 54, 55), bref on y retrouve plus prosaïquement le conseiller national militant. C’est de bonne guerre. Au final, 78 pages bien écrites pour un essai révélateur et revigorant.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Campagne: l'arrogance des sortants

     

    Sur le vif - Lundi 09.09.13 - 09.21h

     

    Certains candidats des partis gouvernementaux sortants, légèrement assoupis par des décennies de présence au pouvoir et de partage des prébendes, ne semblent pas exactement avoir compris une chose: nous sommes dans une période d'élections. Donc:

    1) Une élection consiste à élire de nouvelles équipes, avec de nouveaux souffles, de nouvelles visions. Non à reproduire les politiques passées. Le moins qu'on puisse dire est que la législature finissante, littéralement à bout de souffle (au niveau gouvernemental), appelle à une immense respiration pour inventer autre chose, avec d'autres figures.

    2) Il ne sert à rien de s'égosiller en martelant: "Nous sommes gouvernementaux". Nul parti n'est gouvernemental par essence, ni par loi divine. Il l'est, si une majorité du peuple souverain a élu un ou plusieurs représentants de ce parti dans un gouvernement. Rien d'autre que cela. Il n'y a donc aucune onction morale à être "gouvernemental", c'est juste le résultat d'une mécanique électorale. Remise en action tous les quatre (ou cinq) ans. Cela s'appelle la démocratie. A moins qu'on ne préfère la désignation censitaire, façon Restauration, entre gens du même monde. Avec l'argent du patronat pour faire la différence.

    3) Le mépris des installés d'aujourd'hui face aux formations nouvelles, non gouvernementales ou même non parlementaires, dénote une conception bien étrange de la démocratie. Une élection consiste justement à tout remettre en jeu, et il est parfaitement sain que de nouveaux partis (Verts libéraux, PBD, Pirates, et autres) s'essayent à la bataille. A noter, en passant, que le candidat de l'un de ces partis, M. Seydoux, vient véritablement au front avec des propositions précises et concrètes. Notamment une réflexion innovante sur la rétribution de certaines activités. On peut les combattre, ces idées, mais au moins elles existent. Plutôt que de hausser les épaules, certains feraient bien d'affiner la précision et l'originalité de leurs propositions.

    4) Il ne sert à rien de hurler que tel parti "n'a pas de propositions", alors que manifestement il en a, mais que les installés du pouvoir sortant, par un mécanisme de rejet et de déni, n'ont simplement jamais voulu les écouter. On verra bien, si le peuple les entend ou non. On n'a pas à lui dicter sa surdité. Surtout lorsqu'on s'appelle soi-même, depuis plus de sept interminables décennies, "l'Entente".

     

    Pascal Décaillet

     

  • Adieu ma mère, adieu mon coeur

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    Sur le vif - Samedi 07.09.13 - 15.57h

     

    Hier soir, sur la chaîne Toute l'Histoire, remarquable reportage sur quelques Français qui, début juillet 1962, ont choisi de rester en Algérie ! Alors que des centaines de milliers de leurs compatriotes, Pieds-Noirs comme eux, prenaient dans la précipitation le chemin de l'exil.


    Ils ne sont bien sûr qu'une infime minorité à être restés. Certains par idéologie, comme ce Monsieur de près de 90 ans aujourd'hui qui avait, à l'époque française, soutenu le FLN, et dont certains camarades de combat figurent au nombre des guillotinés de 56-57, sous un Garde des Sceaux qui s'appelait François Mitterrand. Cf http://pascaldecaillet.blogspirit.com/archive/2011/01/01/mitterrand-l-algerie-la-guillotine.html .



    D'autres ont choisi de rester par viscéral attachement à la terre natale. Français d'Algérie, Algériens d'origine française, disent-ils. N'entendant pas trancher l'ambiguïté de cette double appartenance en retournant dans une Métropole qu'ils ne connaissaient même pas. Leur terre, leur patrie, depuis 132 ans, c'était le sud de la Méditerranée, pas le nord. Certains, en vertu d'une clause des Accords d'Evian, ont tenté de demander la nationalité algérienne, d'autres pas.



    Deux périodes, très claires: pendant l'ère Ben-Bella (1962-1965), les choses se passent encore bien. Avec le mouvement d'arabisation lancé par Boumediène c'est autre chose. Mais enfin, ils sont restés, traversant cinquante ans d'Histoire d'Algérie post-coloniale, dont les terribles années 90, celles des massacres atroces et d'une véritable guerre civile entre armée et islamistes.



    Sublime reportage, principalement à Oran et Alger, mais aussi chez un paysan, exportateur d'olives. Certains de ces Français ont tenté d'aller vivre quelques années en Métropole. Mais la puissance d'attraction de la terre natale était trop grande: ils sont revenus en Algérie. Pour y vivre. Et pour y mourir.


    Impossible, en voyant ces images et ces témoignages, de ne pas penser à Camus. Ou à Jules Roy: "Adieu ma mère, adieu mon coeur". Pour la vie. Et pour la mort.

     

    Pascal Décaillet