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  • Le PDC genevois, parti de gauche

     

    Sur le vif - Samedi 16.03.13 - 10.41h

     

    C’est un fait objectif, vérifiable. Le PDC, dans le débat budgétaire genevois, est l’allié de la gauche (socialistes et Verts) contre la coalition de droite (PLR-UDC-MCG) qui exige un budget 2013 à l’équilibre. J’ai suivi l’intégralité des débats, hier, et le tableau frontal des couleurs (vert-rouge), lors des votes, rangeait systématiquement le PDC avec la gauche. D’un côté, un bloc qui accepte la permanence d’un déficit de près de 100 millions, avec l’endettement structurel que connaît déjà le canton, donc le poids de la dette pour les générations de nos enfants et petits-enfants. De l’autre, ceux qui refusent cet inéluctable, exigent de l’exécutif et de l’administration (dont des secteurs entiers sont encore pléthoriques) de vraies preuves d’efforts, pour enrayer cette spirale de l’endettement.

     

    Comprenons-nous bien. Ça n’est tout de même pas sur un sujet de détail que le PDC, membre depuis les années trente d’une alliance avec les libéraux et les radicaux qu’on appelle « Entente », s’en sépare pour voter avec la gauche. C’est sur le sujet amiral de l’année parlementaire, le budget ! Nous ne sommes pas là dans des états d’âme humanistes, voire populistes tendance sacristie, dont ce parti a, de façon récurrente, le secret. Nous sommes dans les grands arbitrages de politique financière dessinant l’avenir de notre canton. Et dans ce débat-là, majeur, le PDC se sépare de la droite genevoise. Sur l’acceptation du principe déficitaire, il vote objectivement avec la gauche.

     

    Alors, disons-le tout net. Hier, le bloc de droite a été cohérent. Celui de gauche aussi, dans son combat loyal contre un équilibre qu’il juge fatal à l’exercice de services publics qui lui sont chers. Mais que penser du PDC ? À quel jeu joue ce parti, élu en 2009 pour mener une politique de droite, ou tout au moins de centre droite, allié dans ce combat, comme toujours depuis la guerre, avec les libéraux et les radicaux ? Quel signal délivre-t-il à ses électeurs, et à la population genevoise en général ? Quelle indépendance sa délégation parlementaire, dont la mission est justement de contrôler et corriger les actes du gouvernement et de l’administration, montre-t-elle face au Conseil d’Etat ? Lui serait-elle à ce point inféodée ? Bien plus, et c’est paradoxal, que la députation PLR, dont le refus du premier projet de budget, en octobre 2012, avait constitué un sain affranchissement des élus parlementaires face à la tyrannie verticale, par émissaires noirs interposés, des deux ministres radicaux.

     

    Dans ces conditions, les choix du PDC sur l’objet le plus important de l’année étant ce qu’ils sont, la notion même « d’Entente » a-t-elle encore, en prévision de cet automne, le moindre sens ? Sans doute les principaux intéressés feront-ils comme si la question ne se posait pas. Il n’est pas sûr que ce soit-là, pour eux-mêmes, la meilleure des solutions.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Une journée de budget, en deux ou trois croquis

     

    Sur le vif - Vendredi 15.03.13 - 20.13h

     

    J’ai suivi l’ensemble des débats budgétaires jusqu’à 19h. Ils ne sont pas terminés, et il ne faut voir ici que quelques croquis d’observation, intermédiaires. Voici :

     

    1) Si l’alliance PLR-UDC-MCG tient jusqu’au bout, alors nous aurons vécu, ce vendredi 15 mars 2013, la grande journée de déplacement du curseur. Toutes les majorités, voulues par les hommes forts de l’actuel Conseil d’Etat, notamment François Longchamp, depuis le début de la législature, et à vrai dire un peu avant déjà, s’appuyaient sur le pivot du centre. Disons centre, centre droit, entendez Entente + collaboration occasionnelle des Verts, notamment sur les questions budgétaires. Tout cela, pour mieux ostraciser, pestiférer la Marge UDC-MCG. Eh bien, si le triptyque du débat de ces jours résiste aux pressions et va jusqu’au bout dans son combat pour un budget équilibré, c’est la chance d’une nouvelle alliance qui sera née. Oui, un déplacement du curseur vers la droite.

     

    2) Si les trois partis de cette alliance sont droits dans leurs bottes, ainsi que, de l’autre côté, les socialistes et les Verts (qui ne veulent pas de ces coupes linéaires), que penser du comportement du PDC ? Voilà un parti qui prétend faire campagne, pour le Conseil d’Etat, avec le PLR, et prend, sur le sujet amiral de l’année parlementaire, des orientations d’alliance avec la gauche. Voilà qui n’est pas extraordinairement prometteur pour la dynamique de l’Entente cet automne.

     

    3) La tonalité du débat. Spectaculaire. Drôle, parfois. Théâtrale. Avec un coq de cour nommé Christian Bavarel, obsédé par Stauffer, lui dédiant toutes ses interventions, faisant glousser le ban et l'arrière-ban de ses admiratrices. Une hargne de la gauche, notamment de Mme Bolay, face au camp adverse, comme si ce dernier se rendait coupable de crimes de guerre, alors qu’il s’agit d’arbitrages budgétaires. La dépêche d’Ems, signée d’un haut fonctionnaire, à quelques élus de droite, pour tenter de les ramener à la raison, traduisez de s’aligner derrière le Conseil d’Etat. L’obédience gouvernementale du PDC. Bref, une sorte de Comédie de Charleroi, en un peu moins tragique, plus festif, plus délirant, parfois carnavalesque. Avec le majestueux parfum, omniprésent, de la trahison. Ainsi va la vie.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Terre habitée, maison commune

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 15.03.13


     
    Un homme en blanc, 76 ans, propulsé sous le regard du monde, un destin qui bascule. On me demande ce que j’attends de lui, comme s’il fallait à tout prix attendre que les choses viennent d’en haut. Je ferais mieux de me demander ce que j’attends de moi. Mais enfin, d’un personnage aussi mondialement exemplaire, oui, formulons quelques espoirs. On a souligné sa simplicité, puisse-t-elle continuer. Comme son sens du terrain, sa proximité des plus démunis, nous sommes là au cœur de quelque chose de puissant dans le christianisme, une valeur de l’exemple surgie des Ecritures.


     
    Chaque chrétien rêve-t-il de son pape idéal ? Et si cette forme abstraite, rêvée, se nourrissait des exemples déjà donnés, et qui ne sont, après tout, pas les moindres ? Le sens politique de Léon XIII, la sainteté de Pie X, la bonté de Jean XXIII, la ferveur pastorale de Jean-Paul II, l’ascèse textuelle de Benoît XVI. Catholique, en grec, signifie universel, prenons ce mot à la lettre, sans prétention ni arrogance, juste cette globalité sémantique, cette rotondité planétaire, ou maternelle. La terre, habitée, délimitée, familière et nôtre, la maison commune. Non pour l’occuper tout entière nous seuls, quelle horreur, mais pour y définir notre place, au milieu des humains. Universel, comme l’eau nourricière, la terre porteuse, le feu soudeur, le vent chasseur de nuages.


     
    Je suis pour un christianisme de l’instinct. Nulle démonstration rationnelle ne m’emporte, il me faut l’émotion. Mais aussi, la démonstration de l’action. A cet égard, le choix d’un membre de la Compagnie fondée en 1534 par Ignace de Loyola est tout, sauf innocent. Je veux bien que l’élu, aussitôt de blanc vêtu, oublie ce passé régulier, on ne me fera pas croire que des décennies passées dans l’Ordre n’auront pas façonné jusqu’aux entrailles une dynamique de l’action.  Reste à la mettre en œuvre.


     
    Tout résonne, dans l’irruption de l’Argentin. A commencer par le choix de ce magnifique prénom. Ils sont tous partis sur François d’Assise, le saint universel, dans lequel tout chrétien se reconnaît. Mais enfin, le nouveau pape venant d’où il vient, on nous permettra d’envisager, pour le moins, une lecture équivoque avec Saint François-Xavier, l’Apôtre des Indes, ami d’Ignace, missionnaire de l’Asie, noyau dur de la préhistoire jésuite. Assise, la bonté contemplatrice, Xavier la ligne pure de l’action.


     
    Toute l’Histoire de l’Eglise est là, entre l’inaltérable et la vie qui va, ce qui change et ce qui demeure, ce qui échappe au monde et ce qui se consume d’y participer, au cœur de la fournaise. D’autres parleront de dialectique rénovation-tradition, méditation-action. Tout cela, oui. Avec l’exemple d’un homme, à vrai dire premier des serviteurs. Responsabilité écrasante. Du fond du cœur, je souhaite bonne chance au pape François.


     
    Pascal Décaillet