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Terre habitée, maison commune

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 15.03.13


 
Un homme en blanc, 76 ans, propulsé sous le regard du monde, un destin qui bascule. On me demande ce que j’attends de lui, comme s’il fallait à tout prix attendre que les choses viennent d’en haut. Je ferais mieux de me demander ce que j’attends de moi. Mais enfin, d’un personnage aussi mondialement exemplaire, oui, formulons quelques espoirs. On a souligné sa simplicité, puisse-t-elle continuer. Comme son sens du terrain, sa proximité des plus démunis, nous sommes là au cœur de quelque chose de puissant dans le christianisme, une valeur de l’exemple surgie des Ecritures.


 
Chaque chrétien rêve-t-il de son pape idéal ? Et si cette forme abstraite, rêvée, se nourrissait des exemples déjà donnés, et qui ne sont, après tout, pas les moindres ? Le sens politique de Léon XIII, la sainteté de Pie X, la bonté de Jean XXIII, la ferveur pastorale de Jean-Paul II, l’ascèse textuelle de Benoît XVI. Catholique, en grec, signifie universel, prenons ce mot à la lettre, sans prétention ni arrogance, juste cette globalité sémantique, cette rotondité planétaire, ou maternelle. La terre, habitée, délimitée, familière et nôtre, la maison commune. Non pour l’occuper tout entière nous seuls, quelle horreur, mais pour y définir notre place, au milieu des humains. Universel, comme l’eau nourricière, la terre porteuse, le feu soudeur, le vent chasseur de nuages.


 
Je suis pour un christianisme de l’instinct. Nulle démonstration rationnelle ne m’emporte, il me faut l’émotion. Mais aussi, la démonstration de l’action. A cet égard, le choix d’un membre de la Compagnie fondée en 1534 par Ignace de Loyola est tout, sauf innocent. Je veux bien que l’élu, aussitôt de blanc vêtu, oublie ce passé régulier, on ne me fera pas croire que des décennies passées dans l’Ordre n’auront pas façonné jusqu’aux entrailles une dynamique de l’action.  Reste à la mettre en œuvre.


 
Tout résonne, dans l’irruption de l’Argentin. A commencer par le choix de ce magnifique prénom. Ils sont tous partis sur François d’Assise, le saint universel, dans lequel tout chrétien se reconnaît. Mais enfin, le nouveau pape venant d’où il vient, on nous permettra d’envisager, pour le moins, une lecture équivoque avec Saint François-Xavier, l’Apôtre des Indes, ami d’Ignace, missionnaire de l’Asie, noyau dur de la préhistoire jésuite. Assise, la bonté contemplatrice, Xavier la ligne pure de l’action.


 
Toute l’Histoire de l’Eglise est là, entre l’inaltérable et la vie qui va, ce qui change et ce qui demeure, ce qui échappe au monde et ce qui se consume d’y participer, au cœur de la fournaise. D’autres parleront de dialectique rénovation-tradition, méditation-action. Tout cela, oui. Avec l’exemple d’un homme, à vrai dire premier des serviteurs. Responsabilité écrasante. Du fond du cœur, je souhaite bonne chance au pape François.


 
Pascal Décaillet

 

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