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  • Saviez-vous que Mme Filippetti était ministre de la Culture ?

     

    Sur le vif - Lundi 10.12.12 - 09.43h

     

    Nous avions déjà tous noté qu'Aurélie Filippetti, ministre française de la Culture et de la Communication, n'avait pas nécessairement la trempe de Malraux, ni celle de Jack Lang. Elle vient de le prouver avec éclat, en taxant mon confrère Jean-Pierre Elkabbach de "machisme", parce qu'il avait osé déclarer, l'ignoble individu, que la porte-parole du gouvernement était "une très jolie femme qui s'en occupe avec une très belle langue de bois".


    Si relever les qualités esthétiques d'une personne, c'est être machiste, alors nous sommes quelques centaines de milliers, sans doute, à l'être. Quant à Mme Filippetti, on se réjouit d'entendre de sa part l'annonce d'un quelconque projet audacieux, révolutionnaire, rassembleur, de nature à nous rappeler soit les Maisons de la Culture de Malraux, soit les Fêtes de la Musique de Jack Lang. Quelque chose de fort, qui marquerait son ministère. Autrement que par d'insignifiantes remarques qui fleurent la police du langage. Et celle de la pensée.
     
     
    Pascal Décaillet
     
  • Berlusconi : au peuple italien de décider !

     

    Sur le vif - Dimanche 09.12.12 - 17.08h

     

    Evidemment, ils vont tous lui tomber dessus. Comme des mouches. Avez-vous seulement, ces dernières années, lu une fois un commentaire favorable à Silvio Berlusconi dans la presse romande ? Voilà un homme qui a dominé la politique italienne du dernier quart de siècle, tenu les plus longs mandats de l’après-guerre, plusieurs fois obtenu du peuple italien les majorités nécessaires à former des gouvernements, et à qui notre bonne vieille presse de Suisse romande n’a jamais réussi à trouver la moindre qualité. Parce qu’il incarne une figure de pouvoir fort. Mais aussi, double réussite, donc double jalousie, parce qu’il est très riche. Parce qu’il est, surtout, un homme de droite. Sans trop d’états d’âme, en effet.

     

    Il faudrait reprendre la pâmoison des éditos sur Mario Monti, lors de la chute du dernier gouvernement Berlusconi. Sous couvert de « cabinet de techniciens » (quelle horreur !), on a sanctifié la succession, pour mieux diaboliser le legs. On a déifié l’empire des « techniciens » pour souligner le contraste avec le démiurge partant. On nous présentait cette Restauration du sérieux (vous pensez, un ancien commissaire européen, homme de dossiers) comme la salutaire reconstruction du pays. Comme s’il surgissait des cendres. A peu de choses près, on allait s’inspirer du discours de la Democrazia Cristiana des années De Gasperi après l’aventure du fascisme. Un monde nouveau était à inventer, et le « technicien de Bruxelles » en serait le sorcier. On a vu le résultat.

     

    Le problème, ici, n’est pas l’Italie. Respectons le chemin que cette grande nation, cette grande démocratie voisine de la nôtre, et ô combien amie, voudra bien se donner. Mais justement, respectons-le, ce choix ! J’ignore si Berlusconi reviendra aux affaires, mais une chose est sûre : il appartient au seul peuple italien d’en décider. S’il souhaite, comme il l’a fait tant de fois, confier son destin à une typologie d’hommes différente de la nôtre, c’est son problème. On a eu l’impression, ces vingt dernières années, chaque fois que la démocratie italienne, souveraine, envoyait Berlusconi à la présidence du Conseil, qu’elle commettait une erreur, à en croire nos gazettes. Comme si la masse des millions de votants de la Péninsule se trouvait, par ensorcellement, dénuée de la lucidité qu’auraient, en Suisse romande, nos chers éditorialistes.

     

    Vous allez voir comme ils vont le flinguer. Utiliser ses problèmes judiciaire, sa vie privée, ses histoires de fric, son pouvoir sur les médias, pour noircir une nouvelle fois sa figure. A ce stade, je doute qu’un retour au premier plan soit possible. Mais il appartient à une seule et unique instance d’en décider. Pas aux moralisateurs. Pas aux juges. Mais au peuple italien, souverain, celui qui vote, et qui choisit son destin.

     

     

    Pascal Décaillet

     

     

     

  • Presse de pouvoir

     

    Sur le vif - Samedi 08.12.12 - 10.58h

     

    Avec éclat, la Tribune de Genève confirme ce matin le phénomène que je décrivais hier, ici même. Sur une page 3 complète, la réaction du Conseil fédéral à l'initiative de l'UDC sur l'immigration de masse. Avec interview et photographie de Simonetta Sommaruga. Bref, la voix du gouvernement.



    Lorsque l'initiative a été déposée, avec les signatures, a-t-elle eu droit à une pleine page équivalente?



    L'événement, dans une initiative, ça n'est pas, en premier, le point de vue du Conseil fédéral. Ni celui du Parlement. L'événement, c'est l'initiative elle-même. On pourrait au moins, par souci d'équité, donner le même espace de parole aux initiants qu' au pouvoir établi du moment, lorsqu'il nous dit à quel point, selon lui, l'initiative est mauvaise.



    Cela est valable pour une initiative de l'UDC comme pour une initiative de la gauche ou des syndicats. Cela est valable sur le plan fédéral comme dans les cantons. Le problème, ça n'est pas le Conseil fédéral, ça n'est pas Mme Sommaruga: ils ont bien raison d'utiliser l'espace d'expression qu'on leur offre. C'est de bonne guerre. Tous les gouvernements du monde cherchent à communiquer au mieux leurs points de vue.



    Le problème, c'est la presse. Et jusqu'au statut même de "correspondant parlementaire" (j'en connais un morceau sur le sujet ! ) : certains, à force de traîner leurs escarpins dans la molasse du Palais fédéral, ne se rendent même plus compte que, même lorsqu'ils croient être critiques, leur tonalité, par mimétisme, est devenue celle du pouvoir en place. Ils sont les voix d'une même polyphonie. Ils ne sont pas la voix du choeur, celle qui dans la tragédie grecque représentait le peuple. Ils sont voix de pouvoir au milieu d'autres voix de pouvoir.

     


    Oui, le problème c'est l'obédience d'une certaine presse - celle des grands groupes, notamment - face aux pouvoirs en place. Le mécanisme correctif de l'initiative est justement une géniale invention de notre démocratie suisse pour laisser s'exprimer la base lorsqu'elle n'est pas contente, sur un objet précis, des décisions des corps constitués. Et justement, le jour où un groupe d'hommes et de femmes, ayant bravé la météo et pris sur leur temps libre pour récolter des signatures, en amènent plus de cent mille à la Chancellerie fédérale, on mentionne la chose en bref. Alors que pour la réaction du pouvoir établi, c'est une page 3 complète et un édito qui va dans le même sens.



    Ce qui perdra la presse, en Suisse, c'est la presse elle-même. Son conformisme. Son aplaventrisme devant les pouvoirs en place. Son extrême timidité dans la critiques des puissants. Son manque de réactivité, d'imagination. Son absence de panache. Son incapacité, au sens de l'orgue comme dans celui de la polyphonie, d'émettre véritablement une autre voix.




    Pascal Décaillet