Sur le vif - Vendredi 14.12.12 - 15.38h
Qualifier de "putsch" la majorité parlementaire qui a démocratiquement refusé, il y a quelques semaines, le projet de budget du Conseil d'Etat, relève d'une singulière conception de nos institutions. Et d'une méconnaissance du poids des mots.
Un putsch est une atteinte à l'ordre démocratique. Le putsch des généraux, à Alger, en avril 1961, le putsch de Pinochet contre le gouvernement légitime d'Allende en septembre 1973. Les exemples, dans l'Histoire, ne manquent pas.
L'alliance PLR + UDC + MCG n'est rien d'autre que l'addition parfaitement démocratique de forces, au sein d'une dynamique parlementaire, pour obtenir, sur un objet précis (le budget), une majorité. Il n'y a là rien, mais strictement rien, de putschiste.
Et même en termes "d'alliances naturelles", celle du PLR avec sa droite n'a rien de plus condamnable que celles, ces dernières années, sur des coups précis, de l'Entente avec les Verts, parti de plus en plus illisible, au demeurant, sur la scène politique genevoise.
Qualifier de putsch l'addition de trois groupes pour obtenir une majorité est déjà, en soi, totalement abracadabrant. Lorsque la personne qualifiante émane justement d'un parti ayant multiplié les alliances protéiformes pendant cette législature, cela devient risible. Lorsque cette même personne se trouve être, de surcroît, une députée de la République, dont on attendrait qu'elle pèse un peu ses mots sur les métaphores touchant aux institutions, cela devient simplement inacceptable.
Pascal Décaillet