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  • La régie Renaud

     

    Sur le vif - Jeudi 16.02.12 - 09.58h

     

    Il s'appelle Renaud Michiels, il sévit parfois en page 2 du Matin, toujours dans le sens du vent. Aujourd'hui, exceptionnel courage, il assassine, après 972 autres, en un mois et demi, Mark Muller. Il le flingue, bien tranquille, derrière son ordinateur. Et sa rédactrice en chef le félicitera. Et ses pairs aussi. Et encore, la meute de la doxa, cette chienne qu'on appelle aussi "opinion publique".

    Ce même courage, on se réjouit de le voir, chez M. Renaud Michiels, lorsqu'il osera s'attaquer à sa propre rédaction, sa propre rédactrice en chef, tiens par exemple sur la ligne du journal. Mais la 973ème salve sur Mark Muller, M. Michiels, quelle prise de risque dans le champ éditorial, quelle intrépidité! Je vous salue, Monsieur.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Prix du livre : les mandarins face aux Charbovaris

     

    Mercredi 15.02.12 - 15.28h

     

    Non, non et non ! Il n'y a pas, d'un côté, les partisans du prix unique, qui seraient, eux, des êtres sensibles, aux goûts littéraires puissants, tuant le plus clair de leur temps dans la pénombre des petites librairies. Des olfactifs,  identifiant les yeux fermés, par les seules vertus du finistère nasal, la Collection Blanche, Budé ou Firmin-Didot. Ni de l'autre, cette bande de rustres virtuels, coupés de l'encre et de la sensualité du papier, ne se nourrissant, au mieux, que de romans de gare. Ils seraient des Charbovaris, des Homais, de joyeux connards incultes, rangeant Racine au rayon horticole, Corneille à l'avicole. Non, non et non : les choses sont plus compliquées.

     

    De bons arguments, dans cette affaire sur laquelle nous voterons le 11 mars, il y en a des deux côtés. Qu'il faille des niches protectionnistes en régime libéral, je suis le premier à le prôner, par exemple en matière d'agriculture, de viticulture, d'alimentation, et en bien d'autres. Que le livre ne soit pas une denrée comme une autre, ni d'ailleurs la culture en général, nous en sommes tous d'accord. Mais enfin, faute à vouloir le nationaliser (même la DDR, au demeurant un régime qui a beaucoup fait pour la littérature et le théâtre, s'en était abstenue, c'est dire), il s'agit d'un objet qu'on achète. En Suisse, il me semble que la liberté des prix s'applique. L'exception demandée par les partisans se justifie-t-elle vraiment ? On peut en débattre à l'infini. Le peuple tranchera.

     

    Mais ce mépris, de la part de certains partisans ! Cette ahurissante chronique de mon estimé confrère Christophe Gallaz, dans le Matin dimanche, estimant que les adversaires du prix unique sont des gens « qui ne lisent jamais profondément », ce qui se déduirait de leur posture ! L'argument du clerc, pour réduire en poussière le profane. Le mandarin, face à l'illettré. Alceste, face au sonnet d'Oronte. Et au fond Cyrano, face à Christian. Tout cela, pourquoi ? Désolé, Françoise Berclaz, que j'admire et que j'ai attentivement suivie à Infrarouge, désolé François Pulazza, admirable libraire, désolé mais il faut lâcher le mot : tout cela, oui, au nom d'un protectionnisme cartellaire. Sympathique, certes. Peut-être nécessaire, et si le peuple le vote, je serai le premier à m'incliner. Mais protectionnisme quand même. Aussi chaleureuses, magiques, que soient les petites échoppes (mais combien de milliers d'heures de ma jeunesse n'y ai-je pas passées, amoureux des livres et même, parfois, de la libraire), il n'est pas sûr du tout que la fixation artificielle d'un prix de référence sauvera ce petit monde.

     

    Non, je n'ai pas aimé la manière dont Christophe Gallaz a stigmatisé Philippe Nantermod, dans sa chronique. Non, je n'aime pas l'arrogance de la Cléricature, ces partisans qui seraient les croisés de parcelles sanctifiées d'un monde à sauver. Et qui veulent faire passer les autres pour un mélange d'amnésique barbarie et de crétinisme des montagnes. Une affaire d'iode, sans doute. Oui, je pense voter contre cette loi, après des semaines d'hésitation. Oui, toute ma vie, j'aimerai passionnément les livres. Sans eux, je ne serais rien.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Libérez Nicolas et Mark !

     

    Sur le vif - Mercredi 15.02.12 - 10.05h

     

    "Mark Muller, connais pas!". Tout au plus, le banquier Nicolas Pictet, ce matin 07.59h sur la RSR, avait dû le rencontrer deux fois dans sa vie. Et mon excellent confrère Simon Matthey-Doret obtenait en direct un lâchage de derrière les fagots, comme seuls les patriciens genevois sont capables de nous en concocter. Il est vrai qu'à Genève, les milieux de la banque privée et ceux de l'immobilier n'ont jamais filé le parfait amour. Oui, pour ce conseiller d'Etat, l'ennemi est dans la famille. Le ver, dans le fruit.

     

    Pascal Décaillet