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  • Merci aux élus qui se mouillent !

     

    Sur le vif - Samedi 25.02.12 - 19.35h

     

    La scène d'hier soir, au Grand Conseil, nous vaut depuis quelques heures une grêle de commentaires. De qui ? Des parlementaires eux-mêmes ! De gauche, de droite, sur les blogs, les réseaux sociaux, les députés genevois reviennent à n'en plus finir sur le spectacle... qu'ils ont eux-mêmes donné ! Les deux acteurs principaux, les seconds rôles, les faire-valoir, les figurants, oui tous, les secs et les humides, s'érigent en critiques de leur propre comédie. Hurlent à la démission. Donnent des leçons de morale. Comme s'ils étaient totalement externes à la pièce. Imagine-t-on une critique de théâtre, au lendemain de la première, rédigée par l'équipe des comédiens, elle-même ?

     

    S'exprimer est évidemment leur droit le plus strict. Le nôtre, à tous. Mais nos élus devraient s'interroger sur cette tendance, croissante ces dernières années, à devenir parfois davantage spectateurs de leur propre (parcelle de) pouvoir qu'acteurs. Nous, citoyens, pourquoi les avons-nous élus ? Pour qu'ils travaillent ! Pour qu'ils fassent de la politique. De gauche, de droite, du centre, tout ce qu'ils voudront, mais qu'ils AGISSENT. Dans l'intérêt supérieur de la République. A noter d'ailleurs que les deux antagonistes d'hier, MM Weiss et Stauffer, font précisément partie des députés les plus actifs, ceux qui s'engagent, allez disons même, pour détendre un peu l'atmosphère, « ceux qui se mouillent ».

     

    Oui, ceux qui devraient n'être qu'acteurs passent, de plus en plus, une bonne partie de leur temps à... commenter la politique ! Blogs, réseaux sociaux, ils dissertent au lieu d'agir. Ils sont même de plus en plus nombreux, grâce aux miracles de la technique, à commenter tout en siégeant : ils commentent, en direct, les plénums, et ils commentent même parfois les commissions ! Ils veulent faire le texte et l'apparat critique, le titre, les illustrations, la mise en page. Ils veulent tout faire, eux-mêmes.

     

    Cette tendance a commencé il y a quelques années. Avec les blogs. A lire certains élus, éminents, parfois d'ailleurs d'une plume alerte, on se prend à entrer dans le monde du chroniqueur, en oubliant qu'il est acteur. Et que le plus clair de son temps, il devrait plutôt le passer à inventer des solutions pour le bien commun, rédiger des projets de loi (ce que font MM Weiss et Stauffer), plutôt que se répandre à longueur de journée sur la toile. Certains d'entre eux rêveraient d'un monde où ils feraient tout eux-mêmes : ils prendraient les décisions politiques, les commenteraient eux-mêmes, pourquoi se pourrir la vie avec des médiateurs, des décrypteurs, des éditorialistes ?

     

    A noter que nos deux bretteurs d'hier sont loin d'appartenir à cette catégorie du politicien commentateur de son propre champ d'action. L'un et l'autre, qu'on les aime ou non, qu'on partage ou non leurs idées, sont d'authentiques bosseurs ! Des combattants, courageux. Ça n'était pas, hier, une altercation entre deux médiocres, mais entre deux bons. Ils se sont engueulés ? Et alors ! Bien sûr, M. Stauffer a eu un geste de trop, c'est très clair, mais enfin, j'invite tout de même les gens à aller écouter les propos totalement déplacés, à ce moment du débat, de M. Weiss. Et je regrette que ce dernier ait pu les tenir aussi longtemps sans être remis à l'ordre par le président.

     

    Un incident, donc. Comme il y en a dans tous les parlements du monde. Il n'est écrit nulle part que les élus doivent se comporter en bourgeois de salon. Quand un débat charrie un antagonisme aussi puissant que la question du CEVA et des Français qui tardent à payer, on peut s'attendre à ce que le ton monte. Eh bien, il est monté !

     

    La suite ? Le parlement a un règlement, il est dirigé par un Bureau, qui prendra les décisions qu'il juge nécessaires. Lui seul est souverain. Lui, et non l'opinion publique. Puisse ce Bureau ne pas omettre de considérer l'aspect offensant - voire diffamatoire - et surtout totalement déplacé des propos qui ont mis le feu aux poudres. Parce que ne considérer que l'affaire aquatique, sans prendre en compte la violence de la provocation qui l'avait précédée, ne serait, tout simplement, pas juste.

     

    J'invite mes confrères journalistes, éditorialistes, chroniqueurs, enfin ceux qui ont pour métier de décrypter, à se mouiller un peu sur cette affaire, comme je viens de le faire. Je me réjouis de les lire. Et les cent parlementaires de la République, j'aimerais les voir beaucoup plus travailler sur leurs projets que bavarder à longueur de journées, s'épancher dans les réseaux, spectateurs de leur propre action. Ou inaction. Bosser, oui ! Comme le font, avec ardeur, depuis des années, chacun à a manière, les deux très bons députés, l'un et l'autre habités par le démon politique, que sont MM Weiss et Stauffer.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Genève : l'Entre-Deux-Mondes

     

    Sur le vif - Vendredi 24.02.12 - 18.52h

     

    Quelques siècles après d'autres, mais tout de même, la Tribune de Genève se rend compte ce matin que le Conseil d'Etat 2009-2013 est une catastrophe. Sept personnages en quête de hauteur, avions-nous titré ici, sept individus jetés là, à l'automne 2009, sans le moindre rapport entre eux, sans idéologie commune, sans programme de gouvernement, le Discours de Saint-Pierre n'étant, tous les quatre ans, que le faire-valoir de l'un parmi les sept, écharpe blanche, ombre des Macchabées, heure de gloire.

     

    Dans ces sept, un homme de grande valeur, David Hiler. Certains plutôt bons, d'autres moins, peu importe : il n'y a pas de septuor ! Il n'y a que l'addition de sept unités. Pas de chef permanent. Pas de ligne. Pas de dynamique commune. On gère, çà et là. On additionne les décisions, protocolées, une fois par semaine, dans un document ahurissant, juste énumératif, sans vision ni hiérarchie. J'ai lu intégralement, hier matin, le rapport de gestion 2011 du Grand Conseil, bien plus intéressant, lui, que ces catalogues de vaisseaux de l'exécutif.

     

    Tout cela, dans la campagne de 2009, nous l'avions dit. Car ce qui arrive aujourd'hui était prévisible. Erreurs de casting chez les libéraux et les socialistes : bien sûr que MM Jornot et Tornare eussent dû en être. Erreurs de découpage dans la répartition des Départements : en quoi la ministre de la Police doit-elle s'occuper d'environnement, ou celui des Affaires sociales, de l'Aéroport ? On a coupé à la hache, humilié certains, satisfait les dadas d'enfance des autres : qui d'entre nous, dans les années soixante, n'est pas allé avec son père, un dimanche après-midi, regarder s'envoler les avions, à Cointrin ?

     

    Alors oui, le Conseil d'Etat se regarde voler. Ou planer. Ou dériver. Mais le cockpit est vide. On dira que les cieux traversés ne sont pas les plus cléments : ceux de MM Ducret, ou Grobet, ou Chavanne, l'étaient-ils vraiment davantage ? Non, le problème de ce gouvernement-là n'est ni celui d'un Réveillon, ni celui des TPG, il serait certes un peu celui d'une police sans autorité politique. Mais l'essentiel est ailleurs. Dans la structure ! On a fait alliance, en 2009, entre partis se détestant déjà, on a cru judicieux de bâtir l'équilibre des majorités sur la capillarité des Centres, ici des Verts de plus en plus arrangeants, là l'éternelle souplesse du PDC. On a ostracisé les Marges. On s'est dit qu'ainsi, on allait survivre. On se meurt.

     

    C'est tout un système qui touche à sa fin. L'Entente est morte ce printemps. On se trompe à la dire encore vivace. Les Marges fulminent. Le PDC pactise avec l'éternité. Les Verts collaborent. Les socialistes attendent les cerises. Le PLR fait le spectacle. Ah, ça, oui. L'ancien monde, déjà, n'est plus, et on se demande combien de siècles durera la fin de législature. Le nouveau monde n'a pas encore émergé. Genève nage en eaux troubles, intermédiaires. Nous serions comme des âmes blanchâtres. Nimbées. Dans l'Entre-Deux-Mondes.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Le coup de fil de Claude Nicati à Mark Muller

     

    Jeudi 23.02.12 - 17.20h

     

    Le Conseil d'Etat genevois est plus pressé de voir se réaliser le contournement du Locle (NE) que la traversée du lac ! Dans un entretien que vient d'avoir, aujourd'hui, le conseiller d'Etat neuchâtelois Claude Nicati, chef du Département de la gestion du territoire, avec Mark Muller, Neuchâtel a obtenu des garanties de Genève.

    Dans un mail adressé aujourd'hui, 12.08h, à l'ensemble de la députation neuchâteloise au Chambres fédérales (conseillers nationaux et aux Etats), M. Nicati écrit ceci (le projet H20 est le contournement du Locle) :

    « Je viens d'avoir le Conseiller d'Etat Mark Muller de Genève au fil. Il me confirme que :

    ·         Le gouvernement genevois ne souhaite pas que le projet H20, avec son statut spécial, soit biffé du rapport du Conseil fédéral;

    ·         Que le projet genevois de la traversée de la rade est encore à l'état de projet et nous avons au moins dix ans d'avance.»

     

    En d'autres termes, le Conseil d'Etat genevois ne donne pas l'impression, dans les signaux qu'il donne à d'autres cantons, de se battre férocement pour une traversée du lac qu'il a pourtant inscrite dans ses priorités.

     

    Pascal Décaillet