Sur le vif - Vendredi 16.12.11 - 14.11h
C'est fait. Didier Burkhalter quitte le Département fédéral de l'Intérieur, où il faudra se chausser de lunettes remboursées pour dénicher un début de bilan après deux ans, et passe aux Affaires étrangères. Alain Berset, le nouveau venu, hérite, immédiatement en arrivant, de l'un des ministères les plus lourds, mais aussi les plus concernants pour la population, le Département fédéral de l'Intérieur. Personne, depuis vingt ans, n'y a vraiment réussi : ni Flavio Cotti, ni Ruth Dreifuss, ni Pascal Couchepin, ni justement M. Burkhalter.
C'est un sacré défi pour le Fribourgeois : ça passe, ou ça casse. A son avantage, on dira que l'opinion publique suisse en a plus que marre de la sacro-sainte concurrence entre les caisses, qui s'est avérée une catastrophe, et réclame un retour de l'Etat. Ce sera justement l'enjeu de l'initiative sur la caisse publique, qu'Alain Berset, de son poste ministériel, devra gérer.
Pour le reste, espérons que les Affaires étrangères, qui furent menées de façon active et dynamique (qu'on partage ou non ses choix) par Micheline Calmy-Rey, ne deviennent pas, en Suisse, le Département où l'on roupille. Il ne suffit pas d'être impeccablement habillé, convenable avec tous, soucieux de ne rien déranger, ni personne, pour s'imposer. A cet égard, espérons que nous n'aurons pas à regretter l'ombrageux courage de la dame de Chermignon.
On notera enfin, sans vouloir ethniciser l'affaire, un singulier hasard depuis la guerre : c'est le cinquième Neuchâtelois appelé à diriger la diplomatie suisse. Certains d'entre eux, comme Max Petitpierre, furent parmi nos grands conseillers fédéraux. Il y eut aussi Pierre Graber, Pierre Aubert et René Felber. D'une manière générale, pour réussir en Suisse, mieux vaut être un Neuchâtelois consensuel qu'un Vaudois rougeaud, colérique et impétueux. Fût-il génial. Mais le génie, chez nous, c'est juste bon pour les alpages.
Pascal Décaillet