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Suisse-OTAN : non, non et non !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 04.09.24

 

La souveraineté : c’est la seule chose qui vaille, la mère de toutes les vertus, la définition même d’une nation. Citoyen de ce pays, je milite, vous le savez, pour une Suisse indépendante et souveraine. Si j’étais Français, Allemand, Italien, je mènerais exactement le même combat pour mon pays. Ou bien on veut être un pays indépendant, et on doit être souverain. Ou bien on aspire à appartenir à un plus grand ensemble, et on accepte des domaines de délégation de pouvoirs, donc de subordination. Les peuples germaniques, formatés pendant des siècles par la très grande décentralisation du Saint-Empire, ont longtemps été pour cette deuxième option : on pouvait être dans une principauté, ou un royaume, mais accepter que certains grands arbitrages soient le fait de l’Empereur. Ce choix-là, la Suisse, dans son Histoire, l’a toujours refusé. Tout en entretenant les meilleurs rapports avec ses voisins, notre pays a constamment rejeté l’intégration à un grand ensemble, elle s’en méfie même viscéralement.

 

C’est dans cette lecture-là, avec ce recul historique-là, que nous devons définir notre système de sécurité. Pendant toute l’année 1990, j’ai appartenu à la Commission Schoch (du nom d’un homme remarquable, Otto Schoch, Conseiller aux Etats radical des Rhodes-Extérieures d’Appenzell, hélas aujourd’hui disparu) à qui Kaspar Villiger avait confié la mission de repenser à fond le rôle de l’armée en Suisse. C’était juste après l’initiative du GSSA pour l’abolition de l’armée qui, le 26 novembre 1989, 17 jours après la chute du Mur de Berlin, tout en étant refusée, avait tout de même récolté plus d’un tiers des voix. Pendant tout 1990, nous nous sommes réunis une trentaine de fois, dans toute la Suisse, pour réfléchir, esquisser des scénarios. Déjà à l’époque, la question d’un rapprochement avec l’OTAN se posait. Déjà, je faisais partie de ceux qui disaient non.

 

J’ai pensé à mon très grand bonheur d’avoir appartenu à la Commission Schoch en découvrant, ce jeudi 29 août, à quel point notre actuelle ministre de la Défense, Viola Amherd, avait instrumentalisé une autre Commission, voulue par elle, pour plancher sur nos stratégies de sécurité. A écouter nombre de ses membres, on a l’impression d’un groupe alibi, phosphorant pendant que la ministre, de toute façon, n’en faisait qu’à sa tête, multipliant les signes de rapprochement avec l’OTAN. C’est une erreur majeure : l’OTAN, ça n’est ni un club de gentils, ni une organisation amie, c’est juste le bras armé de la politique américaine en Europe. Or, les Etats-Unis, pays impérialiste et constamment belligérant depuis leur création en 1776, ne sont pas l’ami de la Suisse. Ils ne sont pas notre ennemi, certes, mais désolé, ils ne sont pas non plus notre ami. C’est cela, en parfaite froideur, en totale lucidité, que nous devons constamment avoir à l’esprit. En matière stratégique, nous ne sommes l’ami de personne. Nous devons parler à tous, aux Américains comme aux Russes, aux Palestiniens comme aux Israéliens. Mais au final, lorsqu’il s’agit de notre souveraineté, de notre sécurité suprême, nous ne devons compter que sur nous-mêmes.

 

Pascal Décaillet

Commentaires

  • En effet, les états, quels qu’ils soient, sont des monstres froids: on attribue à de Gaulle la citation suivante: “Les états n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts.

    À fortiori une puissance impériale dominante comme les USA (ou la Russie et la Chine d’ailleurs), vous ne pouvez pas en être l’ami, pas même l’allié; tout au plus le vassal.

  • Pas d'accord Monsieur Levasseur. Ne connaissez-vous pas la politique multipolaire ? La souveraineté nationale, l'indépendance, le respect de l'autre ? Les BRICS et le Sud Global, les 3/4 de la popluation mondiale , , , opposée au mondialisme, à l'hégémonie Etatsunienne !

  • Bonjour Monsieur Décaillet.

    Votre critique unilatérale de l’OTAN me semble un peu courte.
    Si 32 pays font partie de l’OTAN, c’est sans doute pour d’autres raisons que de permettre à cette organisation militaire d’être «juste le bras armé de la politique américaine en Europe », comme vous l’écrivez.

    La constitution de l’OTAN en 1949, par la Belgique, le Canada, le Danemark, les États-Unis, la France, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni. puis son élargissement progressif à 20 autres pays européens, dont les puissances impérialistes et bellicistes bien connues (sic) que sont la Finlande (en 2023) et la Suède (en 2024), sont peut-être être liés à la politique extérieure de la Russie soviétique, depuis 1939 (illustrée notamment par le partage de la Pologne avec l’Allemagne nazie, l’attaque de la Finlande ou l’occupation des trois Etats baltes), puis du comportement extérieur de la Russie ces dernières années, sous sa présidence actuelle (notamment « l’opération militaire spéciale » et la manière dont elle est conduite contre l’Ukraine et sa population).

    Manifestement, si 30 pays européens ont décidé d’être membres de l’OTAN (et le sont pour certains depuis 75 ans !), indépendamment des tendances politiques des gouvernements qui les dirigent, c’est qu’ils considèrent leur sécurité renforcée par ce partenariat de défense collective, dont les USA sont certes la puissance ultra dominante, l’Europe et le Canada ayant privilégié leur modèle social en votant des dépenses militaires devenues historiquement basses (2.7 % du PIB en moyenne pour les pays membres de l’OTAN et 0.7 % pour la Suisse, laquelle bénéficie à l’évidence de la protection offerte par cette organisation, d’où des collaboration ponctuelles, notamment en matière aérienne).

    Que l’OTAN serve aussi les intérêts stratégiques des USA, lui permettant de s’appuyer sur le soutien et les contributions militaires et territoriales d’une trentaine de pays, c’est évident. Mais aussi compréhensible, car si une telle organisation avait (par pur hypothèse) existé en 1914 et en 1939, il est raisonnable de penser que le militarisme de l’Allemagne impériale et hitlérienne aurait été neutralisé dans l’œuf, et les USA n’auraient pas eu à intervenir militairement en Europe pour mettre fin, aux côtés de leurs alliés d’alors (dont l’URSS qu’elle a massivement soutenue en armements et en matériels divers, complétant les efforts de l’Armée rouge et de la population soviétique, dont les souffrances furent énormes), à ces folies meurtrières que furent les 1ère et 2ème Guerres mondiales qui ravagèrent une grande partie du continent européen.

    Bien à vous

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