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Sur le vif - Mardi 30.06.20 - 08.13hIl y a des gens qui détestent Pierre Maudet, et deviennent cinglés dès qu'on prononce son nom. Il y en a, au contraire, qui le suivraient "jusqu'à la mort". Je ne fais partie ni des uns, ni des autres. Je ne regarde que les intérêts supérieurs de l'Etat. Il m'est parfaitement indifférent de savoir si, intrinsèquement, Pierre Maudet est un gentil ou un méchant. La morale, en politique, ne m'intéresse pas. Je me pose une seule question : tel ministre en place (élu pour cinq), quels services peut-il rendre à la République ?Dans cette optique, il m'apparaît parfaitement légitime que Pierre Maudet, conseiller d'Etat chargé des questions économiques, affiche son désaccord face aux errances de son collègue Serge Dal Busco en matière de circulation. Voilà un ministre des Transports qui, dans le catimini de la nuit, a envoyé ses sbires peinturlurer nos rues. Il a, sans la moindre concertation, pris des options rompant gravement la paix fragile établie par son prédécesseur. Il a donné un gage à un camp contre un autre. Il a cédé aux sirènes de la mode, du pouvoir d'un moment. Il a donné à la doxa le baiser aux lépreux. Il a laissé tomber ceux qui l'ont porté au pouvoir. Il est passé à l'Est, avec armes et bagages.Il m'est parfaitement égal que Pierre Maudet se serve de cette affaire comme contre-feu à ses propres déboires judiciaires, ce que laisse entendre le Président du Conseil d'Etat. Nous, les citoyennes et citoyens, laissons cette clique à ses tactiques internes, ne regardons que l'intérêt supérieur. Et là, il faut le dire, Pierre Maudet a parfaitement raison de dénoncer toute la part d'ombre du passage de son collègue dans l'autre camp.Nous, les citoyennes et citoyens, la "collégialité" n'a pas à nous occuper particulièrement. Elle est une affaire interne au collège exécutif. Ce sacro-saint principe n'intéresse d'ailleurs, en Suisse, que la classe politique et les journalistes proches du pouvoir. Le quidam, dans la rue, coincé dans un bouchon par exemple, se contrefout de la "collégialité" ! Ce qu'il veut, c'est circuler. Livrer sa marchandise. Passer sa vie autrement qu'à ronger son frein, en contemplant, à la droite de sa congestion, une piste cyclable vide, juste là comme blason à une idéologie.Oublions tout. Oublions nos propres sentiments pour Maudet. Oublions la morale. Oublions le petit jeu de la route de Chancy. En cet été de grâce, penchons-nous sur des correspondances un peu plus vivifiantes que celles entre MM Brandt et Maudet. Ne regardons que l'Etat, l'intérêt supérieur. Vu comme cela, le coup de gueule de Pierre Maudet contre le peintre nocturne était juste. Et légitime.Pascal DécailletLien permanent Catégories : Sur le vif
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Kosovo : le soliloque de Mme Calmy-Rey
Sur le vif - Dimanche 28.06.20 - 11.57h
La RSR vient de nous offrir une quinzaine de minutes de démission critique et intellectuelle, sur la question du Kosovo, en marge des accusations contre Hashim Thaçi. On n'aborde pas ce thème, qui exige de profondes connaissances historiques, des centaines de lectures sur la complexité balkanique à travers l'Histoire, sur le ton d'un aimable bavardage de bistrot.
On ne laisse pas une Micheline Calmy-Rey, qui n'est en rien observatrice, mais ACTRICE ET RESPONSABLE DEVANT L'HISTOIRE de la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo par la Suisse, s'exprimer comme si elle était une simple commentatrice, sans lui opposer le moindre questionnement, la moindre contradiction, sur SON RÔLE À ELLE, À l'EPOQUE. Sans lui tendre le miroir de son obédience à l'OTAN, donc aux États-Unis d'Amérique, dont l'objectif stratégique a toujours été, dès 1990, de se constituer une tête de pont dans les Balkans. Sans l'interroger sur le rôle des services secrets allemands, à l'époque, dans la région.
On tient sous la main une Micheline Calmy-Rey, qui, à l'époque, a clairement choisi un camp contre un autre. On la laisse s'exprimer comme "chroniqueuse". On lui laisse dire n'importe quoi sur les prétendus droits parlementaires des minorités serbes au Kosovo, depuis 2000. Elle parle. Elle dit la bonne parole. Elle prêche. Et personne, en face, pour la questionner, avec du bagage historique et critique, sur SON RÔLE à elle !
Elle qui a choisi son camp. Engagé la Suisse. Milité pour une option très claire, dont elle aura à répondre devant l'Histoire. On tient sous la main une ACTRICE ! Et on la laisse pérorer, comme une passante délivrée du moindre souci.
Qu'un excellent journaliste comme Michel Audétat, renseigné, cultivé, n'ait pas bondi sur l'occasion pour, tout au moins, renvoyer à l'observatrice son passé d'actrice, est attristant. Solidarité entre chroniqueurs ? Peur du conflit ? Demeurer entre gens de bonne compagnie ? Paix des âmes ?
Qu'on ne parle plus jamais, nulle part, du Kosovo, ni des guerres balkaniques des années 1990, sans avoir lu au moins cent livres sur la question, provenant de TOUTES LES SOURCES, toutes les sensibilités contradictoires de ce nœud de complexité géopolitique. Passionnant ! À condition de faire l'effort de se hisser à un certain niveau de connaissance, d'ascèse intellectuelle, de confrontation des visions, donc de lucidité.
Plus largement, j'émets les plus grands doutes sur ces soliloques de "chroniqueurs" des anciens conseillers fédéraux dans les médias. Une mode, depuis une dizaine d'années. Ils ont été des hommes et des femmes d'action. Ils ont fait des choix, au nom du pays. Si on les invite, ça doit être pour les confronter, avec un arsenal critique, à la pertinence de leurs options. Parce ce que bavarder, donner son avis, tout le monde peut le faire.
Pascal Décaillet
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Balkans : les translucides de la 25ème heure
Sur le vif - Jeudi 25.06.20 - 14.06h
Les exécutions de Serbes, ou de partisans de Rugova, les froides liquidations, le trafic d'organes, les liens avec l'OTAN, le financement par les services secrets allemands, ceux installés par M. Kohl, la manipulation générale de l'opinion publique occidentale, la diabolisation d'un camp pour mieux sanctifier l'autre, ça vous dit quelque chose ?
Moi, oui ! Non seulement ça me dit quelque chose aujourd'hui, mais ça me disait quelque chose en 98-99, au moment des événements ! Et je l'avais dit, parce que j'avais le dossier ! Et j'étais allé sur place ! Et j'avais fréquenté tous les milieux, pas seulement le gentil circuit qu'on organisait pour journalistes. Et ce que j'ai dit, nous n'étions pas beaucoup à le dire ! Parce qu'il fallait absolument que prévale en Europe occidentale la thèse de l'OTAN, avec la complicité de MM Kohl, puis Schröder. Parce qu'il fallait que les Anglo-Saxons se constituent une tête de pont dans les Balkans, le vieux rêve de Churchill ! Là était l'enjeu, sous les paravents de la morale.
Et voilà qu'aujourd'hui, 22 ans après, ceux qui à l'époque soutenaient tout ce gentil monde viennent se pavaner sur les ondes. 22 ans après, ils commencent à découvrir - ou le feignent - toute la part de noirceur d'un milieu qu'ils nous présentaient comme immaculé.
De deux choses, l'une : 22 après, soit ces translucides de la 25ème heure se foutent impérialement de nos gueules ; soit la lenteur argentique de leur révélation les disqualifie à jamais pour toute invention à caractère critique sur l'actualité.
Dans le premier cas comme dans le second, est-il à ce point prioritaire de leur donner la parole ?
Pascal Décaillet
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