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L'immigration : mais parlons-en !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 12.02.20

 

Il y a deux semaines, nous évoquions ici la question passionnante et cruciale de la croissance à Genève. Quel type de croissance ? Comment la contrôler ? Comment construire des quartiers humains et vivables, où les gens ne soient pas entassés dans des cités-dortoirs, mais puissent partager leurs existences, pratiquer sports, loisirs, culture, sans se sentir en perpétuelle périphérie d’un centre historique. La question se posait déjà pour les architectes et urbanistes des années 50 et 60, ceux qui ont imaginé, dessiné, puis construit le Lignon, Meyrin, Lancy, Onex, Vernier, les Tours de Carouge, bref ceux qui ont dû donner des réponses concrètes et construites au baby-boom des Trente Glorieuses, ces années de croissance incroyable de l’après-guerre. L’Histoire de ces architectes, ingénieurs, entrepreneurs, est captivante.

 

J’ai grandi dans cette Genève-là. D’abord, cinq ans et demi, dans la ville historique, au bord du lac, puis seize ans dans un Lancy en pleine expansion. Globalement, cette croissance fut maîtrisée. Rien à voir avec certaines « cités » autour de Paris, Lyon ou Marseille. Mais aujourd’hui, nous devons à nouveau, en profondeur, penser la croissance. M. Hodgers appelle à juste titre à une telle réflexion. Ce ne sera pas facile : à deux reprises, cet automne puis ce dimanche 9 février 2020, le corps électoral a refusé des projets de « déclassements », donc de constructions. Dimanche, c’était dans la région de Cointrin, sur les communes de Meyrin et Vernier. Ces refus, impérativement, doivent être pris en compte. Ils ne signifient pas que le corps électoral ne veut pas construire, mais que la question de la qualité de vie, dans les nouveaux quartiers, est centrale. Nous n’allons tout de même pas nous en plaindre : il s’agit des logements de nos enfants, de nos petits-enfants !

 

Le futur habitat genevois ne saurait, chacun l’a compris, se contenter d’immeubles-barres. Nous n’en avons pas trop à Genève, tant mieux. Mais, puisque le ministre souhaite une réflexion en profondeur, il ne pourra en aucun cas faire l’économie, dans les états-généraux sur la croissance genevoise, de la question migratoire. Genève n’est pas extensible à souhait, elle doit demeurer un lieu où il fasse bon vivre, avec une proportion raisonnable entre nombre d’habitants et surface disponible. Nos terres agricoles, nos forêts, nos zones naturelles, nos biotopes animaux et végétaux, doivent absolument demeurer. Cela ne sera pas possible sans se poser, avec honnêteté et réalisme, la question de l’immigration. Il ne s’agit pas de fermer les frontières, mais de réguler les flux migratoires en direction de notre canton. Ce thème, l’initiative Ecopop l’avait, en son temps, mis sur la table, peut-être pas comme il fallait, mais sur le fond, elle visait juste, même si elle remuait un tabou. Vouloir faire, dans le nécessaire remue-méninges qui s’impose autour de la croissance, l’économie de la question migratoire, sous prétexte qu’elle dérange, constituerait une erreur historique. De grâce, ne la commettons pas !

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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