Sur le vif - Lundi 03.08.19 . 11.14h
Certaines traductions de la Bible en français sont insupportables d'approximation. Certaines phrases, telles qu'elles sont proposées en français, ne veulent carrément rien dire. De quoi détourner le lecteur profane.
La langue française a puissamment besoin du souffle, de l'inspiration et du génie d'un Martin Luther, pour reprendre tout le chantier de traduction, avec au final un texte accessible et clair, dans la langue d'aujourd'hui. Ce chantier, l'immense Réformateur allemand l'avait accompli, en 1522. Ce fut, par la puissance de la langue, l'acte fondateur de l'Allemagne moderne.
Et, en regard du texte traduit , il nous faut la précision documentée d'un apparat critique sur le choix des variantes, l'Histoire de ce qui a été retenu et écarté, les indications d'origine en hébreu et en grec. Ce livre immense - indépendamment des options spirituelles de chaque lecteur - vaut mieux que certains brouets actuels.
Les nouveaux outils de communication, comme évidemment la numérisation, permettent de proposer un texte et ses variantes, l'Histoire des choix d'édition, les correspondances en grec ou en hébreu, le jeu étincelant de renvois du Nouveau à l'Ancien Testament, tout cela accessible sur l'écran. Il faut faire travailler le lecteur, miser sur les lumières de son intelligence, son appétit d'apprendre. Il faut tout lui dire sur ce texte, de la Genèse à l'Apocalypse, tout ce qu'il a d'historique, de politique, de rapports aux pouvoirs d'un moment.
Et puis, surtout, il faut cesser de se le représenter sous la forme exclusive d'un Codex, ou livre relié. Nous sommes en 2019, d'autres moyens d'édition sont nés ! Martin Luther, revenez !
Pascal Décaillet