Sur le vif - Samedi 05.01.19 - 18.45h
Le mouvement des gilets jaunes ne fait que commencer. A peine s'est-il atténué pour les Fêtes, et encore ! Méfions-nous des images du pouvoir, véhiculées par les TV du pouvoir, au premier plan desquelles l'ineffable chaîne continue BFMTV. En vérité, en bien des endroits, notamment en Province, le mouvement n'a strictement connu aucun ralentissement, juste une trêve de Noël.
Nous sommes en 2019, les gilets jaunes sont là, plus que jamais. Et plus que jamais, les médias du pouvoir, ou des coteries parisiennes, continuent de s'inviter les uns les autres, entre eux, en intestine connivence, pour condamner, vouer aux gémonies, traiter de fascistes, des hommes et des femmes qui, simplement, infatigablement, nous clament leurs deux revendications principales : de la dignité, de la démocratie.
Las ! Entre consanguins, on continue de ne frayer qu'entre soi. Quérir la mille-et-unième interprétation d'éditorialistes parisiens ayant fait, depuis Mai 1968, dont ils sont directement issus, mille-et-une fois le tour des mille-et-un salons de la Ville-Lumière.
Comme des guetteurs mélancoliques, ils pourchassent de leurs rêves le moindre "essoufflement" du mouvement. Ah, être le premier à proclamer le début de la fin, la reprise en mains par Macron, la normalisation. Ah, que tout puisse rentrer dans l'ordre !
Quel ordre ? Mais le leur, pardi ! Celui qui préside à leurs colloques, dans les allées du pouvoir. L'ordre libéral, de Macron. L'ordre de l'Euro. L'ordre de Bruxelles. L'ordre des médiateurs, qui expliquent au peuple ce qui est bon, juste, moral. L'ordre des élus. L'ordre des clercs, et des cléricatures. L'ordre de la haute finance, qui a soutenu, avec tant d'ardeur, l'actuel Président, lors de sa campagne en 2017. L'ordre multilatéral. Surtout, ne rien changer. Surtout, que les Gueux fassent moins de bruit. Surtout, qu'ils se calment, on ira jusqu'à Grenelle, s'il le faut !
Surtout, maintenir l'équilibre cosmique entre les médiateurs et le pouvoir. Surtout, ne pas renier Macron,aussi chancelant soit-il. Car, si Macron s'en va, c'est l'irruption du Nouveau Monde.
Et le Nouveau Monde, c'est la peur de leur vie. Accrochés, désespérément, à l'Ancien Régime, dont ils aimeraient, pour l'éternité, demeurer les Fermiers généraux.
Pascal Décaillet