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Aux Jurassiens, mon amitié confédérale

 

Sur le vif - Lundi 05.11.18 - 12.05h

 

J'ai eu vingt ans en juin 1978, c'était à l'époque l'âge à partir duquel on pouvait voter. Mon tout premier vote, au niveau fédéral, et j'en suis tellement fier, fut de dire OUI, un OUI du fond du coeur, en septembre 1978, à la création du nouveau Canton du Jura.

 

J'avais suivi l'affaire bien avant, depuis les plébiscites du milieu des années 70, je n'avais pas encore lu les théoriciens de la Question jurassienne, mais je sentais très fort qu'il y avait, pour les gens de ces districts-là, en tout cas ceux d'entre eux qui le souhaiteraient, une anomalie de l'Histoire (elle date de 1815) à réparer. J'avais fait mon armée à 19 ans, en 1977, il y avait des Jurassiens (encore Bernois, à l'époque, mais autonomistes) dans ma compagnie, j'avais senti leur passion d'avoir un Canton à eux.

 

Je n'ai jamais connu Roland Béguelin, mais j'ai eu la chance, à Berne, de fréquenter et d'interviewer maintes fois François Lachat, l'un des Pères du Canton, un homme de chaleur, de culture et d'humour, celui qui, du balcon, avait crié "Citoyens, Victoire !".

 

Bref, j'ai toujours été favorable au Canton du Jura. En même temps, mon respect pour le Canton de Berne est total, y compris pour les districts du Sud, qui avaient choisi d'y demeurer. L'affaire est complexe, passionnante, les découpages de sympathies (PRO ou ANTI) sont ciselés au scalpel, district par district, commune par commune, famille par famille.

 

Aujourd'hui, je veux dire mon amitié confédérale aux gens de Moutier. Il me semblait que, le 18 juin 2017, ils avaient fait un choix politique clair, même s'il était serré. J'avoue comprendre difficilement les décisions de la Préfète. Surtout, je pense à cette ville où je me suis rendu souvent, notamment pour des décentralisés radio. Je pense à l'état d'esprit des gens qui pouvaient légitimement partir de l'idée que, la chose ayant été tranchée politiquement, on allait pouvoir aller de l'avant. La décision de ce matin remet tous les compteurs à zéro. Il y a de quoi avoir la boule au ventre.

 

Il y a, au fond de moi, une double appartenance. Je suis Genevois, né ici, profondément attaché à la Ville et au Canton de Genève. J'y ai passé toute ma vie, à part mes années à Berne, comme correspondant parlementaire, et de longues périodes en Allemagne, aussi. Et puis, je suis Valaisan. Par mes origines, mes deux parents, et toute l'ancestralité remontante, sur des siècles. Valaisan par le tempérament, le caractère, par toute l'intensité de mes liens familiaux.

 

Étant ces deux choses à la fois, je suis profondément Suisse. Attaché à la pluralité, la diversité, l'impérieuse nécessité des équilibres, tellement fragiles. En cela, je pense que nul Suisse, nulle Suissesse, ne peut demeurer indifférent à la Question jurassienne.

 

Aux gens du Jura, qu'ils soient de Berne ou du nouveau Canton, de Moutier ou d'ailleurs, je veux dire aujourd'hui la profondeur de mon amitié confédérale. Dans la déception d'un débat relancé, comme dans l'ivresse festive des jours de victoire, le citoyen suisse que je suis adresse sa sympathie à ses concitoyens de là-haut, dans ce Nord-Ouest où s'embrassent les cultures. La Suisse et la France. La langue de Verlaine et celle de Hölderlin.

 

Vive le Jura !

 

Pascal Décaillet

 

 

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