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  • Danse de pluie

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.06.17

     

    « Sauveur du monde libre », « président-philosophe », les qualificatifs les plus délirants, venant des plus célèbres plumes de France et de Navarre, n’en peuvent plus de pleuvoir, pour désigner le demi-dieu Emmanuel Macron.

     

    Pleuvoir, oui. Incantation. Danse de pluie. Devant l’homme providentiel, on ne pense plus, on n’argumente plus. On se trémousse. Comme si l’univers éditorial, en langue française, avait perdu la raison. Tout à l’extase de louer le Seigneur de l’Elysée.

     

    Avant la fin du quinquennat, ceux qui reliront ces délices de pâmoison, dans nos journaux de ce printemps 2017, ne pourront retenir l’immense éclat de rire qui, aujourd’hui déjà, devrait s’imposer à toute âme bien née.

     

    Chacun a bien sûr le droit d’aimer le nouveau Président, croire en lui, vouloir faire un bout de chemin en sa compagnie. Là n’est pas la question. Mais tant de courtisans. Tant de prosternations. La France, pays de Voltaire, ne serait plus que miroirs et révérences, Roi Soleil, bruissements de cour, culte d’un homme.

     

    Je vais vous dire le fond de ma pensée : cette mise d’un homme au centre de toutes les attentions, magnifiquement mise en scène dans le Discours de Bayeux (16 juin 1946), je ne suis pas contre ! Si l’être vénéré s’appelle Charles de Gaulle. Mais là, l’objet du désir me semble un peu jeune pour mériter, déjà, pareilles sollicitudes. Un peu jouvenceau, oui. Il lui manque le tragique de l’Histoire. Et quelques cicatrices.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Protectionnisme en Suisse : de quoi se mêle l'UE ?

     

    Sur le vif - Mardi 27.06.17 - 13.39h

     

    Il paraît que la Commission européenne dénonce une "montée du protectionnisme en Suisse".

     

    Eh bien nous, les Suisses, demeurons parfaitement sereins, et dénonçons l'obligation de pensée libérale qui sévit, depuis un bon quart de siècle, au sein de l'Union européenne.

     

    Comme si le libéralisme, le culte du libre-échange, l'abolition de toute préférence à la production locale, dans les pays-membres, étaient consubstantiels à l'idée européenne.

     

    Comme si cette idée d'Europe ne pouvait pas, aussi, se construire sur d'autres bases. Respect des nations, de leurs souverainetés, de leurs frontières. Faciliter les échanges, oui bien sûr, c'est de cela qu'est née la Communauté européenne, à l'époque de la CECA : il s'agissait d'échanger le charbon et l'acier, dans l'immédiate après-guerre, à l'époque des économies fragiles, avec des populations mal nourries, mal chauffées. Pour être très clair, il s'agissait surtout d'aller piquer à vil prix le charbon des Allemands : Vae Victis !

     

    Nous, Suisses, avons assurément une tradition d'exportations et de Commerce extérieur. Mais nous avons aussi, au moins depuis 1848, lentement forgé notre pays sur la cohésion sociale, la subsidiarité, la mutualité, la répartition des richesses, la plus vive attention aux fragilités. Cela, en certaines périodes - et nous y sommes, là, en plein - nous amène, oui, à restaurer des protectionnismes. Quitte à lâcher la bride, quelques années plus tard.

     

    Décider ou non d'une dose de protectionnisme, notamment pour l'agriculture, mais pas seulement, relève, et doit continuer de relever, de NOTRE SEULE SOUVERAINETÉ NATIONALE. Nulle instance externe, et surtout pas l'Union européenne, n'a à nous imposer notre politique, en la matière.

     

    Tout cela, nous Suisses, expliquons-le, très gentiment, très poliment, à nos amis européens. Nous sommes un pays souverain. Nous ne sommes pas membres de l'Union européenne. Nous n'avons aucun compte à lui rendre sur notre organisation interne. Nous souhaitons entretenir avec eux les meilleurs rapports, mais ils doivent juste comprendre qu'ils ne sont pas le bailli. Ni nous, leur sujet.

     

    C'est aussi simple que cela. Et c'est non-négociable. Et, au cas où ils ne comprendraient pas, nous pourrions alors, peut-être, devenir un peu moins polis. En leur suggérant, puisque la question hellénique semble jouer un rôle important dans leurs équilibres internes, d'aller se faire voir chez les Grecs.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • Il n'y a pas d'affaire Barthassat

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    Sur le vif - Dimanche 25.06.17 - 15.07h

     

    Il n’y a pas d’affaire Barthassat. Cette histoire d’amende de 40 francs, infligée le 23 août 2016 à un hôte de la Conférence des Ambassadeurs, et que le conseiller d’Etat aurait tenté de faire sauter, est dépourvue de tout intérêt. Tout au plus, une maladresse. Aucun motif personnel, aucune lésion à l’Etat ni à sa bonne marche. Aucun intérêt. Une fuite, bien orchestrée, dont la source est visible à l’œil nu, pour affaiblir, au sein de la droite, un candidat en pré-campagne pour la réélection du printemps 2018.

     

    Il n’y a pas d’affaire Barthassat. Pas plus qu’il n’y en avait, à Noël, au sujet de son avance de salaire. Il y a, pourtant, beaucoup à dire sur ce ministre. Non sur sa vie privée, qui n’intéresse personne et doit être respectée, ni sur ses gaffes ou dérapages au quotidien, ni sur sa personne, ni sur son style, il a le droit d’être comme il est, c’est son affaire.

     

    Il n’y a pas d’affaire Barthassat. Ou plutôt si. La véritable affaire, pour un analyste politique qui voudra bien élever ses naseaux plus haut que le niveau de l’amer, de la délation et de la manipulation, ce ne sont pas les barthasseries au jour le jour, si délicieuses soient-elles pour les gazettes. Non. C’est le bilan, après bientôt quatre ans, de son Département. Sur le thème qui fâche, qui n’est évidemment pas l’Agriculture, mais la Mobilité.

     

    Jeudi soir, aux Yeux dans les Yeux, je consacrais justement 6 minutes et 29 secondes à ce bilan, en compagnie de la députée socialiste Caroline Marti. Cette jeune et talentueuse parlementaire, se gardant bien de toute attaque personnelle, demeurait dans le champ d’action qui doit être celui de la députation : la mise en cause, sur des thèmes et des exemples précis et étayés, d’une politique publique. C’était ciblé, professionnel. Et d’un autre horizon d’attente que celui du psittacisme, du grec psittacos (le perroquet), consistant à relayer en boucle de pseudos-affaires, lancées par des sources manipulatoires, pour affaiblir un concurrent politique.

     

    Alors oui, sur le bilan, il y a à dire. Gestion clochemerlesque de tout ce qui touche aux TPG, rodomontades de matamore suite à la dernière défaite sur les hausses de tarifs, tartarinades par rapport au tram 12 et à la punition des Carougeois, désaveu par ses pairs (mercredi dernier en Conseil d’Etat, cf. le Courrier) sur les 4,5 millions de crédit complémentaire, création d’une « commission consultative sur la traversée du lac » dont l’aptitude à la palabre surpasse les soirées les plus caniculaires des villages d’Afrique.

     

    C’est sur ces thèmes qu’il convient, si on l’estime nécessaire, de demander des explications au conseiller d’Etat. Mais foncer, tête baissée, puis reprendre en boucle chaque épisode narratif supplémentaire destiné à alimenter la légende de Tarascon d’un ministre sympathique, mais parfois un peu approximatif, c’est faire aveuglément le jeu de ceux qui, à l’interne, voudraient bien voir partir, au printemps 2018, cet encombrant personnage surgi des fières campagnes de notre cher canton.

     

    Ces gens-là ne viennent pas nécessairement des rangs de la gauche. On en trouvera aisément dans la famille, recomposée depuis les années trente pour mieux s’Entendre, du magistrat concerné. Je vous ferais bien un dessin, mais n’ai jamais été capable de tenir un crayon.

     

    Pascal Décaillet