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Préférence nationale

 

Sur le vif - Jeudi 12.02.15 - 15.31h

 

Nous l’avons écrit hier ici même, le Conseil fédéral commence enfin à aller dans le bon sens en mettant en consultation les premiers contingents exigés par le souverain le 9 février 2014. Entre cette décision et ce qu’il faudra négocier avec Bruxelles, la voie sera très étroite. Mais il n’y a pas que la diplomatie. Il n’y a pas que l’extérieur. Il n’y a pas que notre image. Il y a l’essentiel, qui est de l’ordre de la politique intérieure : après des années d’immigrationnisme, des années de libre circulation dont on aimerait bien savoir à qui elle a profité en priorité, des années où un certain patronat a exagérément profité de l’ouverture des frontières (pour des bénéfices bien timidement redistribués), c’est dans une nouvelle ère que la politique économique suisse doit entrer.

 

De grâce, qu’on ne vienne pas nous parler d’une ère de la fermeture : il ne s’est jamais agi de fermer les frontières. Mais une ère de retour à une certaine régulation, oui. Disons, le curseur déplacé dans ce sens. Une ère de valorisation du marché intérieur. Une attention beaucoup plus soutenue aux demandeurs d’emplois suisses, ou tout au moins résidents. Une main tendue aux plus faibles, aux plus délaissés de notre communauté nationale. Une vraie collaboration, enfin, avec les offices cantonaux de placement, pour éradiquer le chômage. Cela, principalement dans un canton comme Genève : trop de chômeurs (record suisse), trop de personnes à l’assistance. Dans le même temps, des dizaines de milliers de passages quotidiens de la frontière. Faut-il être grand clerc pour déceler que quelque chose ne va pas ?

 

Fallait-il vraiment qu’un nouveau parti, sur la scène depuis une décennie, fût si longtemps le seul à le dénoncer, tandis que MM Longchamp & Cie persistaient dans leur dogme de la libre circulation à tout prix, avec leur Grand Genève, leur arrogance, leur sanctification de l’immigration? Fallait-il que le PLR suisse, main dans la main avec le grand patronat (cf. campagne du 9 février 2014), s’obstinât, à n’en plus finir, à nous chanter les louanges de l’ouverture des frontières, le Tessin étant exsangue, de nombreux Genevois délaissés, des milliers de résidents au chômage, l’emploi donné à des personnes venues de l’étranger ? Non, il fallait une réaction venue d’en bas, elle était inévitable : ce fut le 9 février 2014.

 

Aujourd’hui, en dégageant absolument ces deux mots de la paternité et du contexte sémantique de ceux qui, Outre-Jura, furent les premiers à les énoncer, en demeurant dans le total respect des personnes et des peuples, il n’est pas inopportun de parler, en matière d’emploi, de préférence nationale. Cela n’a strictement rien d’incongru : l’écrasante majorité des pays de la planète la prônent et l’appliquent ! Rien de plus normal, pour n’importe quelle communauté humaine ayant établi des règles au sein d’un espace délimité, que de songer en priorité à la prospérité des siens. Il n’y a là nulle xénophobie, nul rejet de l’Autre en tant que tel. Vous avez déjà essayé d’aller travailler en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis ? La Suisse a le droit, comme n’importe quel pays au monde, de contrôler ses flux migratoires. Et de favoriser ses résidents sur le marché de l’emploi.

 

Seulement voilà, il y a le grand patronat. J’insiste, « le grand », et encore pas tous. Mais enfin, il y a certains milieux, dans ce pays, chez qui on aimerait que l’idée de patriotisme économique recommence à signifier quelque chose. Eh oui, l’économie, sa vitalité, ses prises de risques, son inventivité, sa puissance combative, tout cela au service de l’humain. Au service, avant tout, des hommes et des femmes qui sont là. Et non au seul service du profit et des actionnaires. Point n’est besoin d’être de gauche pour aspirer à cela ! Mais soucieux du corps social, oui. Attaché aux grands équilibres qui permettent à la société suisse de vivre bien, dans le respect mutuel, en mettant l’accent sur la qualité du développement commun. La Suisse est un tout petit pays. Une petite fleur fragile. Il faut la cultiver avec douceur. Le respect du terreau y compte pour beaucoup. C’est notre tâche à tous, citoyenne, fière et fraternelle.

 

Pascal Décaillet

 

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