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Halte aux initiatives marketing !

 

Commentaire publié dans GHI - Mercredi 01.10.14

 

Une initiative, rien que pour faire parler de soi. Par exemple, en période électorale. Mentionner le nom du parti qui l’a lancée, le marteler, à n’en plus finir. Tout cela, pour gagner quelques sièges. Et puis, un an plus tard, lorsqu’il s’agit de voter sur le contenu de l’initiative, on se rend compte que près de deux personnes sur trois n’en veulent pas. Le texte échoue. Le camp politique des initiants est divisé. A la cause qu’on se promettait de défendre, on aura fait perdre du temps. Mais au moins, un an avant, en ayant fait parler de soi, on aura pu se renflouer au Grand Conseil. Cette histoire, c’est exactement celle de l’UDC genevoise et de la traversée de la Rade, balayée dimanche 28 septembre par près de 64% des votants.

 

Cette attitude politique n’est pas à la hauteur de notre démocratie directe en Suisse, ce système que la toute première, et à juste titre, l’UDC défend de toutes ses forces. Pas à la hauteur, parce qu’elle dévoie un thème pour en faire une arme de campagne. L’initiative sur la Rade a été lancée juste avant les élections cantonales de 2013, elle a permis de faire beaucoup de pub à l’UDC genevoise, qui d’ailleurs a engrangé de bons résultats au Grand Conseil, mais un an après, elle échouait lamentablement. Il y avait, dans cette démarche, beaucoup de choses qui, dès le début n’allaient pas. En voici au moins deux.

 

D’abord, l’initiative et le référendum, ces armes de ceux d’en bas que tant de voisins nous envient, ne sont pas des gadgets électoraux. Ils sont là pour permettre au peuple de s’exprimer, en profondeur, sur des sujets que les corps intermédiaires auraient mal traités (référendums) ou, pire encore, totalement négligés (initiatives). L’appel au peuple, si important dans notre pays, doit être soit un mécanisme correctif aux décisions parlementaires (référendums), soit l’expression tellurique du suffrage universel (initiatives) sur des lames de fond que toute la cléricature des élus n’aurait tout simplement pas vues venir. On l’a vu avec l’initiative des Alpes, avec Franz Weber, avec les criminels étrangers, avec l’immigration massive. Pour qu’une initiative soit un succès, il faut soit qu’elle passe, soit qu’elle tutoie la réussite (48 ou 49%), pour peser sur la suite. Mais 64% contre elle, c’est l’autogoal.

 

Et puis, dans cette initiative de l’UDC sur la Rade, il y avait un autre problème, dès le départ. Un parti doit proposer un texte sur un thème puissamment contenu dans son bagage génétique : l’UDC sur l’immigration, la gauche sur le social, ou le PDC sur la famille. Mais diable, en quoi les questions de mobilité étaient-elles, antérieurement à ce débat, consubstantielles à l’UDC genevoise ? Réponse : en rien. Cette inadéquation de thème accentue l’impression d’opportunisme électoral, et d’initiative marketing. Le peuple n’en est pas dupe. Au-delà de savoir s’il faut traverser la Rade, ou le lac, ou ne rien traverser du tout, le corps électoral a sanctionné un mode d’action. Quant au MCG, allié de l’UDC dans cette galère, il pourrait bien, désormais, tourner ses regards vers d’autres partenaires, au sein de la droite genevoise, à l’avenir, sur les questions de mobilité.

 

Pascal Décaillet

 

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