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Complexe et savoureuse, la démocratie suisse

 

Sur le vif - Dimanche 28.09.14 - 16.20h

 

Le petit miracle de notre démocratie suisse, c’est que personne n’est jamais humilié lors d’un dimanche de votations. Comme nous votons toujours sur trois ou quatre sujets en même temps, entre les fédéraux, les cantonaux et les communaux, il est rare que nous nous trouvions totalement perdants, ou totalement gagnants. Ainsi, j’étais comme on sait pour la Caisse publique, sans d’ailleurs me faire d’illusion sur le résultat : je perds. Et j’étais contre la traversée de la Rade, version UDC-MCG, étant à fond pour la grande, celle du lac : je gagne. Et l’immense majorité des citoyennes et citoyens de ce pays, ce dimanche, dans un sens ou dans l’autre, dans toutes les combinaisons possibles, sont dans mon cas.

 

Cette pluralité des sujets, ainsi que le triple échelon de notre citoyenneté (communes, cantons, Confédération) est non seulement une incroyable richesse de notre démocratie, mais aussi un facteur de complexité, dans le sens gustatif ou olfactif du terme, qui dissout les peines, atténue les triomphes, nous oblige à considérer le pays dans ses vingt-six composantes (Neuchâtel, les deux Bâle, le Jura, Schaffhouse, Argovie ont, tout autant que Genève, été le lieu d’importants scrutins aujourd’hui).

 

A cet égard, rien ne vaut la lecture des cartes de votations : canton par canton, district par district, commune par commune. Pour les villes, comme Genève, quartier par quartier. J’aime infiniment la délicieuse, la savoureuse complexité de notre démocratie suisse. Au final, il n’y a pas ce soir une Suisse qui gagne, une Suisse qui perd. Non. Il y a un peuple, composé de vingt-six cantons et de centaines de communes, qui a exprimé sa citoyenneté sur de nombreux sujets.

 

Le peuple suisse, qui se frotte depuis tant de décennies à la démocratie directe, et connaît depuis 1919 le scrutin proportionnel, ce vieux peuple multiple et bigarré, aux parlers différents, aux religions diverses, ou sans religion, peu importe, a la chance de bénéficier d’une pratique de la démocratie que beaucoup de voisins lui envient. Tenez, nous sommes bien le seul peuple au monde à connaître, pour les vingt ans qui viennent, les dates des votations fédérales. Nous ne savons pas encore sur quoi nous voterons en 2022, mais nous savons quand ! Etrange et fascinant système, où le calendrier de la liturgie citoyenne précède les contenus. Compatriotes, préservons notre démocratie directe, étendons-la, même, plutôt que de la brider : elle est notre bien commun le plus précieux, la promesse du surgissement renouvelé de la volonté populaire, au-delà du petit jeu des élites, des corps intermédiaires et de tous ceux qui, pour étendre leurs prébendes, voudraient nous la confisquer.

 

Ma dernière remarque sera pour appeler, comme je le fais toujours, à l’acceptation du verdict populaire. Dans certaines réactions, cet après-midi, notamment du côté de l’UDC genevoise, je n’ai pas trouvé ce côté bon joueur qu’ils sont pourtant, tout le reste de l’année, les premiers à appeler de leurs vœux. Quand on se mobilise, depuis plus d’un an, sur un sujet qu’on n’a inventé qu’à des fins électorales liées à l’automne 2013, un sujet si lointain de son patrimoine génétique de parti, on accepte la défaite avec un peu plus de majesté.

 

Pascal Décaillet

 

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