Sur le vif - Lundi 24.02.14 - 08.58h
J'en ai assez d'entendre dire - par les perdants - que le scrutin du 9 février était "émotionnel". C'est scandaleusement faux. Le texte de l'initiative était sobre, clair, factuel. Il évoquait un contrôle et une régulation des flux migratoires. Rien d'autre.
Si on était pour, on votait oui. Si on était contre, on votait non. C'était parfaitement rationnel. L'étranger, l'Autre, l’altérite au sens philosophique ne s'y trouvaient ni qualifiés, ni disqualifiés. Une majorité a voté pour. Parce qu'elle estime, exactement comme le stipule le texte, qu'il est préférable pour l'intérêt supérieur du pays, de son corps social, de réguler les flux migratoires. Rien d'émotionnel. Juste une décision du souverain pour l'avenir de la collectivité suisse.
Le mot "émotionnel" est l'argument désespéré de perdants qui ne savent plus quoi inventer pour justifier leur campagne catastrophique, déléguée à des "milieux de l'économie" dont la pauvreté de discours était flagrante, et finalement leur défaite.
Je suggère aux partisans du oui, dans les débats, de ne plus jamais laisser passer ce mot, "émotionnel", sans contraindre, par le jeu de la rhétorique et de la maïeutique, celui qui le prononce à s'expliquer avec exemples, images et illustrations. L'acculer. Jusque dans les ultimes retranchements d'une sémantique par lui-même tentée. La plus puissante posture, dans une discussion contradictoire, est de brandir à l'adversaire le miroir de ses propres mots. Le reflet de ses maux.
Parce que juste jongler avec des vocables, comme des torches dans la nuit, c'est trop facile.
Pascal Décaillet