Sur le vif - Dimanche 23.02.14 - 10.53h
En peinture comme en journalisme, il y a les modes et les courants. Depuis le 9 février, nos éditorialistes de Suisse romande, ceux-là même qui avaient si passionnément prôné le non, sont dans leur période rose. Passage obligé sur le chevalet de l'artiste: le panégyrique de Didier Burkhalter. Pas un mot sur l'échec de six semaines d'une campagne lancée à grand fracas le jour de l'an, pétaradante de dollars, et finalement fracassée contre la volonté du souverain. Non, pas un mot.
En revanche, dire et redire, à n'en plus finir et se copiant les uns les autres, à quel point nous assistons à l'éclosion d'un "homme d'Etat". L'échec, comme chrysalide. Et le Transfiguré, papillonnant dans les chancelleries d'Europe pour sauver notre pays. Il y aurait donc une vie après la mort, de lumineuses statues de la Renaissance, Didier Imperator, toge romaine, licteurs. On imagine un bronze, Musée du Vatican, porte ouverte sur les jardins ensoleillés, chant d'une mésange.
Je ne serais pas complet si je ne confessais ici avoir fait exactement la même chose, il y a 22 ans, avec Jean-Pascal Delamuraz. Sitôt l'échec du 6 décembre 1992, je fais partie de ceux qui ont culbuté le réel en idéalisant le vaincu. Et je l'ai fait jusqu'à sa mort, en 1998, et au-delà de sa mort.
Je dirais simplement que Delamuraz n'était pas Burkhalter. L'un des deux me faisait rêver. La vie est courte, on tente de choisir ses songes. Même si c'est sans doute le contraire. Bon dimanche à tous.
Pascal Décaillet