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Sept personnages en quête de hauteur

 

Sur le vif - Mercredi 24.08.11 - 17.54h

 

Naître avant même que d'être, voilà donc une nouvelle vertu de Phénix, ce légendaire oiseau qui, comme l'écrit Apollinaire, « s'il meurt un soir, le matin voit sa renaissance ». Phénix, prophétisé à grand fracas, il y a quelque temps,  par Isabel Rochat, magicienne des noms de code, Figaro-ci, Figaro-là, la conseillère d'Etat qui règne par les délicieuses et sataniques vertus de l'Incantation.

 

Phénix, apprend-on aujourd'hui, sera anticipé. Il y aura, plus tôt que prévu, davantage de policiers dans les rues. Sur le fond de la décision, rien à dire : c'est celle que tout le monde attend, que tout le monde demande. Mais sur le tempo politique, quelle catastrophe ! Voilà des semaines qu'à tort ou à raison (cf notre précédente note), le thème de l'insécurité embrase Genève. Voilà des semaines que le Conseil d'Etat, au lieu de donner l'impression de suivisme qui domine la décision d'aujourd'hui, aurait pu prendre les devants. Être en amont, plutôt que courir derrière.

 

Car enfin, quoi ! Si vraiment l'insécurité genevoise augmente, comme le reconnaît aujourd'hui le Conseil d'Etat, fallait-il attendre la fin de l'été pour agir ? Juillet et août seraient-ils des mois morts ? A l'époque des réseaux internet, nulle séance à distance des sept conseillers d'Etat n'est-elle possible ? Avec prise de décision immédiatement exécutive. De qui a-t-on peur ? Des syndicats ?

 

Le résultat de tout cela, c'est un gouvernement qui prend de bonnes décisions, mais qui, hélas, les prend trop tard, donne l'impression de céder à l'air du temps, de courir derrière. De la même manière, ce Conseil d'Etat de beau temps et de personnes bien élevées aura mis des mois et des mois avant de reconnaître enfin la nécessité, en matière de retour à l'emploi, d'une préférence aux résidents. Là aussi, c'était bien, mais c'était tard.

 

Ce qui manque à ce collège, c'est la puissance d'anticipation. Pour les plans quadriennaux et les mouvements lourds, il possède sans doute cette vertu. Pour les décisions plus réactives, qui exigent d'aller vite, il a encore une sensible marge de progression.

 

A coup sûr, un collège dirigé, pour toute une législature, par une personne forte, justement investie des dossiers les plus sensibles (la sécurité, aujourd'hui, en est un), pouvant imprimer sa marque sur le cours des choses, faciliterait la rapidité de réaction. Je parlais tout à l'heure de « tempo ». Voilà qui rappelle l'un de nos plus grands conseillers fédéraux, que j'ai eu l'honneur d'interviewer, à Bâle, en 1993, pour ses 80 ans : il était socialiste et s'appelait Hans-Peter Tschudi. Au pas de charge, animé par une volonté farouche et une éblouissante lucidité de l'action, il a mené la réforme de nos assurances sociales. Sans formules incantatoires. Non. Juste la passion politique.

 

Pascal Décaillet

 

*** PS - 18.49h - A entendre, à l'instant sur la RSR, la réaction de Christian Antonietti, de l'UPCP (Union du Personnel du Corps de Police), on mesure l'ampleur de la pression syndicale sur le monde politique. En République, il est bon que les syndicats existent. Pas qu'ils se substituent eux élus.

 

 

 

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