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François Hollande, 2012

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Mercredi 18.05.11

 

Dans le Nouvelliste du 11 mars dernier, sous le titre « DSK, le candidat des clercs », j’expliquais, assez seul dans l’univers éditorial, pourquoi je ne croyais pas une seconde aux chances du patron du FMI dans la présidentielle de 2012. Je condamnais l’arrogance de l’homme attendant qu’on vienne le chercher (cf Delors, 1995). Je rappelais qu’aucun n’avait atteint l’Elysée sans être chef d’un grand parti. J’exposais les plus grands doutes face aux chances, dans la mentalité électorale française, d’un « enfant prodigue, qui aurait brillé à l’étranger ». Les récents développements de l’actualité, hélas, règlent le problème, ce qui est dommage : j’aurais aimé voir ma thèse se vérifier, ou au contraire s’effondrer, dans le champ politique, non celui du buzz populaire mondial.

 

Je continue de croire que le prochain président de la République française pourrait bien être socialiste, et je confirme le souhaiter. La France n’a plus de président de gauche depuis 1995, Chirac a plutôt bien habité la fonction, après un prédécesseur exceptionnel. Sarkozy, lui, l’a ruinée, cette fonction, il a multiplié les signes d’une droite orléaniste, d’argent, d’apparat, il a reproduit la grande erreur de Giscard. Cette arrogance du paraître, il faudra bien que son camp la paye. D’où la chance, selon moi, des socialistes.

 

Et puis, la France n’est pas un pays libéral. Les hommes d’argent, elle en veut bien, mais dans les banques, pas à l’Elysée. C’est le fruit d’une très vieille tradition, à vrai dire d’Ancien Régime, où le Roi n’est pas Fouquet. Le chef de l’Etat, en France, doit être simple, parler simplement, ne surtout pas étaler ses richesses. Ni Porsche, ni voiture de sport de Giscard, ni diamants de Bokassa : cela colle peut-être à la mentalité italienne, pas à celle de la France.

 

Dans ces conditions, en contraste avec le bling bling style Sarkozy ou DSK, il n’est pas exclu que la France de 2012 donne ses chances à un homme simple, honnête. Par exemple, François Hollande. Incarnation de la province, avec ses années passées à la Mairie de Tulle, sa présidence du Conseil général de Corrèze (le département de Queuille, bien avant d’être celui de Chirac). Incarnation du travail, de la patience, de la fidélité à ses engagements. Ancrage dans le pays profond, qui n’est pas celui des éclats parisiens. Une sorte de Monsieur Tout le Monde, sans rien en lui qui brille, si ce n’est sa détermination croissante dans son chemin vers l’Elysée. Cette France de Hollande me rappelle celle de Bayrou, qui était mon candidat (malheureux !) en 2007. Elle a en elle quelque chose de tranquille et d’incroyablement fort, surgi du Sillon. Survolez une fois la France, de nuit : pendant de longues minutes, on n’y voit parfois aucune lumière. Hors de ce qui scintille, la force d’un destin peut aussi, en certains moments de l’Histoire, avoir ses chances.

 

Pascal Décaillet

 

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