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Liberté - Page 930

  • Conseil fédéral : la vraie nouvelle de la semaine

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    Commentaire publié ce matin dans le Giornale del Popolo - Samedi 12.12.15

     

    Guy Parmelin à la Défense, Ueli Maurer aux Finances : la voilà sans doute, la vraie nouvelle de la semaine ! Plus importante, pour l’'évolution de notre politique fédérale ces prochaines années, que l’'élection, mercredi 9 décembre, du Vaudois Guy Parmelin, plutôt que le Zougois Thomas Aeschi ou le Tessinois Norman Gobbi. Car enfin, cette élection-là s’'est opérée à l’'intérieur du trio proposé par l’'UDC, il n’'y a eu cette fois ni psychodrame, ni tragi-comédie, ni pleureuses sur la Place fédérale, ni dame en noir faisant ses adieux, ni Blocher citant Plutarque et donnant (comme en 1999) « rendez-vous à Philippes ». Non, rien de cela : l’'Assemblée fédérale s’'est contentée, en toute bonhomie, d’élire un Vaudois pondéré et respectable, travailleur, compétent sur ses dossiers. Un paysan qui creuse son sillon. On aurait pu se croire dans une élection de naguère, presque d'’avant-guerre, à la Minger, lorsqu’'on allait chercher au fond de nos campagnes les pères tranquilles de la nation.

     

    Bien sûr, il y a maintenant trois Romands au Conseil fédéral, et… toujours aucun Tessinois ! De Genève, où j'’écris ces lignes, en amoureux des équilibres profonds sans lesquels notre pays n'’existerait pas, je le regrette sincèrement. Il faudra, d'’ici 2019 au plus tard, que cela soit réparé. Et cela le sera, en puisant dans l’'un des grands partis historiques de ce canton : la démocratie chrétienne ou les radicaux. Mais enfin, pour l’'heure, voilà le bon Guy Parmelin au Conseil fédéral. Et le voilà ministre de la Défense !  

     

    N’'en déplaise aux beaux esprits de gauche, qui ironisent déjà sur le caractère léger (et peu chronophage) de cette affectation, c'’est une responsabilité importante qui va incomber au Vaudois. J’'écris ces lignes dans une Genève où le « degré de vigilance » a été élevé, jeudi 10 décembre, par les autorités, suite à des renseignements très précis reçus récemment, et cela nous rappelle que toute société humaine, la Suisse comme n'’importe quelle autre, a le droit et le devoir de se défendre, d'’élaborer une politique de sécurité efficace, moderne, adaptée aux nouvelles menaces. C'’est cela, l’'enjeu de M. Parmelin, et ça n’'est pas rien : il faudra bien autre chose que des chars pour inventer la riposte aux dangers d’'aujourd’hui’ et de demain. A cet égard, se montrer plus audacieux, plus inventif, que M. Maurer ne sera pas inutile.  

     

    Et puis, l'’autre nouvelle, évidemment plus importante, c’est Ueli Maurer aux Finances. Pour la première fois depuis que l'’UDC siège au Conseil fédéral (Rudolf Minger, 1929), ce parti dirigera ce Département-là. C’'est un tournant important pour notre politique suisse, dans ce qui a longtemps été un bastion radical. Regardez, d’'ailleurs, comme doucement le curseur se déplace : Guy Parmelin est le premier Vaudois non-radical depuis 1848 (Henri Druey) à accéder au Conseil fédéral ; Ueli Maurer est le premier UDC aux Finances. Oui, le curseur bouge : il était après tout normal, suite au verdict sans appel délivré par le peuple le 18 octobre, non seulement que l’'UDC ait deux conseillers fédéraux, mais qu'’un Département-clef lui soit attribué : les Finances, assurément, en sont un.  

     

    Il aura du boulot, M. Maurer, dans un Département qui porte la trace de Mme Widmer-Schlumpf. Une femme compétente dans le domaine financier, ancienne Grande Argentière de son canton, mais dont les options internationales ont été, toutes ces années, violemment contestées par l’'UDC. A eux, maintenant, de faire leurs preuves, sur un terrain miné, difficile à l’'intérieur (réforme de l’'imposition des entreprises), comme bien sûr à l’'étranger (relations avec l'’Union européenne). En résumé, la répartition des Départements, annoncée vendredi 10 décembre, parachève l’œ'oeuvre de « normalisation » entamée l’'avant-veille par le Parlement : nous abordons maintenant une législature dans un climat apaisé. Le demeurera-t-il ? Je n'’en jurerais pas. En politique, il est d’'ailleurs préférable de ne jurer de rien.  

     

    Pascal Décaillet  

     

  • DIP : Mai 68 à l'envers

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 09.12.15

     

    Avec ses 11'673 employés, le DIP (Département de l’Instruction publique) est le premier employeur du canton. A ce titre, il est, avec la Santé publique, l’un des postes les plus onéreux de l’Etat. Sa tâche est immense, reconnue par tous d’intérêt public, primordial même : former nos enfants dès le plus jeune âge, écoles primaires, secondaires, apprentissage, Université, etc. Transmettre la connaissance, le savoir-faire, la compétence. Des dizaines de milliers d’élèves, donc des milliers de profs, des spécialistes, du personnel administratif : on n’a rien sans rien. On ne construit pas une Ecole de qualité sans un appui massif de la manne publique.

     

    Tout cela, sur le principe, l’immense majorité des gens en conviennent. Qui de nous aurait intérêt à un affaiblissement de notre système de formation ? Seulement voilà, le temps est aux vaches maigres. Il faut faire des économies. Et on a clairement signifié au premier poste du budget cantonal qu’il devrait, comme les autres, en prendre sa part. Réduction de 5% de la masse salariale de l’Etat sur trois ans, loi « Personal Stop » qui gèle la création de nouveaux emplois : au sein du DIP, on voit venir ces échéances, même si la seconde est combattue par référendum, et l’inquiétude grandit. D’où la participation, le 10 novembre et le 1er décembre, aux journées de débrayage de la fonction publique. Il y avait du monde dans les rues, c’est vrai, mais n’oublions jamais que les manifestations de la fonction publique, aussi joyeusement organisées soient-elles, sont parmi les moins populaires, aux yeux de l’opinion publique.

     

    Pourquoi ? Mais pour mille raisons ! Allez regarder ce qui se passe dans le privé, vous y trouverez une autre précarité ! Pas de garantie d’emploi, pas de travail à vie, pas d’annuité, à moins de bénéficier d’une convention collective qui le stipule. Moins de vacances, de congés. Des boulots plus tendus, liés au rendement. Une participation beaucoup moins généreuse de l’employeur à la caisse de pension. Et en plus, comme contribuable, on doit renflouer le deuxième pilier des employés de l’Etat ! Ça fait beaucoup. Largement assez pour n’apitoyer que très modérément les employés du privé sur le sort de ceux de l’Etat. Ne parlons pas des indépendants, des petits entrepreneurs, qui mettent tout dans leur boîte, craignent de tomber malades, se démènent dans la jungle des charges sociales, etc.

     

    Alors voilà, l’esquisse de chienlit (oh, nous n’en sommes pas encore à Massu et Baden-Baden) qui a pu, çà et là, perler cet automne, profs qui débrayent, élèves qui contre-débrayent, ministre qui rompt la collégialité, climat de revanche droitière sur certains bancs libéraux du Grand Conseil, tout cela ne renforce pas l’autorité de l’Etat. Et lorsqu’on voit des élèves faire grève… contre la grève de leurs profs, on se dit qu’on assiste à un étrange Mai 68 à l’envers, où le pire désordre ne provient pas de ceux qu’on croit. Comme si la raison avait sauté une génération. Comme si la République prenait plaisir à nous montrer qu’elle n’est jamais exactement où on croit. Plus forte que les intérêts sectoriels. Mais toujours, du côté du besoin de transmission, de connaissance, en un mot d’élévation. Bravo les jeunes.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Tiens, une élection normale !

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    Sur le vif - Mercredi 09.12.15 - 14.34h

     

     

    Les six conseillers fédéraux sortants réélus sans problème, le septième choisi dans le trio proposé par l’UDC, nous venons d’assister à une forme d’événement que nous avions un peu perdue de vue, depuis deux décennies : une élection normale. Prélude, peut-être, à une législature apaisée, en tout cas sous la Coupole fédérale, entre l’UDC et les autres partis, notamment le PLR, ce que nous annonçons ici depuis des semaines.

     

    Une élection normale ? C’est loin d’être toujours le cas ! Et il n’y a pas à mythifier un passé, qui aurait été plus sage : le grand Tschudi, socialiste bâlois élu en 1959, n’était pas le candidat officiel des socialistes (c’était Bringolf) ; le radical vaudois Georges-André Chevallaz, lui aussi, avait grillé la politesse en 1973 au Genevois Henri Schmitt ; le socialiste bâlois Otto Stich à la Zurichoise Lilian Uchtenhagen en 1983; sans parler de la tragi-comédie Brunner-Matthey-Dreifuss en 1993; les exemples sont nombreux.

     

    Élection normale : pour la première fois depuis la montée en force de l’aile Blocher, l’Assemblée fédérale fait l’économie d’un psychodrame : en 1999, Christoph Blocher, non élu, cite Plutarque, et nous donne « rendez-vous à Philippes ». En 2003, il ravit la place de Ruth Metzler, en 2007, c’est la conspiration autour de Mme Widmer-Schlumpf, en 2011 la Grisonne est réélue, donc pas de deuxième conseiller fédéral UDC.

     

    Élection normale : l’heureux élu, Guy Parmelin, n’est autre que le premier conseiller fédéral vaudois non-radical depuis Henri Druey, dans la toute première équipe de 1848. Il est aussi le premier UDC romand à occuper un tel poste. C’est important, pour la progression du curseur, au sein des familles de droite, dans notre vie politique suisse. Cela parachève l’ancrage de l’UDC en Suisse romande, lui donnera des relais, permettra d’éviter l’immense erreur de la lecture ethnique : « UDC = Suisse alémanique ». En clair, comme parti national, ayant été capable de présenter des candidats dans trois régions linguistiques de notre pays, l’UDC s’affirme non seulement comme le premier parti du pays, mais commence à étendre ses réseaux avec un œcuménisme qui rappelle les très riches heures du Grand Vieux Parti.

     

    Élection normale : nous sortons de l’ère d’une double opposition qui a trop longtemps plombé les esprits. La première, sémantique, fondamentale, sur le degré d’ouverture du pays, entre Jean-Pascal Delamuraz et Christoph Blocher, scellée par le verdict du 6 décembre 1992. La seconde, chaotique, clochemerlesque, entre deux coqs de combat, Pascal Couchepin et Christoph Blocher.

     

    Élection normale : à supposer qu’en plus de ce pas franchi, le PLR et l’UDC parviennent, dans la législature 2015-2019, à entrer ensemble, par des concessions mutuelles, dans le fond du dossier de la mise en application du 9 février 2014, alors, comme ils sont d’accord sur quasiment tout le reste, nous aurions là le début d’une normalisation fructueuse, au sein de ces deux grands courants de la droite suisse. Une telle perspective fait blêmir de peur la gauche : elle pourrait en effet la mettre en minorité, sur les principaux sujets de législature fédérale, pour les quatre ans qui viennent.

     

    En attendant, même si le nouvel élu n’est pas Merlin l’Enchanteur, souhaitons-lui bonne chance. Il en aura besoin.

     


    Pascal Décaillet