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Liberté - Page 856

  • Délicieux prédicat

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    Commentaire publié dans GHI - 22.02.17

     

    En France, M. Fillon n’est pas mon candidat. J’apprécie sa personne, sa retenue, ne me laisse en rien impressionner par les « affaires » sorties sur lui, mais son profil économique et social est beaucoup trop libéral pour moi. Pourtant, il y a eu, dans sa campagne, un moment que j’ai littéralement adoré, celui où il a tourné en dérision l’insupportable jargon de préciosité des pédagos, en dénonçant avec humour le mot « prédicat ». Juste à ce moment, j’ai aimé François Fillon, il m’est apparu comme un esprit libre, bien fait, indépendant, ne craignant pas, en pleine campagne de se mettre à dos une caste.

     

    D’ailleurs, qui s’est-il mis à dos ? Les enseignants ? Sans doute pas, qui pourraient bien être les premiers à souffrir de la prétention de quelques spécialistes à « rénover » un mode d’apprentissage de la grammaire qui a magnifiquement fait ses preuves, invite l’élève à décortiquer la phrase, en identifier les dépendances, bref aiguise son esprit critique.

     

    Né en 1958, j’ai la chance extrême, par l’école où je suis passé, les maîtres qui furent miens, d’avoir échappé à ce carnage. De sept à onze ans, au primaire, nous avons appris à fond l’analyse grammaticale, avec des compléments d’objet, direct ou indirect, des compléments circonstanciels. Puis, dès onze ans, au secondaire, l’analyse logique, en même temps que nous commencions le latin et l’allemand, avec les terminaisons qui changent en fonction des cas. Tout cet apprentissage était parfaitement construit, s’enchaînait. Il n’y avait ni prédicat, ni pédagos, Il n’y avait, pour moi, que le bonheur d’apprendre.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pierre Maudet : 49.3 à l'ombre

     

    Sur le vif - Mercredi 22.02.17 - 13.52h

     

    Je réfléchis depuis hier midi à cette histoire de régularisation des sans-papiers, qui m'a occupé une bonne partie de la journée. Un élément m'apparaît, avec puissance : qu'on soit pour ou contre, il est inimaginable qu'une telle réforme soit imposée par simple ukase du gouvernement, sans passer par la voie parlementaire, voire (mieux, toujours mieux) celle de la démocratie directe.

     

    Sur le prix du sucre, on peut éventuellement gouverner par ordonnances. Mais assurément pas sur un sujet aussi sensible, qui touche à la loi républicaine, au statut d'êtres humains, au thème ultra-sensible de la migration. Toutes choses qui nécessitent un débat citoyen. Où les choses puissent se dire, les arguments s'entrechoquer, les idées se combattre.

     

    Sinon, c'est du 49,3, à l'ombre de la démocratie, M. Maudet.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pour une Economie nationale

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    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 22.02.17

     

    Impossible de ne pas revenir, cette semaine encore, sur le choc constitué par le refus par trois Suisses sur cinq (59,1%), dimanche 12 février, de RIE III, la réforme de l’imposition des entreprises. Comme déjà dit la semaine dernière, les citoyens n’ont pas dit non à un taux d’imposition unifié, mais à l’arrogance de ceux qui leur hurlaient, sous peine de mort clinique du pays, de voter oui. Maintenant, c’est non, sans appel, il faut en prendre acte, et surtout viser l’avenir : au-delà de savoir à quel taux il faut taxer les multinationales, nous devons surtout définir ensemble la forme d’économie que nous voulons pour le pays. Car l’économie, ça n’est pas l’affaire des seuls patrons, mais la nôtre à tous. Je plaide ici pour qu’elle soit au service de l’humain, de son épanouissement. Je plaide, surtout, pour le retour en force, par la grande porte, d’un concept jugé ringard par les années de mondialisation et d’argent facile : celui d’Economie nationale.

     

    Depuis une vingtaine d’années, sur l’autel du libéralisme, on a sacrifié l’idée que l’économie était l’une des forces vives – et pas la moindre – de la nation. On s’est pris à rêver d’un Casino mondialisé, une sorte de Jérusalem Céleste du profit, qui transcenderait les communautés humaines, se rirait des frontières. Aujourd’hui, en Suisse comme ailleurs, nous en revenons. Dans l’histoire de RIE III, la fureur du grand patronat et de leurs affidés libéraux à nous mettre le pistolet sur la tempe a montré une chose : l’importance démesurée prise dans quelques cantons, comme Genève et Vaud, par les multinationales. Il ne s’agit pas d’instruire le procès de ces dernières, qui ont bien voulu s’établir chez nous, et comptent pour beaucoup dans notre manne fiscale. Mais il s’agit sans doute de construire, pour notre pays, un avenir économique où, progressivement, nous devenions moins dépendants de ces superstructures volatiles, qui peuvent délocaliser quand elles veulent.

     

    Cela passe par une absolue priorité à nos PME, qui constituent les neuf dixièmes de notre tissu économique suisse. Encourager l’entreprise locale, de proximité, celle qui sert l’intérêt direct de la population, engage en priorité les résidents, tisse un réseau de solidarité entre les habitants de notre pays. Bref, l’impérieuse nécessité d’une politique de la petite et moyenne entreprise, en lien avec la formation, l’apprentissage, donc les pouvoirs publics, s’impose. Si nos PME, à Genève, avaient été plus fortes, mieux soutenues, moins dépendantes (par sous-traitance) des multinationales, le débat sur RIE III n’aurait pas atteint cette flamme passionnelle qui a fini par le dévoyer. Et, peut-être, notre canton, qui ne l’a refusé qu’à 52,3%, aurait-il accepté le projet. Je n’ai pas parlé ici de l’agriculture, affaire nationale par excellence, donc à protéger à tout prix de la sauvagerie de la concurrence mondiale. J’ai juste évoqué l’idée, qui m’est si chère, d’une économie au service de tous. Une économie pour la population. Une économie nationale.

     

    Pascal Décaillet