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Liberté - Page 56

  • Merci d'exister, M. Pfister !

     
    Sur le vif - Mercredi 21.08.24 - 16.50h
     
     
    Deux raisons majeures m'inclinent à considérer Gerhard Pfister, Conseiller national zougois et Président du Centre (PDC) suisse, avec toute la vivacité de mon attention :
     
    - Raison no 2 : sa récente position sur l'immigration. Il propose un contre-projet à l'initiative de l'UDC sur la Suisse à 10 millions d'habitants. Contrairement au Conseil fédéral, il prend donc au sérieux les angoisses migratoires d'une immense partie de notre population, à commencer par les plus précarisés sur le marché du travail. Et il a parfaitement raison. On en débat ce soir, à GAC.
     
    - Raison no 1 : il a consacré sa thèse de doctorat à l'auteur autrichien Peter Handke, idole de ma jeunesse, lorsque j'étudiais la Germanistik, et éternel enfant terrible (Schrekliches Kind !) de la littérature de langue allemande.
     
    Inutile de préciser l'ABSOLU PRIMAT, dans l'échelle de mon estime et mon admiration, de la raison no 2 sur la raison no 1.
     
    Merci d'exister, M. Pfister !
     
     
    Pascal Décaillet

  • Cohésion sociale

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.08.24

     

    La cohésion sociale. Que serait la Suisse sans cet indispensable ciment de notre construction commune ? Notre pays est un petit miracle, une fleur fragile, il faut veiller aux équilibres, ne laisser aucun de nos compatriotes sur le bord du chemin.

     

    Nous n’avons guère de matières premières, notre industrie a été délaissée, nos paysans ne sont pas suffisamment soutenus, notre agriculture pas assez protégée de la férocité de la concurrence mondiale. Rien n’est gagné. Tout peut s’écrouler.

     

    Notre prospérité, au demeurant bien récente dans notre Histoire et bien précaire, n’a de sens que si elle est partagée. L’économie oui, mais au profit de tous les Suisses. J’ai lu Marx, et le lis encore. J’ai aussi lu, intensément, dans une tout autre école de pensée, l’Encyclique « Rerum Novarum », du Pape Léon XIII (1891) : un document capital, qui s’en va chasser sur les mêmes terres que le socialisme naissant, et invite à une économie au service de l’humain, et non du profit.

     

    Saisissantes convergences, entre ces deux univers. L’un et l’autre rejette le libéralisme. Notre pays, la Suisse, a construit, depuis 1848, un exceptionnel système d’assurances sociales, à commencer bien sûr par l’AVS (1947). Il doit continuer à tisser le lien. L’économie, oh oui, comment l’entrepreneur que je suis pourrait dire le contraire ? Mais l’économie au service de nos vies quotidiennes, à tous. Et non de quelques actionnaires.

     

    Pascal Décaillet

  • La lucidité, camarade, pas la morale !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 21.08.24

     

    Notre époque est obsédée par la morale, et c’est un tort immense. Partout, des textes qui prônent le bien contre le mal, la mesure la plus extrême dans l’usage des mots. Surtout, ne blesser personne, aucune communauté, aucune corporation de mémoire victimaire. Si vous êtes élu, votre vie privée doit être impeccable, ce qui est non seulement hors-sujet (on doit juger un politique à ses seuls résultats), mais de récente importation américaine, comme si nous devions subir, nous Européens, les effets d’un puritanisme qui n’est pas dans nos traditions. De retour du Nord de l’Allemagne, je suis allé en 2019 dans la Frise, tout au Nord des Pays-Bas, dans ces villages pauvres, d’une austérité magnifique, derrière les digues. J’ai visité les cimetières marins. C’est de là qu’est parti, il y a plusieurs siècles, l’exigence puritaine qui a marqué le Nouveau Monde. Et bien le voilà de retour sur notre continent, cet impératif d’ascèse et de morale publique. Il faut savoir d’où viennent les choses, les identifier, les nommer, les placer dans un contexte historique : la lucidité, SVP, pas la morale !

     

    Il y a, dans le jugement moral, le danger de l’anachronisme (confondre les périodes, sans souci de l’Histoire ni du contexte propre à chaque époque), ainsi, disons-le franchement, qu’une lamentable inculture. Le bien, le mal, sont des notions philosophiques, théologiques, que sais-je, elles ne sauraient nourrir la réflexion historique, qui exige avant tout de capter le réel au plus près, dans son infinie diversité, en tenant compte de toutes les positions antagonistes d’une époque, d’un conflit, en puisant dans les sources les plus contradictoires. En tentant l’aventure, toujours fragile, toujours corrigible, d’une synthèse personnelle. C’est cela, la démarche de lucidité : elle se tisse de curiosité, de connaissance, de confrontation des perspectives. Elle rejette tout absolu, toute idée définitive. Elle exige un esprit ouvert. A des milliers de lieues marines des butés de la morale, et du jugement anachronique, avec les seuls critères d’aujourd’hui. Ces gens-là sont des ploucs, il faut le leur dire, et les traiter comme tels.

     

    Ami lecteur, je t’invite à la connaissance. Tu t’intéresses à l’Ukraine, à la Russie ? Tu as bien raison, c’est une très longue Histoire, passionnante, plusieurs fois séculaire : eh bien, renseigne-toi, lis des livres, découvre ce mouvement de balancier qui a traversé l’Histoire. Idem pour le Proche-Orient. Idem pour les rapports entre l’Allemagne et la Pologne. Les livres existent, les témoignages, les archives : active la toile dans ce qu’elle propose de meilleur, renseigne-toi, laisse toutes les variantes, toutes les versions, s’installer dans ta conscience. Et, doucement, au fil des années, laisse en toi se dessiner une synthèse, jamais définitive, toujours retouchée par les derniers témoignages. La démarche historique, c’est le contraire même du propos de bar, ou de bistrot, ou de TV privée parisienne. La lucidité, camarade, pas la morale !

     

    Pascal Décaillet