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Liberté - Page 57

  • Choucroute, pas caviar !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.04.24

     

    Depuis la chute du Mur de Berlin, 9 novembre 1989, l’Europe a été entraînée par un mauvais vent ultra-libéral. Atteinte aux services publics, mépris de l’Etat, jouissance paroxystique à l’idée de l’argent facile, destruction des frontières. C’est la droite de casino, des golden boys, des boursicoteurs professionnels. On laisse tomber l’industrie, on la délocalise, on ignore les paysans. On spécule. On lance des « start-ups » qui se cassent la gueule après deux ans. On licencie. On privatise les bénéfices, On étatise les pertes. Un seul mot, pour résumer ça : dégueulasse.

     

    Vous savez que j’appelle à une Autre Droite. Pour un Etat fort, mais rigoureux dans ses dépenses, surtout pas tentaculaire. Pour la frontière. Pour la protection de nos travailleurs suisses, de nos paysans, de nos produits agricoles. Pour refaire une industrie digne de ce nom, comme l’entreprirent les radicaux, au 19ème siècle.

     

    Surtout, une droite populaire, joyeuse, fraternelle, sociale. Une droite choucroute, pas caviar. Des assurances sociales d’Etat, fortes, gérées avec rigueur, au service de tous. Pour les jeunes, la formation et l’emploi. Pour les aînés, la dignité, le respect. Pour les malades, des soins de qualité, avec des primes abordables, échappant aux requins du privé. Une droite qui se soucie du peuple suisse, ces hommes et ces femmes qui travaillent d’arrache-pied. Et méritent la solidarité nationale.

     

    Pascal Décaillet

  • Droit de vote : les Suisses, et eux-seuls !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.04.24

     

    Le droit de vote appartient aux citoyennes et aux citoyens suisses. Et à eux-seuls. Cela doit demeurer. Tout projet d’octroyer ce droit aux étrangers doit être combattu. A Genève, le droit de vote pour étrangers existe déjà au plan communal, soit. Mais en aucun cas il ne doit être étendu au plan cantonal, ne parlons pas du niveau fédéral. Nous votons, le 9 juin, sur une extension à l’échelon cantonal (Grand Conseil, Conseil d’Etat). Je suis un homme clair, je ne me camoufle pas derrière des « analyses » alambiquées, qui dissimuleraient mon opinion : je refuserai cette mesure. Catégoriquement. Sans état d’âme.

     

    Je vous prie de n’y voir aucune forme de prévention à l’égard des étrangers. Ceux qui me connaissent savent que pour moi, un être humain en vaut un autre. Entre les gens, je n’établis aucune espèce de distinction en fonction de la nationalité, de l’ethnie, de la couleur de la peau, du statut social. Simplement, je veux, avec une force inflexible, que le droit de vote demeure privilège et devoir des citoyens suisses, et d’eux-seuls. Vouloir déconnecter la citoyenneté de la nationalité, c’est ne rien comprendre à l’essence-même d’une nation, ni à la République. L’une et l’autre, issues des grands principes de la Révolution française, exigent précision, rigueur, géométrie, cadastre, délimitation. Cette fameuse « frontière », tant détestée par la gauche internationaliste et d’improbables approximatifs du Marais centriste.

     

    Un citoyen suisse est un citoyen suisse. Un étranger, parfaitement respectable et j’y tiens, peut demander la nationalité suisse. Il n’y est pas tenu, on peut très bien vivre en Suisse en demeurant étranger. Mais s’il le souhaite, il doit parcourir le chemin initiatique vers la nationalité. Connaissances, preuves d’attachement, etc. Ce chemin doit être simple et clair, sans chercher noise au postulant, on espère révolue l’époque des Schweizermacher, avec ses petites mesquineries. Mais il doit exister, il doit être accompli. Ensuite, à la seconde même où la personne est reconnue Suisse, nous devons la reconnaître comme l’une des nôtres, sans arrière-pensées, sans la rappeler à ses origines. Car elle devient, d’un coup, membre de notre communauté citoyenne et nationale, en égalité parfaite avec ceux qui le sont depuis des générations. Entre Suisses, nulle distinction ne doit être établie.

     

    Nous ne sommes pas dans un combat gauche-droite, en tout cas cela ne devrait pas l’être. La ligne de césure, c’est la notion de « nomos », la loi écrite, celle qui depuis le législateur athénien Solon (7ème et 6ème siècles avant JC), codifie, délimite, précise, place les bornes du cadastre. En un mot, la civilisation. Les partisans du droit de vote pour étrangers sont des approximatifs, des marécageux. Ils parlent de « population », qui est un terme de démographes. Moi, je parle de peuple, au sens de « démos », le corps des citoyens qui votent. Entre eux et moi, au-delà de la question des étrangers, il y a un océan. Ils veulent le Marais, brumeux. Je veux la République. Sa clarté. Sa précision. Ses délimitations. Ses frontières.

     

    Pascal Décaillet

  • Carte postale

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 17.04.24

     

    Au Bürgenstock, nid d’aigle de rêve perché au-dessus du Lac des Quatre-Cantons, la Suisse compte organiser, les 15 et 16 juin, une « Conférence pour la paix » en Ukraine. C’est la dernière botte de Nevers de notre ministre des Affaires étrangères, M. Cassis, et du Conseil fédéral. Une diplomatie du cliquetis et du rutilant, des effets d’annonce, plaire à l’opinion occidentale, Etats-Unis, Otan. Et surtout, comble de génie : faire sans la Russie.

     

    Depuis quand organise-t-on une « Conférence sur la paix », alors que Kiev et Moscou sont en pleine guerre ? On n’en est même pas au stade d’un cessez-le-feu ! Bien sûr qu’il faut amener les belligérants à se parler, même lorsque le feu fait rage. Mais discrètement. Sans tapage. Comme sut si bien le faire la Suisse, dans les dernières années de la Guerre d’Algérie, entre la France et le FLN. Avec Cassis, c’est tout le contraire : on annonce, on met en scène, on conçoit l’Histoire comme un Grand spectacle, réservation de places, promotion d’enfer, tambours, trompettes.

     

    Enfin, depuis quand organise-t-on une « Conférence sur la paix » sans l’un des deux belligérants ? Sans la Russie ! Un Sommet de l’Entre-Soi, entre gens d’accord, bien élevés, bien acquis à la Pax Americana. La Suisse mérite mieux que cette mise en scène. La paix, que nous souhaitons tous, doit être celle des âmes. Pas celle de la carte postale.

     

    Pascal Décaillet