Commentaire publié dans GHI - Mercredi 24.04.24
Le droit de vote appartient aux citoyennes et aux citoyens suisses. Et à eux-seuls. Cela doit demeurer. Tout projet d’octroyer ce droit aux étrangers doit être combattu. A Genève, le droit de vote pour étrangers existe déjà au plan communal, soit. Mais en aucun cas il ne doit être étendu au plan cantonal, ne parlons pas du niveau fédéral. Nous votons, le 9 juin, sur une extension à l’échelon cantonal (Grand Conseil, Conseil d’Etat). Je suis un homme clair, je ne me camoufle pas derrière des « analyses » alambiquées, qui dissimuleraient mon opinion : je refuserai cette mesure. Catégoriquement. Sans état d’âme.
Je vous prie de n’y voir aucune forme de prévention à l’égard des étrangers. Ceux qui me connaissent savent que pour moi, un être humain en vaut un autre. Entre les gens, je n’établis aucune espèce de distinction en fonction de la nationalité, de l’ethnie, de la couleur de la peau, du statut social. Simplement, je veux, avec une force inflexible, que le droit de vote demeure privilège et devoir des citoyens suisses, et d’eux-seuls. Vouloir déconnecter la citoyenneté de la nationalité, c’est ne rien comprendre à l’essence-même d’une nation, ni à la République. L’une et l’autre, issues des grands principes de la Révolution française, exigent précision, rigueur, géométrie, cadastre, délimitation. Cette fameuse « frontière », tant détestée par la gauche internationaliste et d’improbables approximatifs du Marais centriste.
Un citoyen suisse est un citoyen suisse. Un étranger, parfaitement respectable et j’y tiens, peut demander la nationalité suisse. Il n’y est pas tenu, on peut très bien vivre en Suisse en demeurant étranger. Mais s’il le souhaite, il doit parcourir le chemin initiatique vers la nationalité. Connaissances, preuves d’attachement, etc. Ce chemin doit être simple et clair, sans chercher noise au postulant, on espère révolue l’époque des Schweizermacher, avec ses petites mesquineries. Mais il doit exister, il doit être accompli. Ensuite, à la seconde même où la personne est reconnue Suisse, nous devons la reconnaître comme l’une des nôtres, sans arrière-pensées, sans la rappeler à ses origines. Car elle devient, d’un coup, membre de notre communauté citoyenne et nationale, en égalité parfaite avec ceux qui le sont depuis des générations. Entre Suisses, nulle distinction ne doit être établie.
Nous ne sommes pas dans un combat gauche-droite, en tout cas cela ne devrait pas l’être. La ligne de césure, c’est la notion de « nomos », la loi écrite, celle qui depuis le législateur athénien Solon (7ème et 6ème siècles avant JC), codifie, délimite, précise, place les bornes du cadastre. En un mot, la civilisation. Les partisans du droit de vote pour étrangers sont des approximatifs, des marécageux. Ils parlent de « population », qui est un terme de démographes. Moi, je parle de peuple, au sens de « démos », le corps des citoyens qui votent. Entre eux et moi, au-delà de la question des étrangers, il y a un océan. Ils veulent le Marais, brumeux. Je veux la République. Sa clarté. Sa précision. Ses délimitations. Ses frontières.
Pascal Décaillet