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Liberté - Page 461

  • Moins civiles, plus viscérales

     

    Sur le vif - Dimanche 30.08.20 - 16.55h

     

    L'après-Merkel marquera la fin de la gentille Allemagne, qui mène une gentille politique, dans la gentille Europe. La fin de l'Allemagne de l'après-guerre.

    Aucune des deux grandes forces qui tiennent le pays depuis 1949, la CDU/CSU et le SPD, ne peut plus revendiquer, en l'état, le pouvoir. Pour cette dernière législature, Angela Merkel, laborieusement, a sauvé les meubles avec une coalition de fortune. Mais déjà, plus personne n'y croit.

    En Allemagne, comme ailleurs en Europe, montent, à droite comme à gauche, des forces plus radicales. Le vieil équilibre bismarckien, appuyé sur le Zentrum et le SPD, qui a tenu jusqu'en 1919, puis est revenu en 1949, n'est plus en mesure de charpenter, comme dans une Cathédrale, l'équilibre du pays.

    De nouvelles forces, plus vives, plus frontales, à gauche comme à droite. De quoi rappeler une autre période, largement sous-estimée par les historiens, mais étudiée avec passion, depuis des décennies, par votre serviteur : celle des années 1919-1923. Pour s'en saisir, lire tous les livres d'Histoire sur la Révolution allemande, les combats entre Spartakistes et Corps-francs. Lire absolument le "Novembre 1918" du romancier Döblin. Et puis lire aussi, évidemment, les "Geachteten", les "Réprouvés", d'Ernst von Salomon.

    L'Histoire, bien sûr, ne se répète pas. Mais certaines récurrences, dans les configurations politiques, ont de quoi nous interpeller. En Allemagne, la voix de la rue est en train de monter, et pas seulement à gauche. On saisit tous les prétextes, même le masque ! Dans l'ex-DDR, région que je connais, une féroce insatisfaction, depuis des années, s'exprime. Les tonalités de Mme Merkel, championne du Zentrum et de la concertation, ont jusqu'ici réussi à atténuer cette petite musique de la Révolution.

    Mais Mme Merkel, un jour, partira. Avec ce départ, la politique des bémols et de la sourdine laissera place à d'autres intonations. Sans doute moins civiles. Et plus viscérales.

     

    Pascal Décaillet

  • "Collectifs" et "coordinations" : des noms, SVP !

     

    Sur le vif - Samedi 29.08.20 - 15.28h

     

    La TG fait état d'une "Coordination genevoise pour le droit de manifester".

    Qui sont ces gens ?

    Cette "Coordination" a-t-elle des statuts ? Sont-ils consultables, quelque part ?

    A-t-elle un Président ? Un Comité ? Une Assemblée générale ? Les responsables sont-ils élus ? En fonction de quelles règles ?

    A-t-elle la moindre légitimité sociale, ou existence juridique, pour être reconnue comme partenaire de dialogue par les autorités ?

    Dans le cas de cette "Coordination", je ne doute pas une seconde qu'on puisse, sans tarder, produire des réponses précises aux questions ici posées. Mais au-delà de cet exemple, juste saisi au vol à la faveur de l'actualité, n'importe qui, à Genève, peut-il, au bluff, se revendiquer d'une "Coordination" ? Ou d'un "Collectif" ? Où sont les statuts de toutes ces entités, brandies à la cantonade, comme des annonces au poker ? Qui sont leurs représentants ? Qui, nommément, assume la responsabilité juridique de leurs prises de position ?

    Du concret, SVP. Des statuts. Des responsables. Des noms. Des êtres humains, ayant le courage de nous regarder dans les yeux, d'assumer leurs positions, de nous dire : "Voilà. Je suis le Président, ou la Présidente, de telle association. J'ai été élu(e) tel jour, dans telle Assemblée, par tel nombre de votants, contre tel concurrent, sur la base de tel programme. Voici nos statuts, nos comptes, notre bilan d'action pour l'année écoulée, notre prochaine Assemblée aura lieu tel jour, à tel endroit, à telle heure."

    A défaut de renseignements précis, nous considérerons comme un immense bluff, et une immense esbroufe intellectuelle, la plupart de ces "Collectifs" ou "Coordinations".

    A Genève, nous avons des lois. Il s'agit de les respecter. Nous sommes des citoyennes et des citoyens libres. Mais aussi responsables. Chacun d'entre nous est totalement libre de s'exprimer. Mais en même temps, il doit assumer ses positions, si elles sont affichées dans l'espace public. Pas de liberté sans responsabilité ! Où est le courage, où est la droiture républicaine, si c'est pour se camoufler derrière des paravents ? Ou derrière des entités fictives.

    Si, par hasard, il apparaissait au grand jour que certaines "Coordinations" ou certains "Collectifs", à Genève, ne soient que du vent, du bluff, de l’esbroufe, à l'image du Chat Botté qui nous annonce l'arrivée imminente du Marquis de Carabas, alors ceux qui ont créé, de toutes pièces, ces fictions verbales, devront en répondre, y compris juridiquement, pour avoir trompé leurs concitoyens.

     

    Pascal Décaillet

  • Nous ne surgissons pas du néant !

     

    Sur le vif - Vendredi 28.08.20 - 17.44h

     

    Nous n'avons pas besoin de perroquets. Ni de perruches. Ni d'acteurs désertés par la présence, à la merci du souffleur.

    Nous n'avons pas besoin de collectifs. Ni d'associations. Ni de lâcheté anonyme.

    Nous n'avons pas besoin de mots d'ordres. Ni de paroissiens de la bonne parole.

    Nous sommes des citoyennes et des citoyens libres, dans un pays libre. Nous sommes des adultes, responsables, vaccinés. Nous avons un passé, une mémoire, des cicatrices. Nous ne surgissons pas du néant : nous avons une vie, derrière nous.

    Nous avons une Histoire.

    Nous avons besoin d'esprits libres. Indépendants. Cultivés. Des sales tronches, qui se fritent et qui se frottent. Qui sachent rompre. Partir. Larguer les amarres.

    Toutes les amarres. Sauf celles de la mémoire et de la nostalgie.

    Et puis, nous avons besoin d'hommes et de femmes qui puissent écouter Bartók, Haendel, Beethoven ou Sibelius en se laissant submerger par la beauté du monde.

     

    Pascal Décaillet