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Liberté - Page 262

  • Ursula von der Leyen : indécence et voracité

     
    Sur le vif - Mardi 01.03.22 - 10.05h
     
     
    En proposant une adhésion immédiate de l'Ukraine à l'Union européenne, la Présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, démasque trois vérités sur les élites technocratiques de Bruxelles. Une obédience atlantiste sans faille. Une voracité d'expansion - sur le chemin de l'Otan - jusqu'aux confins les plus éloignés de l'Europe de l'Est. Un alignement sur l'expansion économique, industrielle et commerciale de l'Allemagne, depuis trente ans, en Europe centrale et orientale.
     
    Depuis trois décennies, le capitalisme allemand, moitié rhénan façon Helmut Kohl, moitié modèle américain, déferle sur les Marches de l'Est : Pologne, Tchéquie, Hongrie, Pays Baltes. La cible suivante, c'est l'Ukraine. Que ce dernier pays ne réponde en rien aux critères économiques exigés pour l'appartenance au club, n'importe pas. Le plan est d'abord de l'intégrer, et puis on y implantera, au fil du temps, les capitaux allemands.
     
    D'un côté, l'expansionnisme de l'Union européenne, sous moteur allemand. De l'autre, celui de l'Otan. Les deux démarches vont de pair. Ce petit jeu, né dans la tête des bellicistes anti-communistes américains, à partir de Reagan, et tous les autres derrière lui sauf Trump, dure depuis trente ans.
     
    Vouloir intégrer l'Ukraine au club de Bruxelles, c'est pousser un peu loin le rêve fondateur du Traité de Rome, en 1957. C'est surtout, venant d'une citoyenne allemande, en connaissant le passé de l'Ukraine et celui de l'Allemagne, un acte et une parole d'une indécence sans précédent, à ce niveau de responsabilité.
     
    Ajoutez à cela les cent milliards votés dimanche, les doigts sur la couture du pantalon, par le Bundestag, pour le réarmement national germanique. Et vous commencerez à comprendre l'existence d'un sacré acteur, en plein réveil, et qui va multiplier les signes de vitalité à l'Est ces prochaines années : l'Allemagne.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Lilliputiens

     
    Sur le vif - Mardi 01.03.22 - 07.05h
     
     
    La Suisse doit d’urgence se remilitariser fortement en armes conventionnelles. Et remettre à leur place les zombies et volapüks ne définissant le danger que par les cyber-attaques.
     
    Il y a la guerre numérique, c’est vrai, elle doit être prise très au sérieux. Mais il y a, plus que jamais, la guerre tout court. Avec les moyens traditionnels que sont les chars, l’aviation et l’infanterie.
     
    Les puissants esprits qui, voulant faire moderne, ont voulu éliminer des consciences ces moyens classiques de la guerre lourde, doivent aujourd’hui assumer leurs responsabilités.
     
    Quant aux partisans d’une Suisse sans armée, on les espère lilliputiens à force de se faire tout petits.
     
     
    Pascal Décaillet

  • L'extension américaine à l'Est : jusqu'où ?

     
    Sur le vif - Lundi 28.02.22 - 15.46h
     
     
    Depuis trente ans, les Etats-Unis avancent leurs pions en Europe centrale et orientale, et même dans certaines Républiques de l'ex-URSS. Sous la bannière de l'Otan, leur club d'affidés, ils ont pris pied en Pologne, dans les Pays Baltes. Et ont leur plan, dûment macéré, pour s'installer en Ukraine. Les Etats-Unis auront bientôt des troupes sur les frontières terrestres de la Russie.
     
    A cela s'ajoute, depuis trente ans, le jeu de l'Allemagne. Implantation massive des entreprises allemandes en Pologne, en Hongrie, en Tchéquie, dans les Pays Baltes. Conquête des marchés. Contrôle financier des conseils d'administration. Pour le stratégique, on place des Allemands. Pour l'opérationnel, on donne le change avec des directions locales.
     
    Cela, c'est la réalité. Pour l'Otan, on nous dit : "Les pays concernés ont demandé leur adhésion". C'est exact. Mais cela ne justifie en rien l'extension. Je doute qu'une demande d'appartenance de l'Espagne ou du Portugal au Pacte de Varsovie eût rencontré un grand succès. L'Otan, le Pacte de Varsovie, sont nés du partage de l'Europe en deux, après la défaite du Troisième Reich. Chacun avait son territoire, sa zone d'influence. Après la chute du Mur, le Pacte de l'Est s'est dissous, et l'Otan a... continué !
     
    Il n'a pas seulement continué. Il s'est engouffré en direction de l'Est de l'Europe, américanisant les économies, normalisant les consciences dans le culte du capitalisme financier, version occidentale. Point n'est besoin d'être un partisan de Poutine pour percevoir là, tout au moins, des causes profondes, à long terme, cérébralement constatées, de ce qui se passe aujourd'hui.
     
    Cela, non pour approuver l'agression contre l'Ukraine, bien évidemment. Mais pour faire jouer d'autres registres que ceux de l'émotion, de la compassion, de l'indignation, de la vocifération.
     
    Chacun choisit son registre. D'un bout à l'autre de la crise qui s'ouvre, c'est celui de l'explication que vous trouverez sous ma plume. Tenez, on pourrait peut-être, dans les jours qui viennent, s'intéresser à l'Allemagne (dont je connais l'Histoire autrement que celle de la Russie). Providentiels, non, ces cent milliards d'euros pour le réarmement ? Le naïfs s'imaginent qu'il en sortira des armes européennes. J'affirme, quant à moi, que ce seront un jour ou l'autre, devant l'Histoire, des armes allemandes.
     
     
    Pascal Décaillet