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Liberté - Page 266

  • Nos chers amis américains

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 11.05.22

     

    Il y a des choses qu’aucun citoyen suisse ne peut laisser passer. En voici une, toute récente : une Commission du Congrès américain vient d’insulter gravement notre pays, de s’ingérer avec une arrogante vulgarité dans nos affaires, de se permettre de nous faire la leçon, à la face du monde. Jeudi 5 mai, cette Commission décrivait la Suisse comme « l’un des principaux complices du dictateur Poutine et de ses acolytes ». Le Président de la Confédération, Ignazio Cassis, a immédiatement réagi, rejetant « avec la plus grande fermeté les formulations utilisées ». Non seulement il a bien fait, mais il aurait dû aller beaucoup plus loin : notre tout petit pays, fragile, riche de sa seule cohésion interne, ne peut en aucune manière recevoir un tel soufflet sans rétorquer avec la dernière des véhémences. Surtout lorsque l’insulte vient de la première puissance du monde, impérialiste à souhait depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, moraliste à l’extrême. Le géant qui insulte le tout petit.

     

    Les Américains n’en sont pas à leur coup d’essai. Pendant toute l’affaire des fonds en déshérence, la Suisse s’est laissée mettre sous pression, sans broncher, par tout un petit monde d’avocats d’affaires, de parlementaires en quête de lumière, gravitant autour de New York et de Washington. Le Conseil fédéral de l’époque s’était montré beaucoup trop doux, trop gentil, trop passif. Il passait son temps à courber l’échine, laissait les donneurs de leçons de la Côte Est nous dicter leur version de l’Histoire, les rançons qu’ils espéraient en tirer. Et nos courtois Conseillers fédéraux filaient doux comme des enfants trop sages, pris en faute, rougissant, affrontant le destin sur la pointe des pieds, attendant le coup suivant, espérant que l’orage allait passer. Où était la fierté de la nation suisse ?

     

    Idem, quelques années plus tard, avec l’affaire du secret bancaire. Mise sous pression américaine, d’une violence insoutenable, comme si, en la matière, leur système législatif (on pense notamment à l’Etat du Delaware, dont le Sénateur fut longtemps un certain… Joe Biden) avait des leçons de morale à donner au nôtre. Et là aussi, la Suisse s’est comportée en élève modèle, en un mot elle a capitulé. C’est cela, vous, que vous attendez des autorités de notre pays ? Et la gauche suisse qui, de l’intérieur du pays, relayait ces pressions ! Et la quasi-totalité des médias qui entonnait comme des enfants de chœur le cantique de la docilité ! Fonds en déshérence, secret bancaire : la Suisse a plié devant les Etats-Unis. Alors, pour les sanctions avec la Russie, pourquoi se gêneraient-ils de nous mettre à nouveau une pression d’enfer : les gentils Suisses finissent toujours par céder, non ?

     

    Dans l’affaire ukrainienne, les Etats-Unis, quoi qu’ils disent, sont en guerre. Ils ont même pris le commandement de la Croisade contre la Russie. Notre pays n’a pas à leur obéir. Les relations entre Berne et Moscou regardent bilatéralement la Suisse et la Russie, et nulle autre puissance au monde. Nous sommes un tout petit pays. Mais si nous cédons au principal géant de la planète, alors nous ne serons vraiment plus rien.

     

    Pascal Décaillet

       

     

  • Gens de gauche, ne boudez pas la Défense nationale !

     
    Sur le vif - Mardi 10.05.22 - 16.43h
     
     
    "Désolé, M. Décaillet, j'aurais adoré venir demain à votre émission, mais je suis à l'armée". Réponse du nouveau Président des Jeunes UDC GE, dont je me réjouis de faire la connaissance à son retour.
     
    Les Jeunes UDC sont à l'armée. Le Jeunes PLR sont à l'armée. Les Jeunes PDC sont parfois à l'armée. Mais pourquoi diable les Jeunes Socialistes, les Jeunes Verts, les Jeunes Ensemble à Gauche, ne sont-ils JAMAIS à l'armée ?
     
    Il est catastrophique que seule la droite s'intéresse à l'armée. Alors que la Défense nationale doit être l'affaire de TOUS LES SUISSES. Et j'ajoute : DE TOUTES LES SUISSESSES. Sans distinction partisane. Sans différences de classes sociales, de niveau culturel. Toutes les citoyennes, tous les citoyens. Que tous ne fassent pas du service armé, mais qu'au moins chacun consacre un certain temps de sa jeunesse à la collectivité nationale. Il y a mille manières de servir son pays.
     
    J'ai moi-même accompli près de 500 jours d'armée, entre 1977 et le début des années 1990. J'ai appartenu, pendant toute l'année 1990, à la Commission Schoch, chargée de plancher sur une réforme de l'armée, après la votation du 26 novembre 1989. Trente séances décentralisées, dans toute la Suisse, sous la présidence d'un homme remarquable : le Conseiller aux Etats Otto Schoch, radical des Rhodes-Extérieures d'Appenzell. C'était passionnant. Chacun parlait sa langue, allemand, français, italien, sans traducteur : c'était la Suisse !
     
    J'invite les jeunes de gauche à s'intéresser aussi à la Défense nationale. En arrivant avec leur idées, leur esprit critique. Mais en participant, de l'intérieur ! La question, plus que jamais, est d'actualité, y compris dans ses composantes militaires les plus traditionnelles. Je pense que vous voyez pourquoi. Je ne vous fais pas un dessin.
     
    Mais de grâce, que l'armée ne soit pas l'apanage de la seule droite ! Elle doit être l'épée de la nation tout entière. Pas celle d'une caste.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Seule demeure l'emprise de chaque syllabe

     
    Sur le vif - Mardi 10.05.22 - 10.14h
     
     
    Il y a 82 ans, l’attaque à l’Ouest, 10 mai 40. Le début de l’une des plus fulgurantes guerres de mouvement de l’Histoire.
     
    Il y a 41 ans, donc exactement au milieu du temps entre cette attaque et aujourd’hui, l’élection de François Mitterrand, 10 mai 81.
     
    Mitterrand, il me semble que c’était hier. Je souhaitais cette victoire, contre Giscard. J’ai vécu intensément la campagne.
     
    C’était hier. Et je n’en reviens pas que la même distance, seulement, sépare l’élection de Mitterrand de l’attaque sur les Ardennes et sur la Meuse.
     
    Le temps historique est relatif. Il est fonction de la mémoire, de l’affect, de l’implication passionnelle.
     
    Il existe, sur l’univers homérique, des études incroyablement documentées par les historiens et les archéologues, comme « Le Monde d’Ulysse » de Moses Finley, que j’ai lu en 76.
     
    Mais pour un lecteur du Monde d’Ulysse, ouvrage aride et scientifique, il y a des dizaines de milliers de lecteurs de l’Iliade. Parce que l’Iliade est l’une des plus grandes œuvres du monde. L’histoire d’un héros, Achille, dont le destin nous bouleverse. Et l’intensité musicale contenue dans chaque hexamètre - à lire en grec, à haute voix - nous transporte, nous élève, et enfin nous transforme.
     
    En Histoire, le temps est relatif. Dans les histoires, celles que raconte un poète de génie, il n’y a plus ni temps, ni vérité, ni fiction. Seule demeure l’emprise de chaque syllabe, chaque note de musique, qui vous saisit.
     
    Comme le Roi des Aulnes, Erlkönig, lorsqu’il s’empare de l’enfant, dans les bras de son père. Sur le cheval.
     
     
    Pascal Décaillet