Liberté - Page 183
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La droite genevoise : "Voglio una donna !"
Sur le vif - Mardi 04.04.23 - 13.56hLa droite genevoise me fait penser à cette famille italienne qui s'en va, un beau dimanche ensoleillé, prendre dans sa carriole un oncle un peu spécial, dans sa maison de repos. C'est dans Amarcord, de Fellini, l'un des plus grands films de l'Histoire du cinéma. J'ai bien dû le voir vingt fois.Elle le sort, l'oncle au regard un peu perdu, pour un pique-nique champêtre, quelque part au milieu de rien, dans l'éblouissante beauté du Pays Romagnol. Il n'est pas 100%, mais il est de la famille, on l'aime bien.Tout juste un peu imprévisible, l'oncle. Là, il avise un arbre, se hisse sur la plus haute branche, et se met à hurler à la ronde, dans l'immensité de la plaine : "Voglio una donna !". Il y demeure longtemps perché, jusqu'à l'intervention d'une soeur naine, une religieuse, qui lui intime l'ordre de descendre.Toute famille a son vieil oncle. Tout conte, ses fantômes. Toute alliance, ses branches cassées. Toute géométrie, ses fêlures. Ainsi, la vie. Fragile, et pourtant souriante.Pascal Décaillet -
La droite, vous m'entendez ? La droite !
Sur le vif - Lundi 03.04.23 - 15.51hUne victoire écrasante de la droite, au Grand Conseil. Nette. Propre. Le PLR. L'UDC. Le MCG. Un reflux mérité de la droite libérale, il fallait quand même un jour l'addition de trente ans de néo-libéralisme, casseur de cohésions sociales. Un progrès tout aussi légitime des droites nationales, patriotes, protectionnistes, populaires. Partout en Europe, elles avancent. Genève et la Suisse ne font pas exception.Ce qui se passera le 30 avril au Conseil d'Etat ne passionne que les quelques aficionados (dont je fais, par métier, partie) du jeu politicien. Mais n'a, au fond, guère d'importance. Le lieu du pouvoir, à Genève, c'est le Parlement. C'est lui qui fait les lois, contrôle l'exécutif, détermine le Budget. Et ce Parlement, pour cinq ans, que cela plaise ou non, il est à droite, très à droite.Le temps du retour au bon sens est arrivé. Protéger la planète, oui, Apocalypse climatique non. Adapter nos infrastructures, oui, folie dépensière de la "transition énergétique", non. Aimer et respecter notre environnement, oui, liturgie religieuse des Verts, non. Un Etat fort, oui, tentaculaire non. Une fonction publique efficace, oui, pléthorique non. L'immense niaiserie du langage inclusif, non, non et non. C'est aussi simple que cela. Le peuple, hier, a donné le signal d'une réaction. Il était temps.Quant aux petits malins qui jouent les éternels modernes sur la chansonnette du "Ni droite, ni gauche, valeurs ringardes", on se réjouit de découvrir leurs positions sur tous les grands sujets où ce binôme, né de la Révolution française, est au contraire plus pertinent que jamais : Budget, finances, fiscalité des classes moyennes, pouvoir d'achat, éducation, santé, primes maladie, retraites. Puissent ces nouveaux venus servir la République, plutôt que l'écurie d'un champion.En attendant, deux partis sortis vainqueurs des urnes, hier, réclament le contrôle des flux migratoires, l'un au plan national, l'autre au niveau cantonal. Ils exigent, depuis tant d'années, la préférence aux nôtres, plutôt que la pâmoison de la gauche caviar devant l'altérité. Il va s'agir, cette fois, de les écouter.Que les médias, les commentateurs, tous ceux qui n'en peuvent plus de trottiner derrière la mode, continuent, si ça les chante, à nous fredonner la petite chanson de la gauche sociétale. Pour cinq ans, le ton du réel sera tout autre. Conservateur, patriote, inventif, populaire, joyeux. Bref, tout, sauf les marques de fabrique de la gauche. Excellente législature à tous !Pascal Décaillet -
Vent nouveau
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 29.03.23
Ce dimanche 2 avril, les dés seront jetés. Nous connaîtrons la composition du Grand Conseil. Pour le Conseil d’Etat, il faudra attendre le 30 avril, pour le deuxième tour. J’ai fréquenté de très près les candidats au Grand Conseil (pas les sept cents, bien sûr !), et le premier sentiment qui s’impose est l’admiration. On a beau dire, il faut avoir du coffre pour se lancer, arpenter les trottoirs, guetter le passant dans des stands, ou pire aller sonner à la porte des gens.
Le but d’une élection, c’est d’apporter un vent nouveau, sinon c’est l’éternelle reconduction des vieux briscards, façon Troisième République française, où certains blanchissaient des décennies sous le harnais, au Palais-Bourbon. Eh bien cette année, à Genève, cette fenêtre ouverte a fonctionné. De nouveaux partis, ou même de simples mouvements, mettant en avant les citoyennes et citoyens, la démocratie participative, l’intelligence collective venue d’en bas, ont pu s’exprimer. Pour la part qui m’était échue, j’y ai veillé.
Atteindre le quorum leur sera très difficile. A 7%, ce dernier est trop élevé. La moyenne des cantons suisses, c’est 5%, la Berne fédérale aussi, ça suffit largement, car 7% c’est une prime aux partis dominants, et finalement une obédience aux puissants. La démocratie a besoin de coups de sac, l’arrivée du MCG en 2005 avait, à cet égard, été salutaire. Une dernière fois, courage à tous les sept-cents pour la dernière ligne droite. Et reconnaissance à l’équipe sortante, qui a dû gérer une législature atrocement difficile.
Pascal Décaillet